Neel dut prendre sur lui et contrôler tout son être pour ne pas faire une tête étrange. Entre la panique et l'angoisse sans doute. Il aurait préféré cent fois partir sur une discussion houleuse et malaisante à propos de leurs parents... que ça. Parce qu'il ne se voyait pas expliquer à sa jeune sœur que, non, elle ne pouvait pas parce que... d'un, il n'avait pas vraiment de vrai « chez lui », et que de deux... ce qui lui servait actuellement de logement était un appartement dans un bâtiment qui servait de repère à la team Rocket. Autant Neel avait trouvé son équilibre dans l'organisation criminelle, autant il devait bien admettre que ça rendait ses relations avec sa cadette plutôt délicates.
Ok. Ne pas s'affoler. Rester calme. Il avait déjà préparé ce scénario des centaines de fois dans sa tête.
- Ça sera compliqué. Je bouge tout le temps, je n'ai pas vraiment de lieu de vie fixe.
Changer le sujet l'air de rien.
- Et puis j'aimerai voir si on s'occupe correctement de toi.
La faire fuir le sujet en se rapprochant du thème familial délicat. Peut-être devrait-il revoir l'organisation de la team ? Non, c'était ridicule de faire ça pour un problème personnel... Mais il fallait avouer qu'à Kanto par exemple, ceux qui le désiraient avaient leur propre logement et allaient au QG pour travailler. Mais ça, c'était aussi parce que la zone était plus grande et qu'ils n'étaient pas encore complètement implantés à Alera. Et ce n'était pas comme si Neel avait envie de moisir ici. Une fois la zone sous contrôle, il laisserait un sergent pas trop stupide pour géré tout ça et il se tirerait pour Unys. Enfin. Il fallait aussi prendre en compte Rafaël maintenant. Et Romane aussi, puisqu'elle était ici. Il ne fallait pas qu'elle se mette en danger bêtement. C'était compliqué. Vincent soupira intérieurement, parfois se demandant si aller en fac d'art comme il y avait pensé plus jeune n'aurait pas été plus simple.... même si ça n'aurait pas rapporté d'argent pour la maison.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
Rune, l’Aquali, inclina légèrement la tête. De là où il était, assis aux pieds de la rouquine, il avait clairement vu les jambes de Neel se crisper, de même qu’il ressentait le soudain malaise dans son corps. Il secoua une oreille, un instant dérangé. Romane, une fourchette plantée au milieu de son assiette, remuait le contenu négligemment, elle-même occupée à contrôler les fourmillements dans son corps.
« Ça sera compliqué. Je bouge tout le temps, je n'ai pas vraiment de lieu de vie fixe. »
Elle leva les yeux vers lui, étonnée.
- Ah…
À vrai dire, elle n’était pas tellement surprise. Vincent était parti de la maison très jeune et n’avait eu de cesse de bouger après ça, se contentant d’une vie nomade remplie de petits boulots en tout genre, tout avait été bon à prendre pour fuir la maison. Etait-il toujours ainsi, dix ans plus tard ? Romane l’observait avec peine, la fourchette immobilisée en l’air.
« Et puis j'aimerai voir si on s'occupe correctement de toi. »
Les pieds dans le plat, à nouveau en plein coeur du sujet houleux. Romane laissa retomber sa fourchette et l’abandonna après une seule bouchée, le visage se fermant quelque peu. Son corps s’était crispé à nouveau, ses jambes s’agitaient sous la table. Rune vint coller sa tête fraiche contre sa cuisse nue, pour la reprendre et lui apporter du réconfort.
La jeune femme, électrique de nature, n’était guère patiente. Et avait autant que son frère du mal à se contrôler. Si bien qu’elle se leva d’un coup, ne tenant plus à table. Elle commença à faire les cent pas dans la petite pièce, nerveuse, suivie de son Aquali qui gémissait faiblement pour l’apaiser.
- Non. Tu ne peux pas dire ça.
Elle serra les poings puis se planta devant la table, face à son frère, sourcils froncés.
- Vincent, tes problèmes ne sont pas les miens. Tu ne peux pas dire qu’elle ne s’occupe pas bien de moi. C'est faux.
Vincent N. Rey
POKÉBALL LANCÉES : 378 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 15/06/2014
Vincent leva les yeux sur sa sœur pour la voir brusquement s'agiter. Terrain glissant et délicat. Il le savait. Ça n'allait pas être une discussion agréable, mais au moins ils ne parlaient plus de lui. Il la vit se lever et faire nerveusement le tour de la pièce. Décidément, ne pas savoir gérer son agacement était de famille. Ou alors ils avaient tous ça en commun car leur famille avait un problème. Sans doute que c'était plus ça. Mais en soit, bien que ça ne soit pas une solution, la façon de se défouler de Romane était bien plus saine que celle de son frère. Courir et faire du sport était mieux que faire la bagarre. Et encore... il fallait voir leur cousin qui était un cas désespéré, pensa brièvement Neel.
Ouais. Les emmerdes étaient de famille.
- Non. Tu ne peux pas dire ça. Vincent, tes problèmes ne sont pas les miens. Tu ne peux pas dire qu’elle ne s’occupe pas bien de moi. C'est faux.
- Peut-être que c'est le cas maintenant, fit Vincent. Mais ça n'efface pas avant.
Avant. Quand leurs parents étaient tout juste bons à être absents ou incompétents. Neel, du haut de ses onze heures, avait alors pris la responsabilité de sa toute jeune sœur et de la maison. Qu'il soit négligé, il le compensait avec l'amitié que lui apportait son petit furaiglon. Mais hors de question qu'il en soit de même pour sa sœur. Il avait tout tenu à bout de bras, ne l'aidant certainement pas à être moins renfermé, et n'avait quitté définitivement la maison qu'une fois l'assurance que Romane était indépendante et en sécurité. Après ça, si il avait gardé contact avec elle, il avait complètement coupé les ponts avec sa mère. Alors sans doute que oui, leur mère avait du essayer. Faire des efforts pour s'améliorer. La présence d'un mari négligeant en moins avait du la soulager et tout n'avait pas du être facile pour elle. En tant qu'adulte, Neel pouvait comprendre. Mais il ne pouvait pas pardonner d'avoir laisser toute cette charge sur de si jeunes enfants.
- Assis-toi, fit-il alors. Tu dois éviter de trop bouger encore.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
Sujet: Re: Evening thunderstorm ϟ [PV Varro + Neel + éclosion] Mar 7 Mai - 10:52
Evening thunderstorm ϟ
Romane & Neel __________________
« Peut-être que c'est le cas maintenant. Mais ça n'efface pas avant. »
Avant. Pour les peu de fois où ils se voyaient, Vincent n’avait que ce mot-là à la bouche. Avant. Oui, ils avaient soufferts. Oui, ils avaient été abandonnés par un père qui ne se consacrait qu’à sa carrière, qu’à sa popularité. Oui, leur mère avait été effondrée, elle avait cherché à remonter la pente et pour cela, elle avait dû se consacrer moins à leurs enfants. Oui, Vincent avait dû prendre la maison en main. Romane était trop jeune, à l’époque. Les souvenirs étaient plus flous dans sa mémoire que ceux de Vincent, elle supposait. Mais elle n’avait pas été malheureuse. Elle n’avait pas souffert. Lorsque Vincent avait quitté la maison, là, elle avait senti la douleur de l’abandon. De plein fouet. Mais cela avait eu le mérite de rapprocher la mère et la fille, considérablement. Romane, à son tour, s’était raccrochée à ce qui lui restait. Il ne restait qu’elles.
Agacée, énervée, Romane recommença à faire les cent pas. Rune avait finit par s’asseoir sur le sol et la regardait faire, sa longue queue s’agitant légèrement.
« Assis-toi. Tu dois éviter de trop bouger encore. »
Electrique, la rouquine réagit au quart de tour.
- Ne me dis pas ce que je dois faire, siffla-t-elle aussitôt, mordante.
Elle serra les poings et se massa brusquement la figure, ne fut pas loin de s’arracher les cheveux. Non, ce n’était pas ce qu’elle voulait dire. Elle ne voulait pas être blessante, ni s’énerver. Mais après tant de silence, après tant de distance et de sentiments refoulés, la colère explosait enfin. Et Romane ne saurait la retenir davantage.
La jeune femme se tourna encore face à lui. Ses yeux d’un brun presque rouge étaient emplis de colère, de tristesse. Elle lui en voulait ; elle ne pouvait pas se le cacher plus longtemps.
- Maman s’est très bien occupée de moi. Je n’ai pas été malheureuse et je n’ai manqué de rien. Je sais que tu nous envoyais de l’argent, et que c’est grâce à ça que j’ai pu entrer dans mon école. Je sais que tu nous aidais, lorsque les fins de mois étaient difficiles. Mais tu crois que ça lui faisait plaisir d’utiliser l’argent envoyé par son fils, comme si ce virement n’était pas si froid, si teinté de colère ? Qu’elle en profitait ? Moi, je l’ai vu hésité, je l’ai vu pleurer. Je l’ai vu essayer de t’appeler. (Elle serra les poings.) C’est pour ça que je suis partie travailler à quinze ans. Pour la soutenir. Pour ne plus dépendre de personne.
Son regard se fit noir, moralisateur.
- Tu es parti, Vincent. Comment aurais-tu pu savoir comment on me traitait ?
Vincent N. Rey
POKÉBALL LANCÉES : 378 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 15/06/2014
Sujet: Re: Evening thunderstorm ϟ [PV Varro + Neel + éclosion] Sam 11 Mai - 14:02
Neel le sentit venir avant même que Romane n'ouvre la bouche. Il la vit s'agiter de plus en plus, se crisper, les couleurs de son visage s'intensifier, et la colère monter dans ses yeux. Un très bref instant, il reconnut son propre regard. Cela lui fit peut-être plus mal que la tempête qu'il savait arriver. Ce n'était pas quelque chose qu'il voulait voir sur sa sœur, c'était quelque dont il aurait voulu la préserver.
Avant même qu'elle ne parle, il savait déjà ce qu'elle allait dire. Il savait qu'il avait merdé avec elle.
Les mots sortirent, vifs comme de la pluie, tranchant comme des lames de rasoir, visant là où ça faisait mal. Neel ne bougea pas, crispé, encaissant silencieusement ce qui était amplement mérité. Il serra le poing, la suivant du regard alors qu'elle s'agitait en finissant sa tirade.
- Tu es parti, Vincent. Comment aurais-tu pu savoir comment on me traitait ?
Il y eut quelques secondes de silence, le temps de finir d'encaisser, le temps de trouver les mots.
- Tu as raison, fit-il alors en la regardant dans les yeux. J'ai merdé. J'aurais du faire les choses différemment.
Avec sa mère ? Non. Il n'aurait sans doute rien fait différemment. Il n'avait pas envie de se réconcilier avec elle ou de lui pardonner quoique ce soit. Il ne la voulait plus dans sa vie. Mais Romane ? Il aurait dû faire mieux. Il aurait dû être davantage présent pour elle. Plus honnête, peut-être aussi. A trop vouloir la protéger, il avait reproduit le même schéma de son père. Mais il avait été trop jeune à l'époque, trop vite lâché avec des responsabilités d'adulte alors qu'il n'avait pas fini de grandir. Il n'avait eu personne pour l'aider, alors il s'était engouffré dans les mauvais chemins en étant persuadé que c'était les bons. Et c'était peut-être bien la première qu'il reconnaissait ouvertement ses torts devant sa sœur.
- Je voulais que tu ais une bonne vie. Mais je n'ai pas toujours fait les bons choix pour ça. J'en suis vraiment désolé. J'aurai dû être davantage présent pour toi.
Il hésita. Que dire... Il avait quitté la maison pour fuir sa mère, mais n'avait pas pu y retourner pour d'autres raisons. Il ne voulait pas blesser davantage Romane, mais il ne pouvait pas non plus dire la vérité. Qu'il était rentré dans la team. Qu'il avait fait des choses trop affreuses pour les raconter. Qu'il était devenu un sombre connard. Qu'il ne pouvait plus la voir car il aurait amené du danger avec lui.
- Je voulais juste que tu sois bien.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
Sujet: Re: Evening thunderstorm ϟ [PV Varro + Neel + éclosion] Sam 11 Mai - 15:36
Evening thunderstorm ϟ
Romane & Neel __________________
Le silence de la chambre était glacial, oppressant. Rune n’osait plus faire aucun bruit. Quant à Romane, elle tremblait, de faiblesse et de rage contenue, de l’angoisse de perdre son frère, autant que de colère à son égard. Mais elle vit aussi le visage de son frère changer, se renfermer, son regard se voiler. Il avait mal, elle lui avait fait mal. Soudainement, Romane s’en voulut. Sa colère baissa d’un cran.
« Tu as raison. J’ai merdé. J'aurais du faire les choses différemment. »
L’apprentie Ranger ouvrit la bouche, hésita. Elle était partagée entre plusieurs sentiments : grand bien lui fasse qu’elle avait raison, ça, elle le savait déjà ! Ce n’était pas ça qui allait changer les choses. Mais à côté… voir son grand frère ainsi lui faisait mal. Elle savait que tout n’était pas tout noir ou tout blanc. Que comme sa mère, comme son père, il avait dû faire au mieux pour survivre. Comme elle.
« Je voulais que tu ais une bonne vie. Mais je n'ai pas toujours fait les bons choix pour ça. J'en suis vraiment désolé. J'aurai dû être davantage présent pour toi. »
La rouquine piqua du nez. Que pouvait-elle lui reprocher encore ? Le sentiment d’abandon était là, comme une marque brûlante sur son coeur. Indélébile. Ses poings tremblèrent. Durant des années, elle avait cherché à conserver le lien avec Neel. Elle avait toujours eu à faire à un courant d’air, fuyant, jamais présent très longtemps, que ce soit au téléphone ou en face à face. Ca, pour envoyer de l’argent, il y en avait bizarrement à la pelle. Mais qu’en était-il du frère intéressé, protecteur, présent ? Neel s’était sauvé pour se protéger. A cela, Romane n'en retenait que la douleur de l'abandon.
« Je voulais juste que tu sois bien. »
Ces derniers mots l'achevèrent. La colère s’évacua d’un seul coup, remplacée par une chape de plomb sur ses épaules et dans l’estomac. Romane se vouta, délia les poings. Son regard resta posé sur ses pieds, elle n'osait plus le regarder. Doucement, elle cacha son visage d’une main. Ses épaules tremblaient. Les vannes s’ouvraient sans qu’elle ne puisse les retenir.
- Tu m’as abandonnée... Lâcha-t-elle en reniflant. Tu m’as laissé toute seule. Je suis ta soeur et tu m’as laissé tomber !
Les larmes coulèrent toutes seules ; la journaliste sanglota. Il fallait que ça sorte, ça avait été retenu trop longtemps.
Vincent N. Rey
POKÉBALL LANCÉES : 378 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 15/06/2014
Sujet: Re: Evening thunderstorm ϟ [PV Varro + Neel + éclosion] Sam 11 Mai - 16:22
Neel écarquilla les yeux en la voyant soudainement trembler, ses épaules s'abaisser, avant qu'elle ne s'effondre brusquement en larmes.
- Tu m’as abandonnée... Tu m’as laissé toute seule. Je suis ta sœur et tu m’as laissé tomber !
Il se redressa d'un bon, faisant tomber sa chaise, et franchit la distance les séparant d'un pas décidé. Il ne réfléchit pas, agit mécaniquement. Vincent referma ses bras sur elle et l'attira contre lui.
- Pardon, souffla-t-il, fermant les yeux. Je n'ai jamais voulu t'abandonner. J-
Sa voix se brisa un peu.
- Je suis désolé. Je pensais à toi chaque jour, tu as toujours été ma priorité. Mais, je...
Lui, le fier lieutenant de team, faisant face à tous les dangers, perdait à présent complètement ses moyens tant la culpabilité l'envahissait, tant il se sentait impuissant et responsable face à toute la détresse de sa sœur. Il était incapable de rester de marbre devant elle. Peu importe à quel point sa carapace était épaisse et robuste, Romane la faisait voler en éclat en un regard.
- Je n'ai pas fait que des bons choix dans ma vie, souffla-t-il dans un demi aveux. Je ne pouvais pas revenir... Je suis désolé.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
Sujet: Re: Evening thunderstorm ϟ [PV Varro + Neel + éclosion] Sam 22 Juin - 21:14
Evening thunderstorm ϟ
Romane & Neel __________________
Les mots étaient sortis ; Romane était délivrée. Elle n’avait plus à faire semblant que tout allait bien, afficher en contenu de grands sourires lorsque le frère et la soeur se croisaient - souvent par hasard. Elle n'avait plus à dire que tout allait bien à la maison, qu’il manquait à sa mère, pour ne pas dire qu’il lui manquait énormément, à elle. Qu’elle était heureuse pour lui, que son travail le passionne autant. Que c'était l'excuse de ses déplacements fréquents. Qu’il était temps de se quitter mais qu’ils se reverraient bientôt, sûrement. Et puis, elle n’avait plus à courir, courir et encore courir juste après, pour évacuer toute sa rage, toute sa colère, toute sa tristesse qu’elle retenait tout au fond d’elle, tant elle n’osait rien lui dire.
Les mots étaient sortis ; Neel savait, maintenant. Il savait combien elle lui voulait de l’avoir abandonné, combien elle était triste, en manque de lui. Combien ça avait été dur de voir partir son père, puis son frère. Comment elle avait dû épauler sa mère, malheureuse comme les pierres, portant sur elle un poids terrible : la pensée d’avoir fait fuir la moitié de sa famille, comme si c’était de sa faute. Alors, très tôt, Romane avait appris à faire le pitre. A être parfaite, à être partout. Et surtout, à seconder sa mère en permanence, tout en lui promettant de ne jamais l’abandonner. Neel ne savait pas combien ça avait été difficile d’envisager des études supérieures. Leur mère avait eu tellement peur qu’elle ne s’éloigne, alors elle l’avait suivie. La mère et la fille était très liées, c’était certain, mais Romane se sentait étouffée à l’extrême. Elle s’était toujours oubliée pour ne penser qu’à leur mère. Pour l’aider à surmonter son chagrin.
Un bruit soudain la fit sursauter, elle releva la tête, les yeux embués de larmes. L’obscurité la couvrit, Vincent venait de l’enlacer brusquement. Une étreinte puissante qui hurlait de lui demander pardon. Le rouquin brisait sa carapace à son tour.
« Pardon. Je n'ai jamais voulu t'abandonner. J- Je suis désolé. Je pensais à toi chaque jour, tu as toujours été ma priorité. »
Les pleurs de Romane redoublèrent, elle s’accrocha à lui avec force. Son contact était si rare. Vincent avait toujours été comme un fantôme, hors d’atteinte.
« Je n'ai pas fait que des bons choix dans ma vie. Je ne pouvais pas revenir... Je suis désolé. »
Romane se contracta. Les mots de son frère réveillèrent une pensée enfouie au fond d’elle, une crainte, un doute qu’elle avait eu il y a de cela plusieurs semaines. Malgré elle, elle le revit, dans un quartier moins fréquenté de Mell. Avec ces hommes en uniformes, le R brodé sur leur poitrine. Toujours contre Vincent, la rouquine ferma les yeux, inspira pour trouver le courage de prononcer l’impensable.
- … tu ne vends pas des assurances, n’est-ce pas ?
Pour une fois, sa voix n’était qu’un souffle. Elle craignait la réponse, tout en la connaissant déjà.
Vincent N. Rey
POKÉBALL LANCÉES : 378 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 15/06/2014
Neel se crispa, inspira. Il serra sa sœur contre lui, caressa son dos, comme pour ne pas oublier la sensation. Parce que c'était là, c'était le moment. Il ne pouvait plus mentir. C'était quitte ou double maintenant. Soit Romane le pardonnait, soit il la perdait pour toujours. Il avait peur, mais il ne pouvait pas fuir encore une fois devant elle. Un mensonge reviendrait à la perdre pour sûr, elle le verrait tout de suite, il le savait. Il n'avait pas d'autre choix que dire la vérité.
- Non, avoua-t-il enfin. Je suis désolé.
Il inspira, une boule au ventre qui lui donnait envie de vomir. Rarement Vincent s'était senti aussi désemparé. Désarmé. Il n'avait pas de plan, pas de solution de secours. Il misait tout et la probabilité de tout perdre était haute.
- Je.... Je suis lieutenant dans la team rocket.
La bombe était lâchée. Et maintenant, comment Romane allait-elle réagir ? Il avait peur, très peur.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
L’attente était là, la vérité proche. Le corps de Romane se dissociait de son âme, le coeur et la raison divorçaient.
L’envie de savoir. La peur de connaître.
Le premier mot.
« Non. »
Dans une profonde inspiration, Romane ferma les yeux. Agrippa davantage le t-shirt de son frère, à l’en faire mal - à s’en faire mal. Elle voulait savoir. Ne le voulait pas. Elle le savait. Refusait de le voir.
« Je… »
Tout son corps, son être se crispa au possible. Sa poigne devint violente, et les mots tournaient dans sa tête. Non, non. Ne me dis rien. Ne le dis pas. Je le sais mais je refuse de le voir. Tu ne peux pas être ça. Le Vincent que je connais n’est pas celui-là. Tu n’es pas…
« Je suis lieutenant dans la team Rocket. »
Le silence qui suivit cette révélation fut coupé d’un sanglot étouffé, comme une inspiration brisée, le son du choc, le bruit de la douleur. Comme une vanne ouverte, les larmes dégringolèrent brusquement le long des joues de Romane. Avec ces mots, ce furent des images qui envahirent Romane. Des mois et des années d'articles de journaux, de gros titres, d'éditions télévisées. Des accidents, des vols, des meurtres et toujours, toujours cette grosse lettre rouge, ce "R" tellement significatif, qu'elle avait aperçu aux côtés de son frère, qu'elle associait maintenant à lui, brodé sur sa poitrine, accroché à ses épaules, précédent son nom. Lieutenant Rocket, avait-il dit. Il ne pouvait plus être innocent. Il était complice. Coupable. Mais cela, elle le savait déjà, au fond d’elle. A présent, plus de raison de se le cacher.
En cet instant, son frère le décevait tellement, que la griffure fut profonde. Romane suffoqua. Doucement, elle relâcha la pression sur son vêtement. Comme abattue.
- De tout ce que tu aurais pu devenir… souffla sa voix après de longues secondes. Pourquoi as-tu choisi cela ?
Pourquoi es-tu ça ?
Vincent N. Rey
POKÉBALL LANCÉES : 378 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 15/06/2014
Neel déglutit. Il sentait Romane devenir une boule de stress contre lui. Se crisper, l’agrippant jusqu'à lui faire mal. Mais ne dit rien. Ne bougea pas.
La vérité tomba, lourde, écrasante. Il sentit Romane défaillir.
Il ferma les yeux.
… plus dure sera la chute.
- De tout ce que tu aurais pu devenir… Pourquoi as-tu choisi cela ?
Pourquoi ? C'était une bien bonne question. Pourquoi. Parce que ça avait la première chose à venir sur son chemin, à lui montrer un semblant d'avenir à lui, le gamin en colère qui n'avait rien. Et après, il n'y avait pas eu de regret ou de questionnement à avoir. Quand on entrait dans la team, on y restait. Il n'y avait plus qu'à avancer sans se poser trop de question.
- C'était facile, souffla-t-il. A l'époque. Ça semblait simple. La meilleure option. Après, le chemin était tout tracé.
Et Neel n'allait pas mentir... il n'allait pas chercher d'excuses. Oui, il aurait peut-être pu avoir un peu plus de jugeote à l'époque, dire non et trouver une autre voix. Mais il était dans un confort à présent. Peu importe que ça soit légal ou pas. Il avait des responsabilités, du pouvoir, personne ne venait l'emmerder pour des conneries.
Il aimait ça. Il ne l'avait pas fait pour l'agent facile que ça apporterait à sa famille. Pour payer les études de Romane et lui offrir un confort de vie -c'était juste du bonus ça-. Ça aurait pu être une bonne excuse, expliquant qu'il s'était engagé dans une mauvaise voix mais pour une bonne cause. Mais non. Ce n'était pas vrai. Il l'avait fait pour lui avant tout.
Sans doute aurait-il aimé une autre position de pouvoir dans un organisme honnête. Mais c'était dans la team qu'il avait grandi. Qu'il s'était forgé. Et il aimait ce qu'il avait, aussi futile cela puisse être. Il aimait le pouvoir. Ce n'était pas quelque chose de facile à lâcher. Et sans doute que sans Rafaël ou Romane dans sa vie, pas une seule fois il ne questionnerait ses choix.
Il rouvrit les yeux.
- Je suis désolé de ne pas être comme tu le voudrais.
Mais il n'était pas désolé de ce qu'il était. Il aurait mal. Il le savait. Peut-être même que Romane ne voudrait plus jamais le voir. Mais il était loin d'être prêt à abandonner tout ce qu'il avait.
Peut-être un jour. Peut-être plus tard. Quand la douleur serait trop grande. Quand le choix deviendrait impossible. Peut-être claquerait-il alors la porte, quitte à devenir une cible pour la team -il savait trop de choses pour partir en vie-. Mais pas tout de suite. Il était trop têtu, obstiné, peut-être idiot, et même effrayé, pour changer de voix.
Romane E. Stilinski
REGION : Hoenn - Alera POKÉBALL LANCÉES : 243 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 13/11/2014
La douleur était une brûlure, qui se répandait dans tout son corps comme un incendie incontrôlable.
« C'était facile, souffla-t-il. A l'époque. Ça semblait simple. La meilleure option. Après, le chemin était tout tracé. »
Aucune culpabilité, dans ses mots. Son frère lui expliquait simplement un fait, comme on parlerait de la météo, comme un raconterait un souvenir, une anecdote. C’était peut-être bien le cas, pour lui. C’était son quotidien. La douleur fut telle, le rejet fut si grand que brusquement, le poing de Romane s’écrasa sur la table de nuit, à portée de son bras. Le réveil chuta dans un bruit de casse, la douleur dans son poing fut matérielle, concrète, et cela apaisa un peu celle qu’elle ressentait dans son coeur.
- Ne dis pas ça comme ça !
Pas avec ces yeux-là, pas avec cette expression-là. Pas sans aucun regret dans ta voix, pensa-t-elle douloureusement.
En cet instant, c’était toute l’image bienveillante qui entourait son frère qui s’effondrait. C’était des années d’attente qu’elle comprenait mieux. C'était un serpent vicieux sifflant à son oreille : il faisait ça, au lieu de venir me voir. C’était une vérité fracassante, absolument abjecte, que Romane rejetait de tout son être.
« Je suis désolé, de ne pas être comme tu le voudrais. »
Romane leva les yeux vers lui, les ancra dans les siens. Ses iris d’un brun presque rouge renvoyaient une colère sourde, un dégoût concret, des sentiments si odieux qu’elle ne pouvait les nommer, qu’elle ne devrait pas ressentir, pour lui son frère qui lui était si cher. Mais en cet instant, elle le détestait si fort qu’elle ne pouvait le voir sans avoir envie de le fracasser à coups de poing. Elle était comme lui. Le coup partit alors, tout seul. Fort. Irraisonné. Elle le frappa avec toute la force de sa colère, si puissante que Rune cria de surprise et lâcha quelques bulles d’écume involontaires. Jamais il n’avait vu sa dresseuse ainsi. Ce n’était plus elle.
- Sors ! Cria alors Romane. Sors et va-t-en ! Dégage de là !
Elle était presque hystérique, les yeux brillants de rage, le teint rouge, les joues maculées de larmes. La douleur était trop forte et elle ne pouvait plus lutter contre. Evidemment, que Neel pouvait la maîtriser aisément, s'il le souhaitait : elle faisait bien la moitié de son poids et n’avait pas ses muscles. Cela ne l’effleurait même pas. En cet instant, il fallait seulement que l’objet de sa colère disparaisse, pour l’apaiser.