First impressions

On ne pouvait pas dire qu'Angelo passe une journée idéale.

Pourtant, toutes les conditions semblaient réunies, ce matin. Réveillé à l'aube par les habituels piaillements stridents de son Pijako, le marin était allé dissiper les rêves s'attachant encore à son esprit d'une tasse de thé avant de prendre la direction du port. Arrivé un peu en avance sur son horaire habituel, il avait commencé à mettre préparer son bateau au départ, toujours sans accrocs. La mer était calme, le ciel sans nuages, et son Couaneton pas trop dispersé, tout semblait bien parti.

Du moins, jusqu'à ce qu'il sorte Thétis pour la journée.

La Kravarech semblait d'une humeur massacrante, pour une raison qui échappait totalement à son dresseur. Il avait beau s'occuper d'elle depuis quelques années, le caractère du Pokémon était pour le moins capricieux et ses changements difficiles à prévoir. Encore plus à comprendre. Angelo n'avait pas honte d'admettre qu'il avait simplement fini par hausser les épaules et la laisser tranquille, l'expérience lui ayant appris qu'elle se calmait mieux quand on lui fichait la paix.



Aux trois-quarts immergée, elle le fixait de ses yeux rouges, presque menaçante. Il se contenta d'un sourire, de moins en moins impressionné par ses sautes d'humeur au fur et à mesure qu'il en était témoin. Leur première rencontre avait été terrifiante, Angelo ne prétendrait pas le contraire, mais maintenant elle le faisait juste sourire. Il secoua la tête et lui dit d'aller se balader au lieu de le regarder comme s'il l'avait personnellement offensée, retournant à ses préparatifs.

Si elle fit mine de souffler, Thétis n'essaya pas de l'intimider comme elle l'aurait fait avec un inconnu. Sans doute avait-elle appris depuis le temps qu'avec Angelo, c'était peine perdue. Ce dernier retourna organiser ses affaires, et il était prêt à partir lorsqu'un bruit sourd attira son attention. Dans un autre coin du port, il lui sembla voir les excroissances rouges et vertes de la tête de son Kravarech s'agiter, et il ne lui fallut qu'un instant pour prendre mesure de la situation.



Il était hélas trop tard pour limiter les dégâts, cela dit: la coque de bateau était déjà cabossée à son arrivée. Un peu plus loin, Thétis chassait un Goélise visiblement joueur en tentant de lui envoyer des coups de queue pour le faire partir. L'oiseau n'avait pas vraiment l'air de prendre mesure de la situation, et Angelo s'inquiéta un instant que son monstre commence à lancer de l'acide si ce manège durait trop.



Son Pijako ne se fit pas prier, le laissant gérer un problème qui promettait d'être légèrement plus.. épineux, disons. Oui, parce qu'il savait à qui appartenait ce bateau, hélas, et lui expliquer la situation promettait d'être un casse-tête. Pas que ça soit spécialement compliqué, juste que pour l'avoir vue deux ou trois fois, Angelo était prêt à parier qu'il aurait encore les oreilles qui sifflent le soir venu tant le savon qu'il se ferait passer serait mémorable.

Mais il était un grand garçon, il assumerait ses conneries
(ou du moins celles de son Pokémon)

Il ne mit pas longtemps à trouver Valen, la jeune femme étant difficile à rater, mais trouver quoi dire était une autre pair de manches. Angelo contempla ses options pendant deux secondes avant de passer une main sur sa nuque, décidant que le mal était fait, et à partir de là rien ne pouvait être fait sinon assumer.



Il eut brièvement l'image mentale de lui travaillant sur le bateau avec un masque parce que Valen ne voulait effectivement pas voir sa tête mais l'effaça rapidement: ce n'était peut être pas le moment de rire de ses propres conneries.

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ft. Angelo

Un grand fracas soudain témoigna de la demi-douzaine de caisses qui venaient de se fracasser sur le sol en pierre du port de Marivon, aux pieds de la jeune femme qui venait de se pétrifier d’horreur. Devant elle, Zarpa, son bateau paisiblement amarré. Enfin, c’était comme ça qu’elle l’avait laissé, il y avait à peine dix minutes, le temps d'aller chercher derrière les caisses pour préparer la pêche.
Et ce, pour soudainement trouver l’eau troublée, faisant remuer le petit bateau qui cognait mollement contre la jetée, abîmant chaque seconde un peu plus sa jolie peinture blanche et jaune. Valentine ne calcula ni les caisses à ses pieds, ni la silhouette rouge ébouriffée qui venait lui présenter ses excuses pour se précipiter au plus près de son bateau observer les dégâts, l'air catastrophé. Elle évalua rapidement l'ampleur de la crise. La coque ne paraissait pas fendue, mais elle était rudement enfoncée. Elle leva les yeux vers le grand Pokémon marin qui remuait encore à la surface de l'eau, un peu plus loin dans le port. Sa queue immense ne pouvait être que la cause d'un tel enfoncement dans la coque de Zarpa. La pêcheuse, qui sentait la colère décoller en elle comme le pet d'un bouchon de champagne, ne voulait pas imaginer les dégâts que ça avait pu causer à l’intérieur du navire.

- Putain… mais tu te fous de ma gueule ?!

Fut sa seule réponse, quand enfin elle se tourna vers le marin rougeoyant derrière elle. Elle explosait. Anja, le grand Lougaroc, était campé aux côtés de sa dresseuse, le poil hérissé et menaçant. Son regard mauvais n’était cependant pas plus inquiétant que le comportement de la brune, qui paraissait à deux doigts de se jeter sur Angelo comme une sauvage pour lui faire passer les conneries de ses Pokémon.

- T’as vu les dégâts ?! Tu peux pas le tenir, ton foutu poisson ?!

Cela dit, en passant, la charmante mouette qui avait tant joué avec les nerfs de l’hippocampe revenait à tire d’ailes, bien plus rapide que le Pijako qu’elle avait réussi à semer. Elle se posa sur le mât agité de Zarpa et replia ses longues ailes en lâchant un faible cri plaintif, l’air désolé. Valen l'ignora, toute sa colère dirigée vers le seul type étant en mesure de l'endosser - l'une étant trop petite, l'autre bien trop grande-, à savoir le marin roux qu'elle avait déjà croisé à maintes reprises sur le port et dont la tête ne lui avait jamais vraiment beaucoup plu - ce qui n'était pas, là encore, très difficile à imaginer, Valen étant des plus misanthropes.

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l'orage ne l'avait pas raté
Valen était furieuse

Il la regarda approcher comme on regardait une déferlante, s'efforçant de ne pas reculer. Elle n'était peut être pas très grande, mais sa colère lui donnait l'impression de faire face à une géante. Même le poil hérissé de son Lougaroc ne lui faisait pas aussi froid dans le dos. S'il n'était pas aussi habitué aux colères violentes et inexpliquées de Thétis, sans doute Angelo aurait-il pâli.

Au lieu de cela il croisa les bras, aussi détendu que possible compte tenu de la situation parce qu'il aurait sans doute besoin de tout son calme pour se tirer du pétrin. Du coin de l'oeil, il vit sa Kravarech disparaitre sous la surface, Sierra volant en cercles autour des cercles concentriques créés. Bien, elle ferait moins de dégâts au fond de l'eau, supposait-il.



Ses yeux verts étaient rapidement passés sur le Goélise posé sur le mât du bateau de Valen, visiblement débarrassé de l'attention de Sierra. Angelo n'était pas spécialiste Pokémon, mais il n'avait pas vraiment eu de mal à reconnaitre l'oiseau qui volait dans les plumes de son monstre tout à l'heure. Pas qu'il lui en veuille, et envenimer la situation n'était certainement pas son intention, mais c'était parti tout seul.

comme nombre de remarques, à vrai dire
son attitude directe ne jouait pas toujours en sa faveur



Thétis n'y était pas allée de main morte, et involontairement en prime. Angelo préférait ne pas imaginer ce que donnerait la colère de son Pokémon si elle dirigeait volontairement ses efforts sur la destruction de quelque-chose. Il en avait déjà fait les frais avec ce Krabby ayant jugé bon d'escalader sa coque: la Kravarech avait presque coulé son navire ce jour-là.



Techniquement, ce n'était pas à lui mais plutôt à Thétis de ce rattraper. Cela dit, il doutait pouvoir tirer quoi que ce soit de sa Kravarech.. et puis Valen semblait avoir déjà choisi la cible de ses foudres. Restait à ne pas se laisser impressionner par son regard noir, il pouvait sans doute gérer cette situation sans avoir à trop l'entendre crier..

même si pour le moment
ça semblait assez mal parti

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ft. Angelo

Evidemment.
C’était plus simple de remettre la faute sur le dos des autres, notamment sur celui de Blue qui, aussi petite qu’elle était, n’aurait jamais pu être responsable d’autant de dégâts. Et évidemment, l’excuse ne passa pas chez Valen qui sentit une fois de plus la moutarde lui piquer au nez.

- Putain, tu- !

Retenir sa colère était difficile, très difficile. Il fallait dire que Zarpa, le bateau, était toute sa vie. C’était son moyen de locomotion, son métier, son toit aussi parfois. Sans son bateau, elle n’était plus capable de rien. Autant directement faire la manche dans la rue, et puis bon, qui lui donnerait quelque chose en voyant sa tête austère ?
Valen serra les poings jusqu’à s’en faire blanchir les jointures, toute son attention focalisée en cet instant sur le fait de se contrôler pour ne pas se jeter sur Angelo et de le mordre comme un chien enragé. Ca, c’était le rôle d’Anja, mais il fallait avouer que ce n’était pas toujours très clair.

« Aïe, elle l'a pas raté. »

Elle allait se le faire.

Le coup partit tout seul. À présent que le rouquin était à portée de main, Valen l’attrapa brusquement par le col - disons plutôt le vêtement, rappelons que la pêcheuse était bien plus petite que son interlocuteur, ce qui rendait d’autant plus la situation risible. Néanmoins, elle y allait sans douceur, le tirant violemment vers elle tandis que son regard noir était des moins aimables.

- Pas raté ? Tu peux le dire, merde, t’as vu la coque ?! gueula-t-elle.

Encore quelques secondes, et elle essayerait sûrement (essayer) de l’encastrer dans la coque de Zarpa pour combler les trous. Mais en face d’elle, Angelo gardait son calme et mieux encore, il s’excusait et proposait de régulariser la situation. Arrivé au niveau de ses jambes, son Lougaroc émit un bas grognement, non destiné à Angelo mais plutôt à sa dresseuse pour l’inciter au calme et à la prudence. Sur le port, ils étaient exposés à la vue de tous, et la pêcheuse avait déjà bien du mal à faire commerce sur l’île, il ne faudrait pas non plus qu’elle perde ses maigres clients à cause de ses colères incontrôlées - bien que dans ce cas, elle fut un minimum justifiée.

Soufflant longuement, elle relâcha le vêtement froissé d’Angelo et recula d’un pas, son regard mauvais tourné vers son bateau, comme si elle souffrait pour lui. Pour dire vrai, les dégâts n’étaient pas si graves, autrement le navire aurait déjà coulé depuis longtemps. Mais les réparations seraient coûteuses, et la brune pouvait déjà dire adieu à ses commandes de la semaine.

Valentine le regarda avec aigreur.

- Tu payes, grogna-t-elle brusquement. JE m’occupe des réparations, je ne veux pas que tu le touches. Mais tu payes et tu me fournis ce qu’il faut pour que ça aille le plus vite possible, c’est à dire dès maintenant. Je m’en fous si t’as du travail.

Parce que bon, pourquoi lui continuerait de bosser et d’être payé alors qu’elle, elle se retrouvait handicapée par sa faute ?
Le tout était bien sûr dit sans appel.

Spoiler:

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elle fulminait
il se retenait de rire

Ce n'était sans doute pas le moment d'avoir une telle réaction, mais Angelo n'exerçait aucun contrôle là-dessus. S'il comprenait sa furie, il ne se sentait ni assez coupable, ni assez effrayé pour rester entièrement sérieux. Pour autant, il s'efforça de garder une expression neutre. Jeter de l'huile sur le feu n'était certainement pas la meilleure façon de gérer la situation. Le marin se contenta donc de plisser les yeux et contenir un sourire lorsque son interlocutrice l'empoigna par le col, furieuse.

(il plia un peu les genoux pour l'aider)
(en espérant qu'elle ne s'en rende pas compte)

D'ici, son regard noir semblait physiquement dangereux. Comme si elle comptait le détruire à cet instant précis. (ce qui serait dommage: il ne pourrait pas l'aider avec sa coque) Angelo eut un frisson mais ne tenta pas de se redresser, conscient que résister ne ferait sans doute rien pour calmer Valen. D'autant qu'accrochée comme elle était, son haut en souffrirait sans doute. Mais si son expression laissait craindre qu'elle ne le frappe, la jeune femme se contenta de lui demander (très civilement) s'il avait vu l'état de sa coque.



Etre si près de son visage alors qu'elle criait à pleins poumons n'était pas une expérience particulièrement agréable. Par chance, le Lougaroc de Valen s'interposa. Un simple grognement. Elle sembla néanmoins comprendre le message. Faisant des efforts visibles pour se calmer, elle relâcha sa prise avant de remettre un peu de distance entre elle-même et le marin. Ce dernier se redressa sans émettre de commentaire, nonchalant comme à son habitude.



Au ton employé, il doutait qu'elle lui laisse le choix, de toutes façons. Rester au port aujourd'hui ne l'arrangeait pas, mais il doutait de pouvoir la faire changer d'avis. Pas avec son expression. Pas grave. Sans doute. Il se débrouillerait pour rattraper plus tard.. Dans son dos, sa Couaneton approchait timidement, curieuse maintenant que l'orage semblait retomber. Allait-il bien ? La question était légitime. Ses yeux passèrent rapidement de Valen au marin avant qu'elle ne piaille à l'attention de ce dernier.

il lui tapota la tête
rien de bien grave



Puisqu'en théorie il ne sortirait pas aujourd'hui, autant ne pas tout laisser en plan. Suivi par sa Couaneton, Angelo remit les pieds sur son embarcation. Il remit ce qu'il avait commencé à sortir à sa place. Si Sierra posa sur lui un regard désolé, le marin se contenta de hausser les épaules: ce n'était que justice. A un moment où un autre, le caractère de sa Kravarech ne pouvait que lui attirer des ennuis.

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ft. Angelo

Il se moquait d’elle, en plus, ce petit con.
Il lui pétait son bateau, sans aucun scrupules, puis il se payait sa tête en plus de ça ?

Valen fulminait.

Zarpa était tout ce qu’elle avait. C’étaient ses économies, son travail, sa passion, sa liberté. Alors oui, un petit sage pourrait venir lui dire que ce n’était que du matériel, que personne n’était blessé ou pire, qu’il fallait relativiser. Les gens comme ça seraient bazardés à coup de barre de fer ou de pieds au cul, selon ce qu’il y avait de disponible.
Valentine n’était guère patiente, et encore moins conciliante - lorsqu’ils s’agissait d’humains.

« Le temps de ranger mon bateau et je suis à toi. »

Elle lui jeta un regard mauvais.

- C’est ça. T’éloigne pas.

Elle le connaissait, avec son sourire ravageur et ses manières de voyou. Il prenait tout à la légère, ce type. Mais comment pouvait-on être autant je-m’en-foutiste ? Le laissant faire, tout en maugréant et râlant continuellement - et toute seule -, la pêcheuse commença déjà par sécuriser son bateau et vérifier la cale : aucun trou, aucune inondation, c’était déjà ça - manquerait plus que Zarpa ne coule sous ses yeux. Elle rassembla ensuite les outils dont elle disposait et commença l’expertise. La coque était seulement enfoncée, ce qui n’était pas si grave. En revanche, cela avait fragilisé une partie précise, qui semblait pliée et à deux doigts de s’ouvrir. Et comme on était à la limite de l’eau, ça pouvait être grave. Il faudrait donc ressoudre, solidifier, puis renfoncer la coque après l’avoir ramolli avec la chaleur. Peut-être que le chat pourrait les aider avec ça, si elle lui demandait gentiment - était-ce possible ?

« Ok, voilà. Besoin d'aide pour sortir le bateau de l'eau, ou surtout, je m'en approche le moins possible ? »

La voix d’Angelo lui parvint de l’extérieur. Valen grogna et prit sur elle, tout en sortant du bateau. Ce n’était pas en s’énervant davantage qu’ils parviendraient à réparer Zarpa.

- … ouais. Je le laisse toujours amarré, donc j’ai rien pour le sortir de l’eau. T’as ce qu’il faut pour le remorquer ?

Sinon, il lui faudrait appeler certains de ses contacts, mais ce serait moyennant service et franchement, là, Valen n’avait pas le temps. Peut-être devrait-elle investir dans un Pokémon capable de soulever ou de tirer le bateau ?

- … J'avais vraiment pas besoin de ça aujourd'hui, grogna-t-elle encore, pour la forme.

Blue couina tristement, le ton coupable. Elle soupira d'agacement en secouant la main - c'est bon, c'était fait de toute manière.

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rien ne semblait l'apaiser
(ça aurait été surprenant)

Le marin retint tant bien que mal son envie de rire en l'entendant l'invectiver dans son dos. Bien sûr que non, il n'irait pas loin. Elle sonnait réellement comme une vieille femme d'humeur exécrable. Angelo n'aurait sans doute même pas cillé en l'entendant ajouter "petit con" à la fin de sa phrase.

"vandale"
"garnement"

quelque-chose du genre

A son retour, elle était dans son bateau. Occupée à évaluer l'tendue des dégâts, sans doute. Angelo lui même en profita pour calculer mentalement combien de temps les réparations allaient prendre. Plus ça durerait, plus il se ferait maudire, à n'en point douter. Sans compter qu'il n'avait pas fini de se faire regarder de travers par Valen. Il doutait que la jeune femme ne garde pas de rancoeur envers lui, même s'il l'aidait à remettre Zarpa en état.



Angelo non plus ne sortait pas souvent son bateau de l'eau. Certes, ça laissait à tout un écosystème champ libre pour se développer sur sa coque; mais puisqu'il l'utilisait tous les jours, le marin n'en voyait pas l'intérêt. Un effort (inutile) supplémentaire, tout au plus.



elle n'était pas rassurée
mais elle s'exécuta

S'approchant maladroitement de la furie qui semblait vouloir scalper son dresseur et garder le trophée, la Couaneton leva sur elle des yeux méfiants. Pour autant, elle ne s'éloignerait pas. Pas tant qu'Angelo ne serait pas de retour.

Ce dernier lui adressa un signe de la main avant de marcher vers l'entrée du port, Sierra sur l'épaule. Normalement, Abel ne serait pas très loin. Après tout, l'ancien ranger et lui partaient souvent au même moment de la journée. Angelo ne tarda pas à trouver ses cheveux noirs. Comme prévu, il était toujours occupé à mettre son bateau en ordre, ayant sans doute trébuché deux ou trois fois dans les cordages à cause du manque de sommeil.

rien d'inhabituel
quand dormait-il ?



Encore, oui. Abel était celui qui lui avait offert l'aide de son Rhinocorne pour tirer le bateau d'Angelo de l'eau lorsque Thétys avait chassé le Krabby sur sa coque. Le roux avait sa propre remorque, mais en se la procurant, il semblait avoir complètement oublié qu'il aurait besoin d'un Pokémon suffisamment puissant pour la tirer. Ou peut-être avait-il compté sur l'évolution de Charybde pour que son équipe en comporte un.. il ne s'en souvenait plus, sans mentir.

mais ce n'était pas un souci
puisqu'on pouvait l'aider

(moyennant quelques moqueries)
(son dragon était "un danger public")

De retour vers Valen, il fit signe à son Couaneton de revenir vers lui. Elle ne semblait pas spécialement traumatisée. Tant mieux, supposait son dresseur. L'oiseau courut cependant dans sa direction en le voyant revenir, visiblement ravie de le retrouver. Angelo eut un sourire en coin: elle se comportait comme un chiot.



Enfin, Abel l'amènerait, surtout. Mais dans l'esprit d'Angelo, ça ne changeait pas grand-chose.

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ft. Angelo

En toute honnêteté, ce n’était pas si dramatique que ça. Les réparations seraient chronophage et coûteuses, quelque part, mais rien d’insurmontable.
Valen avait seulement un peu de mal à gérer ses colères.
Sans blague.

Angelo prenait son rôle très à coeur et s’éloigna en lui laissant son canard bleu qui, de toute évidence, avait envie de tout sauf de rester là. Anja lui lança une oeillade rassurante ; ça irait, pas de quoi s’inquiéter. Blue préféra ne pas fricoter avec l’ennemi, quand bien même elle aurait sûrement eu des tas de points communs à partager avec le Couaneton.
Quant à Valen, elle l’ignora royalement, des préoccupations plus urgentes en tête.
Combien de jours de pêche allait-elle louper ? L'état critique de ses finances lui sauta brusquement en pleine figure. Non, calme. Elle chercherait un petit boulot au chantier naval pour compenser.

Le rouquin ne tarda pas à l’interpeler à nouveau. Valen sortit de son bateau et jaugea un moment le marin ainsi que le brun qui l’accompagnait. Elle le connaissait de vue, à n’en point douter. Les marins vivaient un peu entre eux. Néanmoins, elle ne put que constater qu’Angelo avait bien plus de relations qu’elle. Une question de bon caractère, sans doute. Cela était étranger à Valen.

- Humpf, se contenta-t-elle de grogner pour acquiescer.

Ainsi donc, la remorque fut préparée pour remonter Zarpa sur la terre ferme. Valentine constata amèrement qu’elle manquait cruellement de matériel, elle n’avait de toute évidence jamais prévu de stocker son bateau sur la terre ferme. Mais preuve était faite que les accidents arrivaient vite, elle tâcherait à présent de mettre de côté pour avoir son propre matériel - cela pourrait même être intéressant de le louer à d’autres marins dans la même situation, à voir.

La pêcheuse prépara ainsi Zarpa à être remonté, après l’avoir rapproché de la cale à la force de ses bras avec mille précautions (quand bien même, le bateau cogna un peu ici et là, et à chaque fois, la brune sentit la colère monter d’un cran) : vitesse enclenchée, frein à main serré, sangles bien attachées à la remorque positionnée devant la cale. Valen était maigre comme un clou, mais elle avait des bras solides, néanmoins l’aide d’Angelo et du marin furent nécessaire pour rapatrier le bateau sur la rampe de mise à l’eau et le garder droit le temps de le monter sur la remorque. Le treuillage était manuel, la remorque n’étant pas de dernier cri, mais ils y arrivèrent tout de même assez facilement, Zarpa étant léger pour un bateau de pêche. Le pêcheuse en profita pour actionner la pompe de cale et vider l’eau puante accumulée depuis des mois, ce serait une bonne chose de faite.
La coque était bien abimée, rayée et rouillée par endroits, en plus de l'accident. Il y avait du monde là-dessous. Et le dragon n'y était pour rien... le bateau prenait de l’âge. Valen grimaça. Ce serait l’occasion de le nettoyer et lui refaire une jeunesse. Elle risquait l’accident à tout moment avec un bateau dans cet état-là.
Finalement, cet accident avait peut-être du bon.
Mais elle ne l'avouerait pas.

Au bout de longues minutes, Zarpa fut remonté et sanglé très solidement sur la remorque, Valen prenant son temps pour protéger son bateau. Ça commençait à bouchonner sur la rampe de mise à l’eau, mais elle s’en fichait bien. Un solide Rhinocorne prit le relais pour amener Zarpa dans la zone de chantier. Là encore, Valen devrait louer un emplacement, et les frais continueront d’alourdir la note.
Rester positive.

On s'arrangea pour stocker Zarpa dans un minuscule endroit, le moins cher de la zone. Le bateau resta sur la remorque, histoire de quelques jours, du moment qu'Angelo n'en n'avait pas besoin. Et puis, il lui devait au moins ça. Valen espérait que les réparations seraient très vite terminées - optimisme.

- ... Merci, grogna-t-elle au brun qui les avaient aidé.

L'image de son bateau, sanglé sur une remorque de fer, loin de son élément naturel et bourré de mousse et de rouille, lui fit mal au coeur.