Si t'es prête à prendre quelques risques, allons-y [solo & combat]
Auteur
Message
Rafaël B. Roen
REGION : Hoenn POKÉBALL LANCÉES : 1020 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 10/06/2014
Sujet: Si t'es prête à prendre quelques risques, allons-y [solo & combat] Dim 25 Mar - 12:43
Je garde un œil sur toi Et même si tu crois que c'est faux Je garde un œil sur toi Tu es différente des autres Surtout ne t'inquiète pas
D'ici je surveille ton dos Mais tout ça je n'te le dis pas
Aime moi demain Aime moi demain
Crédit image : You Shimizu sur Zerochan
Si t'es prête à prendre quelques risques, allons-y.
« Tu veux partir ? »
Trois mois que cette phrase, prononcée durant une nuit orageuse, tournait en boucle dans sa tête. Trois mois qu’elle n’avait pas donné de réponse. Pourquoi, d’ailleurs ? Autrefois, la réponse lui aurait semblé si évidente. Très souvent, Rafaël y repensait. Chaque détail de cette horrible nuit lui apparaissait distinctement : le désespoir de Goupix, l’orpheline de Crimson, exprimé dans un cri de douleur. Ses propres sanglots, l’impuissance qui lui serrait la gorge. La présence, l’étreinte de Neel et son visage, si proche du sien, emplit de douceur.
En une nuit, toutes ses convictions avaient basculées. Combien de fois avait-elle fui la Team Rocket ? Combien de fois avait-elle pleuré, retrouvée par ses pairs ? Et maintenant qu’on lui offrait la liberté sur un plateau d’argent, elle doutait ? Etait-elle trop échaudée pour se précipiter vers la sortie sans craindre de représailles ? Sincèrement, oui. Neel était lieutenant, mais il n’était pas le seul. Rafaël avait fait ses débuts sous le commandement de ce barjo d’Amos, et elle savait déjà qu’il la retrouverait un jour, lorsqu’il se sera lassé de ses nouveaux jouets. Lorsqu’il repensera à elle. Et puis… il y avait Neel. Leur rencontre avait bien mal commencée, quand elle y repensait. La gitane ne saurait expliquer la différence dans leur comportement aujourd’hui – le temps, peut-être ? Le temps qui avait fait baisser leur garde, avec beaucoup de mal pour l’une comme pour l’autre. Le temps qui les avait rapproché, l’espace d’un marché nocturne. Le temps qui avait rapproché leurs lèvres, puis leurs cœurs.
« Tu veux partir ? »
Les mots lui manquaient.
Après l’incendie, de nombreuses choses avaient changées sur l’île d’Alera. Il avait fallu attendre trois bonnes semaines pour que la Team Rocket ne trouve un nouveau QG dans la capitale. Neel et ses supérieurs avaient hésité quelques jours à venir se placer sur la nouvelle île de Rivéole, qui promettait des ressources très intéressantes avec la tour Safarivéole. Mais Mell était bien plus grande – et donc plus aisé de se cacher ici – et offrait tout autant d’attraits, dont le casino. Alors, les Rockets s’étaient installés dans un grand bâtiment en périphérie de Mell, et un groupe avait été envoyé sur Rivéole, premièrement pour enquêter en se faisant passer pour de simples touristes.
Quant à Rafaël, elle devait reconnaître que Neel la privilégiait, lui laissant ainsi tout le temps de se remettre des derniers événements. La brune avait clairement droit à des traitements de faveurs, comme une chambre seule, peu de missions – ou très basiques, comme partir en repérage dans des lieux ressemblant davantage à des endroits de promenade, prendre des notes ou faire quelques courses – et très très peu de réunions collectives. À vrai dire, elle voyait peu les autres membres de la Team, et cela lui convenait comme ça. Le bizutage semblait terminé. Et (presque) seule avec elle-même, la jeune femme avait tout le temps de réfléchir.
Le village de Roza n’était plus très loin, on le voyait déjà se dessiner à l’horizon. Dans les herbes hautes, une tâche rousse sautillait de temps à autre. Préférant le chemin terreux, Thane le Sablaireau s’arrêtait quelques fois pour déterrer un caillou avec ses griffes puissantes, puis le retournait entre ses pattes pour l’analyser un instant avant de l’abandonner, comme s’il ne lui convenait pas. Marchant derrière eux, Rafaël s’occupait de le pousser du pied sur le côté, afin qu’il ne gêne pas la circulation. Le ciel était légèrement gris aujourd’hui, malgré tout le soleil réussissait à percer et quelques fois, un rayon de lumière éclairait son visage rosé. Elle avait retrouvé quelques couleurs, à force de sortir, de s’aérer. Les cheveux autrefois longs de la gitane étaient désormais coupés en un carré vague, au-dessus des épaules, dont les pointes ondulaient légèrement. Goupix ne lui avait pas laissé le choix que de les couper, depuis qu’elle lui en avait brûlé une partie, mais Rafaël ne lui en voulait pas. Au contraire, même, cela lui avait fait le plus grand bien, sans qu’elle ne réussisse encore à le comprendre. Un renouveau, peut-être ?
Comme toutes les semaines, la bande marchait vers Roza, tout droit vers la Maison Pokémon. C’était ici que la vie avait débuté pour la Goupix, avant que Crimson ne l’adopte. Lorsque cette dernière, avant de mourir, l’avait confié à Rafaël, elle lui avait demandé d’en prendre soin, de la garder avec elle. Mais la gitane sentait bien que la renarde n’était pas encore prête à lui faire confiance, et elle le comprenait. Elle avait perdu deux fois sa famille. Alors, de manière hebdomadaire, Rafaël l’emmenait à la Maison Pokémon. À chaque fois, elle espérait que la petite renarde fasse un choix, qu’il soit de retourner là-bas, ou de rester avec elle, peu lui importait désormais. Mais toujours, la renarde restait en retrait, observait de loin la maison et le jardin emplit de Pokémon orphelins, et jamais elle ne se décidait à entrer.
Aujourd’hui ne fut pas une exception. À quelques mètres de la maison, observant un Carapuce jouer avec un Ferosinge à cueillir des fleurs, et un Zebibron galoper de long en large en faisant fuir tous les Pokémon alentour, la petite renarde restait assise dans l’herbe, sa longue queue remuant de temps à autre avec agacement, comme si elle réfléchissait longuement sans réussir à prendre de choix. Une heure s’écoula ainsi. Debout derrière elle, Rafaël était silencieuse. Elle n’avait jamais voulu l’influencer dans son choix. Lorsque brusquement, la renarde se releva pour faire demi-tour, Rafaël la suivit du regard en ressentant comme un pincement au coeur. Elle leva les yeux vers la Pension Pokémon et aperçut la vieille dame à l’entrée de la maison, qui lui adressa un geste bienveillant de la main. Touchée par sa douceur, Rafaël esquissa un faible sourire, puis elle haussa brièvement les épaules et suivit la renarde dans les hautes herbes.
Dernière édition par Rafaël B. Roen le Dim 25 Mar - 12:51, édité 4 fois
Rafaël B. Roen
REGION : Hoenn POKÉBALL LANCÉES : 1020 A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 10/06/2014
Sujet: Re: Si t'es prête à prendre quelques risques, allons-y [solo & combat] Dim 25 Mar - 12:46
Je garde un œil sur toi Et même si tu crois que c'est faux Je garde un œil sur toi Tu es différente des autres Surtout ne t'inquiète pas
D'ici je surveille ton dos Mais tout ça je n'te le dis pas
Aime moi demain Aime moi demain
Crédit image : You Shimizu sur Zerochan
Si t'es prête à prendre quelques risques, allons-y.
L’histoire aurait pu se répéter éternellement, si le chemin du retour s’était fait comme toutes les autres fois. Mais soudainement, un rugissement fit trembler la plaine calme de Roza. Rafaël sursauta et redressa la tête, imitée par Thane qui était resté derrière elle. Ce son ne provenait assurément pas de la petite Goupix. Affolée et inquiète, la gitane se précipita pour rejoindre la renarde, qui avait pris de l’avance et l’avait semée tout à l’heure.
Elle aperçut le corps imposant du Tauros bien avant de voir la Goupix, recroquevillée devant ses sabots. Rafaël écarquilla les yeux, à la fois effrayée et sous le choc. Dans une geste désespéré, elle voulut attraper la Goupix pour fuir, mais fut devancée par un éclat brun. En une fraction de seconde, une boule hérissée de pointes s’était jetée en plein sur la tête du Tauros, heurtant celui-ci de plein fouet qui lâcha un mugissement de douleur. D’abord surprise, Rafaël revint à elle et attrapa fermement Goupix pour l’éloigner du danger. De peu, d’ailleurs, car le grand taureau venait de cabrer, et ses solides sabots venaient de fendre l’air pour s’écraser à l’endroit où se trouvait la renarde quelques secondes plus tôt. Thane était aussitôt remonté le long du corps du taureau pour s’accrocher, mais il fut éjecté par une ruade puissante, aussitôt suivie d’un coup de corne qui l’envoya s’écraser dans les hautes herbes bien plus loin.
- Thane ! Cria Rafaël, comme un cri de douleur.
La brune avait reculé dans les hautes herbes, paniquée et réfléchissant à toute allure, la renarde tenue fermement dans ses bras. Inutile de se le cacher, la gitane n’était pas une dresseuse. Elle ne l’avait jamais été. Onix, son Pokémon le plus puissant, était actuellement dans les montagnes d’Onnen, menant une vie quasi-sauvage, comme depuis toujours. L’Ectoplasma qui la suivait depuis plusieurs mois n’était visiblement pas là, autrement il aurait agi depuis le début pour la défendre. Goupix n’était pas son Pokémon, et était bien trop jeune pour combattre. Résultat, il ne lui restait plus que Thane, son premier et plus fidèle Pokémon, qui venait de se faire éjecter du combat. Il ne lui restait plus qu’une seule solution, la fuite. Mais lorsque Rafaël regarda dans les yeux le féroce Tauros, elle sut que cette option était perdue d’avance. Le Pokémon, l’air des plus furieux après son combat, la rattraperait en quelques secondes et ses coups de cornes lui seraient fatals. Ne lui restait alors que la négociation.
- Écoute… tenta-t-elle d’une voix apeurée. Nous ne voulions pas t’attaquer. Nous allons calmement poursuivre tous les deux notre chemin, d’accord ? Personne ne te veut du mal.
Mais l’erreur qu’elle commit à ce moment-là ne passa pas inaperçue. Tout en parlant, elle avait reculé d’un pas, par simple réflexe de survie. Rafaël n’en était pas consciente, mais le Tauros entendit très distinctement le son du sol qui crisse, le léger bruit de l’herbe qui se plie sous ses pas. Et tous ces vrombissements, portés à ses oreilles sensibles, ne suffirent qu’à l’énerver davantage. Il chargea. Au même moment, alors que Rafaël n’eut même pas le temps de se retourner pour fuir, le Goupix prit appui sur son abdomen et bondit de ses bras, pour se projeter sur la figure de la bête, toutes griffes dehors. Sous ses airs de renardeau, la colère qu’elle ressentait depuis des mois venait de prendre feu, venait de prendre vie en lui insufflant l’énergie et le courage nécessaire pour se jeter sur cette incarnation de la fureur.
- Q- Goupix !
Surpris, le Tauros se figea à quelques centimètres de la brune et cabra, aveuglé par la renarde qui s’était agrippée à sa figure, les griffes solidement plantées autour de sa gueule et près de ses yeux. Les sabots du taureau fendirent l’air, l’un deux percuta la brune à l’épaule qui tomba bêtement en arrière, complètement ahurie et sonnée par le combat qui lui faisait face. Le taureau, furieux, se débattait dans tous les sens. Rafaël eut le bon sens de rouler sur le côté puis de s’enfuir, sinon quoi elle se serait retrouvée piétinée par la bête qui hurlait à présent de douleur. En se redressant, Rafaël comprit pourquoi : de la fumée commençait à s’échapper du corps de Goupix, cette dernière faisant monter la température de son corps à son maximum en vue de brûler la pauvre taureau. Celui-ci, en désespoir de cause, ne réussissant pas à se défaire de cette boule de griffes et de feu, remuait dans tous les sens, sautait en l’air, hurlait. Le spectacle était horrible. Soudainement, et dans un dernier réflexe de survie, le pauvre ruminant galopa à toute allure vers l’arbre le plus proche pour s’écraser contre. Le choc ébranla toute la plaine, de nombreux Pokémon oiseaux et insectes s’envolèrent des arbres les plus proches.
Rafaël, alors complètement interdite, sous le choc de ce qui venait de se passer, sentit son cœur se contracter douloureusement. Goupix. Sous la violence du choc, que restait-il de la pauvre renarde qui venait de leur sauver la vie ? La gitane se précipita vers l’arbre déraciné par l’ardeur de l’action. Le pauvre Tauros était là, lourdement allongé sur le côté, assommé. Sa figure ensanglantée était couverte de traces de griffes et le corps de Goupix avait laissé une forme rouge sur son pelage brun, là où la renarde l’avait profondément brûlé. L’image faisait mal, mais à cet instant, Rafaël était plus occupée par le sort du Goupix que celui du Tauros. Le renard de feu était introuvable. Paniquée, Rafaël cria son nom à pleins poumons. Un léger crissement se fit entendre derrière elle. Elle se retourna vivement, mais ce fut pour apercevoir Thane qui revenait, l’air hébété, quelques écailles manquant sur son corps blessé. Écarquillant les yeux, la brune se précipita vers lui, venant s’enquérir de son état et de ses blessures. Il saignait, l’une des cornes du Tauros ayant percuté son dos et arraché quelques écailles. Mais celles-ci repoussaient vite, et la plaie semblait plus superficielle qu’inquiétante. Thane la rassura en se redressant du mieux possible. Il allait bien et pouvait encore en découdre. La brune jeta un regard inquiet autour d’elle.
- Goupix t’a imité, elle s’est jetée sur la figure du Tauros. Mais il s’est écrasé contre un arbre et je ne la trouve pas…
C’est alors qu’un faible gémissement se fit entendre derrière eux. Thane redressa ses grandes oreilles, alertant sa dresseuse qui suivit son regard. La belette se précipita vers le corps inanimé du grand taureau. Là, sous l’épaisse fourrure de son encolure, une petite patte beige essayait vainement de remuer. Goupix était là, écrasé sous la lourde masse du ruminant. Rafaël écarquilla les yeux et se jeta à genoux près de Thane.
- Oh, non !
Désespérée, elle plaqua les bras contre le ventre de la bête pour tenter de la faire rouler sur le côté, afin de faire sortir la pauvre Goupix qui devait être en train de suffoquer. Mais le taureau n’était qu’une charge de muscles de plusieurs centaines de kilos (non, pas 88) et la brune était bien loin d’avoir la force nécessaire pour cela. De plus, son épaule gauche la faisait énormément souffrir sous l’effort, et elle remarqua alors que son pull fin était gorgé de sang. Ses yeux s’embuèrent de larmes de désespoir. Non, non ! Elle s’écharnait à pousser vainement la carcasse pesante du ruminant, la vision floutée par les larmes, quand elle remarqua l’agitation de Thane à ses côtés. Que faisait-il ? Une volée de terre lui arrivant en pleine figure lui fit réaliser l’intelligence du geste de son Pokémon. Il creusait la terre ! Ayant réalisé qu’il ne pouvait pousser la bête, le Sablaireau avait commencé à creuser sous le corps du Tauros, à l’endroit où se tenait la patte de Goupix, afin de libérer le corps du renard par dessous. Même blessé, Thane agissait vite : ses griffes étaient plus puissantes que tout. En l’espace de quelques minutes, voire moins que ça, Rafaël put extirper le corps du Goupix. Celui-ci était mou, couvert d’égratignures, et ne bougeait presque plus. Un seul regard ambré, embrumé et vide, l’observa quelques secondes, puis la renarde ferma les yeux, inconsciente.
Au milieu des herbes sauvages de Roza, Rafaël courait vers le Centre Pokémon le plus proche.