L'un contre l'autre, Neel en était presque à retenir sa respiration. Il pouvait sentir les tremblements de la jeune femme, entendre les sanglots qu'elle n'arrivait plus à retenir, son corps si fébrile contre le sien. Une caresse sur sa peau, un frisson, presque une brûlure tant son cœur battait vite et faisait pulser le sang à toute allure dans ses veines. Puis les mots sortirent, comme un cris, une confession.

- Et tu es arrivé.

Une phrase laissée en suspens qui pouvait sembler manquer d'un complément d'objet, mais qui pourtant était bien lourde de sens. Neel plongea son regard dans le sien, y lisant les même peur et angoisse que lui. Alors peut-être bien pouvait-il s'accrocher, oser s'ouvrir.

- Rafaël, souffla-t-il en bougeant légèrement sa main, glissant ses doigts sur sa nuque, jouant nerveusement avec les mèches brune de la gitane. Je ne veux pas que tu partes.

Il fit une pause, pour se donner du courage. Le lieutenant de team pouvait faire face à tout. Il avait connu les pires situations, frôlé la mort bien souvent, l'avait parfois lui-même donné. Mais s'ouvrir aux autres, accepter le risque d'être blessé intimement, de se laisser toucher.... c'était un exercice bien difficile pour Vincent.

- Je me fiche de la team. Je ne veux juste pas... que tu partes loin de moi.

Ils restèrent un instant à se regarder sans un mot, s'accrochant l'un à l'autre comme à une bouée à la mer. Ils avaient déjà sauté, mais ne savait pas encore ce qui les attendaient en bas. Si ce n'était que blessure et déception, ou peut-être bel et bien un avenir. C'était un pari douloureux, mais bien trop important pour passer à côté. Et petit à petit, seuls dans cette chambre où les rangs, les histoires de team et autre n'existaient pas, ils s'ouvraient l'un à l'autre.

- Tout est tellement confus… Entre ce que je croyais, ce que je voulais croire, et... Je ne peux plus me mentir.

Neel la regarda, détailla son visage, passa sa main sur sa joue fraîche. Sa gorge était nouée, l'angoisse et la peur tiraient son ventre, mais il était près à voir ce qui l'attendait au fond. L'espoir était là, aussi faible soit-il.

- Rafaël, souffla-t-il doucement. Je-

Il s'approcha encore un peu plus d'elle, si toutefois c'était vraiment possible.

- Je t'aime.

C'était dit. C'était sorti. Un poids s'évapora des épaules de Neel. Ça le bouffait depuis des semaines, des mois, qu'il en soit conscient ou non. Ça le terrorisait de s'ouvrir, de laisser son cœur à découvert. Mais il ne pouvait pas garder ça plus longtemps. Pas après tout ça. Pas après tous ces regards, ces mots lourds de sens.

- Je t'aime, répéta-t-il, comme pour réaliser qu'il venait vraiment de le dire, pour le rendre plus réel.

Maintenant, ne restait plus qu'à espérer que la chute ne serait pas au rendez-vous, car désormais sans carapace, Vincent n'était pas sûr de se relever.

La flèche était partie, restait maintenant à attendre la réponse. Neel vit une foule d'émotion passer dans les yeux de la brune alors qu'elle tentait d'articuler quelques mots. L'émotion, la gêne ? Il ne savait pas trop. Mais les yeux de la brune parlait pour elle. Ils racontaient ce que ses lèvres n'arrivaient pas à formuler. Il le voyait, le sentait. Lui renvoyait la même chose.

Vincent se sentit alors comme poussé en avant. Comme si il avait une corde autour de la taille qui le tirait vers la brune. Alors il franchit les quelques centimètres les séparant encore et il l'embrassa.

Ce n'était pas un baiser volé, un de ce qu'on fait si vite qu'on croit les avoir rêvé. C'était un vrai baiser, fais avec la conscience du geste et de tout ce qu'il avait derrière. Et c'était... indescriptible. Tout se bousculait dans la tête du lieutenant, et même temps jamais il n'avait été aussi sûr de ses sentiments. Jamais il n'avait ressenti ça pour quelqu'un. Jamais il n'avait aimé au point que sa poitrine le brûle.

Il était bien incapable de dire quand ça avait commencé, depuis combien de temps se dévoraient-ils du regard. Mais il s'en foutait. Il n'y avait plus qu'eux deux qui importaient en cet instant. Il n'y avait que cet instant qui était important.

Après un long baiser, Neel relâcha les lèvres de la brunes. Il ferma les yeux, colla son front contre le sien, et caressa tendrement ses joues. Il reprenait autant son souffle qu'il reprenait contact avec la réalité.

Et maintenant ? Il ne savait pas. Pour la première fois, l'avenir était devenu bien flou.

L'un contre l'autre, perdus dans le temps, les deux adultes reprenaient doucement pied avec la réalité. Le poids de Rafaël contre lui, la pression de son propre corps se relâchant et lui faisant retrouver ses sensations... Il réalisait que la gitane perdait l'équilibre, que lui même avait mal aux épaules et aux reins à s'être crispé de stress tout le long de leur échange. Il posa alors ses mains sur les épaules de Rafaël.

- Hé, souffla-t-il. Rafaël ?

Elle semblait s'endormir. La pression descendant, la fatigue de la journée et de sa blessure devaient l'épuiser. Il eut un faible sourire. La pauvre cherchait à ne pas perdre pied. Il vint alors doucement l'attraper dans ses bras, la soulevant pour l'amener sur le lit.

- Tu devrais dormir. Tu as besoin de te reposer pour guérir.

Ils discuteraient plus tard du pourquoi et comment, des complications que ça allait engendrer sur leur vie à tous les deux avec la présence de la team. Pour l'heure, Neel ne voulait pas se prendre la tête. Il voulait juste profiter du moment, et surtout que Rafaël se repose. Elle avait été au delà de ses forces aujourd'hui, de bien des manières.
Il caressa sa joue.

- Je reste avec toi.