Matt' est né et a vécu son enfance à Sinnoh. Frimapic, plus précisément. Une ville isolée, sans grand intérêt. Seul enfant de son âge du coin, sans amis par conséquent, il passe ses journées à errer dans la neige des montagnes alentours, jusqu'à, un jour, rencontrer un groupe d'Obalie et Phogleur. N'importe qui d'autre aurait trouvé ça inhabituel, mais l'enfant était encore trop jeune pour savoir que les Obalie n'étaient pas des pokémons très communs dans le coin. Et, amoureux des pokémons qu'il était, il ne mit pas longtemps avant de décider d'aller jouer avec eux avec toute l'insouciance du monde, se souciant peu de si c'était dangereux ou non. Sûrement par chance, les pokémons était amicaux, et furent ravis de trouver un compagnon de jeu, aussi, l'enfant joua avec eux toute la journée. Puis il dû partir, mais revint le lendemain, et encore le surlendemain, ainsi de suite. Les pokémons glace étaient toujours présents, et acceptaient toujours de jouer avec le petit humain. Rapidement, ils devinrent ses amis et il ne put se passer d'eux.
Mais un beau jour, alors que Matthew arrivait au lieu où il avait l'habitude de venir, il n'y avait aucun Obalie, excepté un. Ou plutôt une.
Étrangement, il ne l'avait jamais remarquée, ce qui lui semblait plutôt étrange puisque la petite femelle, au lieu d'être bleue comme ses compères, se trouvait être d'un beau rose brillant sous la lumière du jour. Quand l'enfant voulut s'approcher, la femelle prit peur et recula en s'enfuyant, sans que le garçon ne puisse rien faire. Impuissant, il ne put que s'affaler dans la neige et attendre. Attendre longtemps, en espérant que ses amis, ou la femelle ayant fuit, reviennent bientôt. Finalement, il s'endormit allongé dans la neige.
. . .
Lorsqu'il se réveilla, il faisait nuit. Il gelait, et bouger lui semblait être impossible. Malgré tout, après avoir entendu ce qui lui semblait être le cri distinctif d'un Obalie, il se releva en tout hâte. Une grimace de douleur apparut sur son visage, mais ça ne l'empêcha pas de se mettre sur ses deux jambes et s'approcher doucement de la femelle rosée qui l'observait timidement. A quelques mètres d'elle, alors qu'elle avait commencé à reculer, il s'accroupit en tendant la main dans sa direction :
« Enchanté, Hoshi. Je m'appelle Matthew. »Sous l'incompréhension de la femelle, un sourire apparut sur le visage de l'enfant.
« Tu brilles comme les étoiles. Et les étoiles sont mes amies ! »C'est avec cette phrase, un peu métaphorique tout de même, qu'une grande amitié naquit entre eux deux.
* * *
Comme à son habitude, le temps passa rapidement. Sans que personne, pas même lui, ne s'en aperçoive, Matthew était déjà âgé de 8 ans. Allongé dans la neige, il passait son anniversaire avec sa meilleure amie, Hoshi, avec qui il passait chacune de ses journées depuis maintenant 4 ans, sans s'en lasser. Frimapic comptant peu d'enfants dans ses effectifs, il n'y avait pas d'école et, ainsi, Low' suivait des cours par correspondance, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Alors qu'il avait grandit, on lui avait trouvé une hyperacousie qui, bien que pas totalement développée, se trouvait être gênante. En plus de ça, le jeune garçon avait une santé fragile qui faisait qu'au moindre petit rhume qui ne causerait aucun soucis à une personne normale, le rendait malade comme un Caninos. Un soupir s'échappa des lèvres de l'enfant à cette pensée. Rêvant d'être dresseur, il n'aspirait qu'à s'éloigner de cette ville neigeuse pour visiter le monde entier. Mais, quant un enfant normal pourrait voyager seul partir à ses 10 ans, lui devrait attendre au moins ses 14 ans. Malgré tout, il partirait, et c'est tout ce qui comptait.
« Dis, Hoshi... dit-il soudainement, la main tendue vers le ciel.
- Balie ?- Quand j'aurais l'âge de partir en voyage... » Il se tourna légèrement vers son amie, laissant tomber sa main au sol.
« Tu voudras bien être mon premier pokémon ? »Avec enthousiasme, la petite obalie shiny hocha vivement la tête.. ou plutôt le corps, ce qui la faisait se balancer, faisant rire Matthew. C'était décidé. Ils ne se sépareraient jamais.
* * *
Quelques temps plus tard, la mère du jeune garçon lui annonçait qu'ils allaient passer deux semaines à Hoenn. Le jeune garçon, ravi de ce voyage, de cette escapade loin de la neige de Frimapic, l'annonça à son amie, oubliant qu'il ne la verrait pas durant tout ce temps. Il partit ainsi avec sea mère, excité comme une puce. L'aller en avion se passa bien, et le jeune garçon passa deux semaines de rêve. Il découvrait des pokémons qu'il n'avait jamais vu, et s'était même lié d'amitié avec des enfants de son âge ! C'était également la première fois qu'il allait dans un endroit où il n'y avait pas de neige. En bref ; c'était l'aventure, tout ce qu'il avait toujours rêvé mais qu'il n'avait jamais pu faire à cause de son corps trop faible.
C'était la joie, l'euphorie. Il souhaitait plus que tout au monde rester à Hoenn, où les gens l'acceptaient sans se poser de questions, où la neige n'était pas permanente, où les pokémons étaient nombreux et variés. Une chose était sûre : cet endroit était bien mieux que Sinnoh.
Il fallut cependant repartir, et bien qu'il aimait Hoenn, ça n'était pas pour lui déplaire : sa chère amie Hoshi était restée seule là-bas, après tout. Bien qu'elle était du genre méfiante et qu'elle ne s'approchait jamais des Hommes, Matthew avait toujours peur qu'il lui arrive quelque chose. Il savait qu'elle était unique et que des gens étaient prêts à payer cher pour l'avoir, bien qu'il ne sache pas exactement pourquoi. Aussi, rentrer à Frimapic pour s'assurer que son amie allait bien n'était pas plus mal. Et puis, elle commençait à lui manquer.
Cela dit, tout ne se passa pas comme prévu. En fait, ce fut la catastrophe. Peu après le décollage, des pokémons vol attaquèrent l'avion à coup de Tornade, Cyclone, Tranch'air, et d'attaque plus puissantes encore. Bien évidemment, dans tout ce désastre, l'avion ne put que se crasher. Beaucoup de morts, très peu de survivants. Dans les décès, on comptait la mère de Matthew, quand lui avait miraculeusement survécu. Il fut transporté d'urgence à un hôpital de Johto avec le reste des survivants.
Évidemment, avec son corps endommagé de naissance, il ne put que rester plus longtemps que la normale à l'hôpital. Mais en plus, la mort de sa mère l'avait beaucoup touché puisqu'il se trouvait être extrêmement poche d'elle. Alors qu'un mois s'était écoulé le jeune garçon était encore trop affaibli pour ne serait-ce qu'être transféré dans un hôpital plus proche de sa maison. Il resta donc dans cette chambre stérile, seul, triste, malade. Son père ne venait jamais le voir, trop occupé par son travail, et il était le seul à pouvoir lui rendre visite. Les pokémons n'étaient pas autorisés, outre les pokémons infirmiers, et, de toute manière, Hoshi était bien trop loin.
Après deux mois, les médecins étaient encore très inquiets pour son cas. Il ne montrait aucun signe de rétablissement malgré son traitement, ses yeux étaient ternes et son visage bien pâle. Il ne semblait pas vouloir guérir, et il était si faible que même la rééducation n'était pas encore possible. En bref, il se laissait presque mourir. Ce qui était étrange, c'est qu'il se nourrissait convenablement et prenait son traitement au pied de la lettre. Mais la tête n'y étant pas, il ne pouvait pas passer à autre chose et avancer. Il était bien sûr suivit psychologiquement, mais ça ne semblait pas changer grand chose.
Trois mois étaient passés quand les médecins commencèrent à reprendre espoir, car les résultats étaient là. Certes, ils étaient maigres, mais bien présents. Le jeune reprenait petit à petit des couleurs, malgré son moral toujours plus bas. Pensant que la rééducation lui ferait du bien, et trouvant qu'il en était capable, ils lui firent faire, et à leur grand soulagement, tout se passa pour le mieux. C'est ainsi qu'après deux mois de rééducation et cinq mois passés dans la même chambre blanche à en donner mal à la tête, le jeune garçon, désormais âgé de 9 ans, put sortir, non sans séquelles, comme sa phobie des types vol.
Son père vint le chercher et le ramena chez eux, sans un mot. Le garçon ne s'en plaint pas ; il avait l'impression de ne plus savoir le faire de toute manière, tant il n'avait que peu parlé durant ces 5 mois d’hospitalisation. Arrivés chez eux, le premier réflexe de Matthew fut de s'éclipser pour aller retrouver sa meilleure amie ; mais il n'en eut pas l'occasion puisque son père l'attrapa par l'épaule, lui annonçant :
« Il faut que je te parles, fiston. »Cela ne présageait rien de bon, l'enfant le savait. Il questionna son père du regard, bien qu'appréhendant ce qu'il s'apprêtait à dire. Celui-ci était agenouillé, ses yeux marrons étant plongés dans ceux bleus de son fils, et sa main étant encore sur l'épaule de celui-ci. Son visage grave ne fit qu'accroître le mauvais pressentiment de Matthew, qui ne put pas fuir devant les paroles de son père. Cependant, celui-ci semblait avoir du mal à les faire sortir, puis qu'un long silence tendu s'était installé entre les deux hommes. Une voix de femme le coupa.
« Chéri ? Vous êtes rentrés ? »Au même moment, une femme apparut au seuil de la maison. Brune, plutôt petit de taille, l'air bourge. Dans ses mains, un maigre cadeau avec une carte sur laquelle on pouvait lire « Pour Matew », fautes comprises. Le jeune garçon compris immédiatement, mais, refusant d'accepter la vérité, demanda d'une voix rauque et grave :
« Qui est-ce ? »Il y avait tant de temps qu'il n'avait pas dit un mot que parler lui faisait mal à la gorge. Son père l'observait encore, ses lèvres tremblants, tentant probablement de s'expliquer. Mais lâche comme il était, il était incapable de le faire : aucun son ne sortait de sa bouche. L'enfant, détruit, haineux, poussa son père, le faisant tomber au sol avec violence. Des larmes coulaient de ses joues, et alors qu'il partait en courant, il hurla un « Je te hais » bien audible.
Après s'être suffisamment éloigné, il se laissa tomber au sol, complètement anéanti. Voilà près de 6 mois qu'il n'avait pas vu son père, ou a de très rares occasions, et seulement 6 mois que sa mère était morte.
Il n'avais pas fait le deuil, n'avait pas tourné la page, n'avait même pas encore accepté la vérité. Comment pouvait-il accepter cette femme à l'air si.. détestable ?! Jamais il ne comprendrait comment son père avait pu remplacer sa mère si rapidement. A cet instant, un bruit l'interpella, mais il ne réagit pas, laissant sa tête entre ses bras. Mais quand il reconnut le son distinctif d'un Obalie roulant, il releva la tête. Devant lui, sa chère amie pour qui il s'était fait tant de soucis. Sans réfléchir, il la prit dans ses bras et resta un moment roulé en boule dans la neige à pleurer bruyamment.
* * *
Le lendemain, cette femme qu'il ne connaissait pas mais haïssait au plus haut point lui annonçait qu'il partirait à Unys dans la journée, et qu'ils y vivraient. Il protesta, refusa, mais rien n'y fit, cette femme était déterminée à l'emmener dans cette région bruyante, où il aurait sans cesse des maux de têtes. Son père, quant-à-lui, se contentait de maigres « Ecoute Debby, Matt » soumis. Matthew détestait son père autant que cette femme, désormais. Il était son fils ! Allait-il laisser cette femme le diriger sans rien dire ? Apparemment, oui. Il le dégoûtait. Ceci dit, Matthew était bien décidé à rester ici, dans cette maison où il avait grandi avec sa mère. Il avait donc prévu un plan pour fuguer avant de partir, ainsi ils le laisseraient tranquille... Mais apparemment, cette femme au nom de Debby le prévoyait, puisqu'elle ne le lâchait pas d'une semelle. Il ne put même pas prendre Hoshi avec lui ou encore la prévenir puisqu'il lui était catégoriquement interdit de sortir, et cela le rendait malade.
Ainsi observé, il fut obligé de partir avec eux. De reprendre l'avion, non sans une peur bleue, et d'atterrir dans cette région où les gens parlaient anglais. A vrai dire, ce fait ne le gênait pas ; lui-même tenait du sang Unysois de son père après tout, et, passionné de langue qu'il est, il le parle parfaitement. Mais cela le changeait de son quotidien, et ne faisait que le contrarier davantage. Ce fut pire à l'arrivée à la demeure.
Il se doutait bien que ça ne serait pas une petite maison comme celle de Frimapic, mais il ne s'attendait vraiment pas à ce que soit un palace. Il détestait ça, même, ne s'y sentant pas à sa place. Le lendemain de leur arrivée, alors qu'il venait tout juste de défaire toute ses affaires, la dite Debby vint dans sa chambre, une boîte dans les mains.
« Cadeauuu ! fit-elle en la tendant à l'enfant.
- Je n'en veux pas. » répliqua aussitôt celui-ci sans même y jeter un œil.
La femme ne l'écouta pas ; se contentant d'ouvrir la boîte à sa place. A l'intérieur, un évoli, ou plutôt une, avec autour de son cou un nœud rose. La brune la sortit de la boîte et la tendit au garçon en annonçant d'une manière hypocrite :
« Elle s'appelle Yuu !
- Je m'en fiche, se bornait Matthew.
- Je suis certaine que vous allez bien vous entendre...
- D'accord. »Il n'était pas du tout coopératif, et se fichait bien de ce que la femme pouvait penser. Il ne voulait pas de cet Evoli à la noix. Il voulait Hoshi, et rien d'autre.
* * *
Le temps passa. Comme l'enfant, désormais adolescent puisque âgé de 12 ans, l'avait prédit, il détestait la renarde évolutive. Elle était le parfait pokémon bourgeois. Elle passait son temps à se laver, toisait tout autre être vivant, même les humains, mangeait au repas que de la viande de bonne marque, refusant les croquettes pokémons et, par dessus tout, elle suivait Matthew partout, au grand désarroi de celui-ci.
Il n'arrivait pas à l'apprécier, et bien que cela fasse des années qu'elle dorme à ses côtés et râle à longueur de journée, il ne s'y faisait toujours pas. Elle était marron, pas rose. Elle avait les yeux bleus, pas noirs. Elle avait des pattes, pas des nageoires. Elle était provocatrice, pas peureuse.
Il n'arrivait simplement pas à tourner la page, s'inquiétant toujours plus pour sa vieille amie restée à Sinnoh sans savoir où il était parti.
Peut-être croyait-elle qu'il l'avait abandonné... Ou qu'il était mort... Peut-être se doutait-elle qu'il ne l'avait pas voulu... Mais dans tous les cas, elle était dans l'attente et dans un certain sens, lui aussi l'était pour elle ; elle était prisée à cause de sa couleur, et d'ici qu'il puisse partir de ce palace qu'il détestait, elle aurait peut-être été capturée.
Tous les soirs, couché dans son lit à se retourner encore et encore, il haïssait de plus en plus la vie. Il avait l'impression qu'il y avait une injustice profonde entre lui et les autres. Il était faible, ils étaient forts. Il ne supportait pas le bruit, ils en faisaient. Il était mal à l'aise avec eux, ils ne le remarquaient même pas. Il était incapable de rire sincèrement, ils le faisaient tous les jours. Sa mère était morte, ils avaient leurs deux parents. Ils étaient heureux, il était tout, sauf ça.
* * *
Le temps continuait de défiler, incapable de prendre une courte pause. Rapidement, ce fut les 14 ans de Matthew. Ce jour qu'il avait attendu toute sa vie. Où il pourrait partir à l'aventure, accompagné d'Hoshi. Il n'avait pas oublié sa promesse : elle serait son premier pokémon ! Yuu ne comptait pas, c'était un pokémon domestique, une bonne à rien à part se faire bichonner par des toiletteurs de luxe. C'est pourquoi il partirait à Sinnoh seul, retrouverait Hoshi et partirait avec elle à la conquête des badges.
Si seulement tout s'était bien passé... Lorsqu'il demanda à partir, Debby s'y opposa. Evidemment, puisqu'elle était contre tout ce que faisait Matthew. Elle le détestait, il le savait et lui rendait bien sa haine. Comme d'habitude, comme l'adolescent « rebelle, insolent et vulgaire », pour reprendre les mots de la brune, qu'il était, il riposta. Protesta, s'énerva, haussa la voix. Rien à faire, la femme était plus puissante. Elle engagea des gardes du corps afin qu'ils le surveillent pour éviter toute fugue, car elle savait qu'il tenterait de le faire. Et, comme elle avait l'habitude de le faire, elle lui fit la morale.
« Il va falloir que je te le dise combien de fois pour que ça rentre dans ta tête, gamin ? Je suis l'héritière SARL Maely, et ton père est le directeur de Daraen Corporation. Que ça te plaise ou non, tu dois te comporter comme tel, et non pas comme la vulgaire vermine que tu es. Tâche de t'en souvenir : la prochaine fois, je sévirai. » Mais ce n'est pas comme s'il l'écoutait. Cette femme, il le savait, n'en avait qu'après l'entreprise de son père. Il ne savait pas pourquoi, ni comment elle comptait s'y prendre, mais il savait qu'un jour où l'autre son père coulerait, et qu'elle reprendrait Daraen. Elle avait su manipuler son père pour en faire une entreprise puissante, et maintenant que le sale boulot était fait, elle comptait la reprendre. Il était encore jeune, mais savait ce qu'elle manigançait. Il ne comprenait pas pourquoi son père ne le remarquait pas : ça crevait les yeux, pourtant.
Mais il avait abandonné depuis bien longtemps l'idée de lui ouvrir les yeux. Pour le moment, il devait se concentrer sur un plan de fugue.
* * *
C'était le début de l'été, et comme d'habitude, la chaleur étouffait l'adolescent. Les étés frais de Frimapic lui manquaient atrocement. Là-bas, il n'a pas vu une seule fois la neige fondre, contrairement à ici où elle ne dure que le temps d'une semaine.
Quoi qu'il en soit, Matthew avait trouvé un moyen de s'échapper de la vigilance de ses gardes. Il avait été sage durant tout ce temps, faisant ce qu'on lui ordonnait ; aussi baissaient-ils la garde, pensant qu'il avait abandonné. Grossière erreur cependant, puisqu'il fallut juste un temps d'inattention pour qu'il se retrouve à l'aéroport, valise en main, prêt à prendre un avion en direction de Unionpolis malgré sa peur.
Cependant, il avait oublié un détail : Yuu l'avait suivit partout, et savait très exactement ce qu'il préparait. Elle était décidé à partir avec lui, et l'avait donc suivit. Cependant, elle-même avait été suivie par Debby, qui voyant l'adolescent, se précipita pour l'empêcher d'entrer dans son avion. Celui-ci l'avait rapidement remarquée, et s'en était donc allé en courant dans le premier avion qu'il croisa, sans se soucier de quel vol c'était. L'Evoli avait sauté sur sa valise juste à temps pour réussir à être traînée jusqu'ici, bien qu'elle s'en plaignait.
Et c'est ainsi qu'il se retrouva à... Illumis, à Kalos. Son premier réflexe, à peine sorti de l'oiseau métallique, fut de mettre son casque afin d'absorber le bruit ambiant de la ville qui lui donnait un horrible mal de crâne. Il courut en toute hâte au Centre Pokémon le plus proche, où il passa la nuit. Cela faisait longtemps qu'il prévoyait son voyage, il avait économisé beaucoup d'argent et en possédait ainsi beaucoup, ce qui lui permit d'acheter de la nourriture de bonne marque pour l'Evoli qui refusait la nourriture bas de gamme du Centre.
Le lendemain, il se renseigna sur la région. Son dernier vol était trop récent pour qu'il puisse en faire un autre vers Sinnoh ; son coeur ne le supporterait pas. Il se disait donc qu'il y aurait peut-être des coins sympas à visiter.. Et effectivement, il fut intrigué par la ville d'Auffrac-les-Congères et décida de s'y rendre. Il prit donc un train jusqu'à Mozheim et finit le trajet en bus. Il aurait bien aimé marcher, mais il n'avait pas de pokémon avec lui, ç'aurait été trop dangereux. Yuu était une domestique, après tout.
Il arrive donc à Auffrac-les-Congères, et, de suite, énormément de souvenirs lui revinrent. Cet endroit ressemblait énormément à Frimapic. C'était pour cette raison qu'il s'était décidé à venir ici, mais ça ne l'empêchait pas de rester bouche bée. C'était l'été, mais la neige était ici, bien présente. Les gens du coin semblaient joyeux, le nez un peu rouge tout de même. Quelques rares enfants s'amusaient dans des batailles de boules de neige en riant et les pokémons glace pullulaient. Il se sentait bien en ces lieux qui ressemblaient à son chez lui.
Il décidé de rester à Auffrac-les-Congères trois jours, puis il repartira pour de bon à Sinnoh afin de retrouver son amie Obalie. Il profiterait donc de ces trois jours pour se reposer, car tout ces voyages et ce changement de température plutôt brusque l'avaient affaiblis.
* * *
Lors du deuxième jour, alors qu'il était près de 19h, Matthew entendit de la musique venant du centre du village enneigé. Intrigué, il se rendit au lieu où semblait se tenir une fête, et c'était effectivement le cas. Beaucoup de gens, plus qu'il n'aurait pu croire qu'il y avait dans ce village de neige, dansaient joyeusement. L'adolescent, toujours accompagné de sa « fidèle » renarde, sentit ses oreilles bourdonner. Conscient que le bruit allait le rendre, malade, il commença à s'éloigner. Ce n'était pas sans compter sur un vieil homme qui l'attrapa par le bras, l'entraînant dans la danse. Le son de la musique augmenta subitement dans les oreilles du jeune homme; les rires des gens et des pokémons s'intensifièrent, le bruit des pas sur la neige, qu'il avait l'habitude d'adorer, lui détruisait les tympans. Il tenta maladroitement de mettre son casque sur les oreilles, mais le vieil homme qui le faisait tournoyer ne le laissa pas faire, ne se rendant pas compte de son malaise. Fort heureusement, il fut libéré suite à une chute de son cavalier, en profitant pour fuir après avoir correctement placé son casque sur ses oreilles.
Cependant, la foule était dense, et il peinait à se faufiler entre le peuple riant. Il tenta du mieux qu'il put de s'en échapper et, fort heureusement, réussit. Cependant, même après s'être éloigné de l'amas d'Homme et Pokémons, ses oreilles sifflaient encore, lui donnant d'horribles maux de crâne. Il tenta de les stopper en mettant ses mains sur son casque, mais ça ne s'arrêtait pas. La douleur était insoutenable pour l'adolescent, tandis que l'Evoli, désemparée, ne pouvait que le regarder tomber dans les pommes.
. . .
Lorsqu'il se réveilla, ses yeux se trouvaient être durs à ouvrir, aussi il mit plusieurs minutes à réussir à le faire complètement. Quand enfin il le fit, il aperçut premièrement Yuu, profondément endormie contre son torse. Il observa autour de lui pour y découvrir une cheminée, chauffant la pièce agréablement. Puisque tout semblait être fait de bois, il en déduit qu'il devait être un chalet ; soit une maison du coin.
Fatigué, et voulant laisser Yuu se reposer, il décida de rester confortablement couché sur ce lit moelleux plutôt que de se lever, pour réfléchir. Qui avait bien pu l'emmener ici ? Au bout de quelques minutes à peine, un bruit se fit entendre, rapidement suivit d'une voix déclarant joyeusement :
« Tu es réveillé ! »L'enfant dirigea son regard vers la jeune femme qui venait d'apparaître, probablement celle qui l'avait ramené en ce lieu agréablement chauffé. Elle était jeune, ne devant pas dépasser les 20 ans. Plutôt petite de taille, des cheveux roux en bataille. Des tâches de rousseurs parcourant son visage, des lunettes faisant ressortir ses yeux verts, une écharpe colorée autour du cou et un épais manteau pour la protéger du froid. Elle n'avait, en soi, rien d'extraordinaire. Cette même jeune femme, après s'être débarrassée de ses habits d'extérieur, vint s'agenouiller près du canapé, là où était allongé son hôte, et lui demanda :
« Tu vas mieux ?
- Oui, ça va. Juste fatigué, lui expliqua-t-il.
- Tant mieux ! Tu as de la chance que je t'ai trouvé. Enfin, tu peux remercier ton Evoli ! C'est elle qui est venue me chercher.
- Yuu a fait ça ? s'étonna Matthew, tout de même perplexe. Il était pourtant persuadé que la femelle le détestait autant que lui-même le faisait.
- Pourquoi ça t'étonne tant ? Elle est ton premier pokémon, non ?
- Non. Elle n'est qu'une domestique incapable. »Un long silence pesant s'installa entre les deux individus. La femme ne comprenait sans doute pas pourquoi le garçon qu'elle venait de sauver se montrait si froid et haineux. Celui-ci observait Yuu d'un regard impassible, se fichant bien de ce que la rousse pouvait penser. Elle ne les connaissaient pas de toute manière. La femme aux yeux verts se releva.
« C'est donc ainsi... gronda-t-elle sévèrement.
Eh bien petit, ne sois pas sans savoir que cette domestique incapable, comme tu le dis si bien, a aussi des sentiments. Tu ferais bien de les prendre en compte. »Sur ces quelques mots, elle s'éloigna, laissant Matthew méditer ses paroles.
* * *
Le soir venu, alors que l'adolescent venait de se réveiller d'une seconde sieste, la rousse se présenta sous le nom de Natacha Sauval, 18 ans, adorant les pokémons, bien qu'elle n'en ait pas. Malgré le différend qu'elle avait eu avec Matthew, elle se montrait souriante et chaleureuse, et n'hésitait pas à l'aider quand il avait du mal à se déplacer, encore affaibli.
« Tu es malade ? demanda la dite Natacha, sans gêne.
- Ouais. Depuis que je suis tout petit. Avec de l'hyperacousie en plus, sinon c'est pas drôle. » répondit Matthew avec sarcasme.
Il continua, durant le repas et dans la soirée à discuter avec la rousse, il apprit à la connaître et il avait l'intime conviction qu'elle le comprenait mieux que personne. Il se surprit à l'apprécier, même s'il lui en voulait de lui avoir fait la morale comme elle l'avait fait. Natacha, s'étant attachée à l'adolescent et s'inquiétant pour sa santé encore faible, l'invita à rester encore un moment, ce qu'il accepta malgré son envie de retrouver Hoshi au plus vite.
* * *
« Au fait, déclara Natacha en s'asseyant à ses côtés sur le canapé, Yuu sur ses genoux.
Quel genre de pokémon est Hoshi ?
- C'est une Obalie, dit-il.
- Une Obalie à Sinnoh ? ... T'es sûr que tes souvenirs sont fiables ?
- Evidemment ! Elle était rose, et ses yeux noirs. Elle était unique ! C'est pour ça que je lui accordais tant d'importance. Elle m'apportait le sentiment d'être spécial... Et ce rose ressortait du blanc, du gris et du bleu que j'avais l'habitude de voir. En plus, je savais qu'elle m'aimait très sincèrement. Ça se voyait dans ses yeux. »Un silence s'installa à nouveau entre eux deux. Yuu dormait paisiblement sur les genoux de la rousse, qui la caressait doucement, attentive aux paroles de son protégé. Dans les yeux de celui-ci brillait l'amour qu'il portait à son amie rose. Soudainement, ces mêmes yeux se voilèrent de tristesse.
« Mais ça fait tant de temps... Elle était si timide et dépendante... Elle ne s'en est sûrement pas sortie. »Natacha ne lui répondit rien, se contentant de l'observer tristement. Le temps passa, la nuit tomba. Ils allèrent se coucher. Matthew, pour cette fois là et un moment encore, dormait sur le canapé.
« Le temps que j'aménage ta chambre. » lui avait expliqué la rousse.
Il lui avait pourtant dit de ne pas le faire : il ne resterait pas longtemps de toute façon. Mais la jeune femme semblait si passionnée qu'il la laissa faire.
* * *
Une semaine était passée, et Matthew n'était toujours pas parti. Il n'arrivait pas à contrôler sa peur de prendre l'avion.
Ce jour-là, il faisait une ballade avec son hôte et Yuu, qui, comme toujours, refusait de marcher à même le sol et préférait être portée convenablement par son « maître ». Celui-ci, cependant, était d'humeur un peu morose, s'inquiétant de plus en plus pour Hoshi. Il cachait cependant sa déprime en discutant gaiement avec son hôtesse, Natacha.
Subitement, alors que l'adolescent s'était accroupi pour observer une fleur de plus près, portant toujours l'Evoli, une boule rose apparut. Un rose/violet voyant, qu'on ne pouvait pas manquer, ainsi qu'un peu de beige. Lowell en tomba à la renverse, lâchant Yuu, et bégaya de maigres «
C-c-comment ?! » surpris.
« Bonjour Lana ! Enfin, je veux dire, Hoshi, s'exclama Natacha, s'agenouillant pour taper la tête de l'Obalie rose venant d'apparaître.
C'est elle, n'est-ce pas ? » questionna-t-elle en se tournant vers Matthew.
Celui-ci, pour toute réponse, se contenta d'attraper la boule dans ses bras et fondre en larmes, ignorant totalement la Yuu boueuse et râlant derrière lui.
* * *
Hoshi, car c'était bien elle, devint officiellement un pokémon de l'équipe. Et son premier, à vrai dire, puisque Yuu n'avait pas de pokéball. Il avait donc tenu sa promesse, et c'était tout ce qui comptait. D'ailleurs, il se demanda longtemps comment Hoshi avait réussi à atterrir à Kalos, mais abandonna bien vite. Il supposa qu'elle avait été capturée mais qu'elle avait réussi à s'en sortir d'une façon ou d'une autre, mais personne ne pouvait le lui confirmer, aussi cela resta une hypothèse.
Quoiqu'il en soit, malgré son rêve de partir à la conquête des badges en compagnie d'Hoshi, Matthew resta à Auffrac-les-Congères avec Natacha, sous prétexte qu'il le voulait. C'était vrai que ça ne lui déplaisait pas mais c'était surtout parce qu'il n'aimait pas l'idée de laisser la jeune femme rousse, qui l'avait aidé, crû et soutenu, seule. Aussi il était resté. Il s'était inscrit à une école et s'était remis aux études qu'il avait abandonné depuis sa fugue. Dans un certain sens, cela lui plût, surtout ceux de français puisqu'à Kalos, c'était la langue principale.
C'est ainsi qu'il passa trois ans à Kalos, étudiant, se mettant même à travailler dans un restaurant à temps partiel à l'âge de 16 ans. Cependant, à l'aube de ses 17 ans, la rousse s'énerva contre lui. Elle l'accusa d'être resté 3 ans à glander dans ce châlet, alors qu'il aurait pu parcourir des régions entières depuis le temps. Elle l'accusa d'avoir abandonné ses rêves.
L'adolescent ne comprit pas pourquoi la femme s'énervait contre lui seulement maintenant, et pas plus tôt. Celle-ci, pour toute réponse quand il le lui demanda, lui tendit le journal du jour. Le titre du jour :
« Daraen Corporation repris par SARL Maely suite au décès de son directeur. »Bien qu'il haïssait son paternel, Matthew fut extrêmement touché par sa mort. Les rumeurs disaient qu'il s'était suicidé, mais l'adolescent se doutait que la femme brune, désormais dirigeante des deux entreprises, était derrière tout ça.
Cela le bougea, et, remerciant Natacha, qu'il considérait comme sa grande soeur, il partit à l'aventure.
* * *
Il commença par l'île d'Alera, attiré par ses sources chaudes. Il s'y plaisait, notamment car c'était naturel et pas énormément connu, aussi les gens y étaient peu nombreux. Il s'était loué un appartement, afin d'être tranquille, et vivait presque comme un parfait citadin, à une différence : il s'entraînait pour tenter d'avoir les 4 badges de l'île. Mais un jour, il reçu un colis un peu étrange, qui disait venir de sa chère « grande soeur ».
Avec ce colis, une lettre, écrite en français, évidemment, qu'il lut minutieusement.
« Hello bro' ! J'espère que tu vas bien, parce que moi ouais ! Hikari s'améliore de jour en jour, c'est fou. Mais j'hésite encore à la faire évoluer ceci-dit. Je veux dire... Elle est pas trop KAWAIIII ? [photo d'Hikari] Si, pas vrai ? Bah ! Quoi qu'il en soit, j'espère que tu t'entraînes dur pour botter les fesses aux champions ! N'oublie pas d'aussi entraîner Yuu, même si elle se montre résignante.
Je t'envoie un autre ami, histoire que tu puisses te vanter d'avoir une équipe de bg. Ah et, je t'en prie. Ne fais pas de crise cardiaque en le voyant.
- Natachatte. ♥
PS : un petit conseil d'ami : fais-le sortir en intérieur, ffenêtre fermé. Voilà voilà. ♥ »Dans la boîte, une pokéball. Comme le lui avait conseillée son amie, il s'enferma dans son salon, et ouvrit la ball, ayant un peu peur de découvrir la créature se trouvant à l'intérieur.
Et il y avait de quoi ! Cette rousse lui avait envoyé un Tylton ! Un pokémon vol ! Un oiseau ! Comment était-il censé s'en occupé avec la peur bleue qu'il avait d'eux ?!
Il réussit non sans mal à s'habituer à l'oiseau. Celui-ci, bien qu'aimant faire des tours, se trouvait être gentil mais, surtout, Yuu et Hoshi arrivaient à mettre Matthew en confiance face à l'oiseau bleu, qui fut renommé Sly.
Bien sûr, bien qu'il ait Sly depuis des mois aujourd'hui, Lowell ne s'est toujours pas fait à lui. Il a encore peur de le faire sortir trop souvent, et ne le fait pas combattre aussi souvent qu'il le voudrait. Mais au moins, il ne reste plus prétrifé dès qu'il l'aperçoit, ce qui en soit, est un progrès énorme.
Désormais, en plus de sa conquête des badges, il doit conquérir sa phobie...