J'étirais mes jambes et mes bras avant de bâiller. Cette journée m'avait parue tellement longue que j'avais l'impression d'être resté assis devant mon ordinateur pendant plusieurs jours, alors que ça ne faisait que 6h que je travaillais. Je n'avais pas bougé de mon bureau. Une tasse de café à la main, je rédigeais mes articles pour le prochain numéro de l'Alerien Libre qui n'allait pas tarder à sortir. Il fallait que je termine ça avant ce soir, et j'avais dû réécrire mes articles plusieurs fois. Je n'étais jamais entièrement satisfait de moi et je n'arrêtais pas de recommencer, ce qui mine de rien me faisait bien souvent tenir toute la journée.
Je n'avais même pas mangé à midi, et il était déjà 15h. Trop tard pour manger donc. Je m'étais dit que je pouvais bien attendre le soir, je n'avais pas tellement faim de toute façon. En revanche, je décidais d'arrêter là. Je pourrais bien revoir un peu ce soir juste avant d'envoyer mes articles, mais normalement, ça devrait être bon. De toute façon je devais bien sortir puisque j'avais rendez-vous. Et pour une fois, ce n'étais pas pour un sujet d'article ou une interview. Mais pour quelque chose de beaucoup plus personnel : une adoption.
Trois semaines auparavant, j'étais allé rendre visite au vieux couple de la pension pour leur faire une petite interview. Ils nous envoyaient aussi régulièrement la liste de leurs pensionnaires prêts à l'adoption, et nous diffusion le billet dans notre journal. Nous avions donc régulièrement des contacts avec eux. Il y a quelques jours, une de leur demande avait attiré mon attention. Une Tortipouss, dont on recherchais quelqu'un pour l'adopter. J'avais toujours adoré ces Pokemon, mais ils étaient très rares dans la nature et je n'avais jamais eu la chance de pouvoir en capturer. J'étais tombé sous le charme de la description qu'ils en avait faite, je dois bien l'avouer, et j'avais appelé pour la réserver. Il était aujourd'hui temps d'aller la chercher.

Après m'être enfin décidé à détourner mes yeux de l'écran et de mes papiers, après m'être décidé à me lever de ma chaise et surtout après avoir fini ma tasse de café d'une gorgée, j’enfilai mon grand manteau blanc et sortit enfin dans la chaleur de l'après-midi. Mon manteau serait peut-être un peu de trop.
J'avais décidé de prendre ma voiture pour être sûr d'être à l'heure. Constatant la chaleur étouffante à l'intérieur du véhicule, je balançait mon pardessus sur la plage arrière avant de démarrer. J’ouvrai les fenêtres pour faire un peu d'air frais et allumait la radio.
La musique m'aidait à conduire. Je crois que ça me détendait... et me faisait me sentir moins seul, éventuellement.

Après plusieurs minutes de trajets, je vis enfin apparaître la maison qui servait de refuge Pokemon. J'avais dû prendre plusieurs chemins de terres pour y accéder, car la bâtiment en question se trouvait être en plein milieu de la campagne. D'un autre côté, ce n'était pas si mal pour les Pokemon qui y vivaient : c'était un cadre parfait pour eux, de pouvoir s'épanouir en pleine nature... En espérant que ce n'était pas trop le dépaysement pour eux si les dresseurs qui les adoptaient les ramenaient dans une grande ville. Oh, je sais que l'on dit qu'un Pokemon est capable de s'adapter à n'importe quel environnement, mais tout de même, ça ne doit pas être si simple que ça, au début.

Hors de la voiture, je respirait un grand coup. Puis, je me dirigeait finalement vers la Maison Pokemon. Ayant prévenu de ma visite, et après avoir frappé à la porte, les propriétaires m'ouvrirent et m'offrirent un large sourire, sachant très bien ce que j'étais venu chercher.

« Vous devez être Samuel Dante. Je vous en prie, entrez. »

Je les suis donc. L'intérieur ressemblait à un chalet de montagne, l'ambiance se voulant conviviale et chaleureuse. Mais la plus belle partie de l'endroit se trouvait bien évidemment à l'extérieur, dans le jardin qui accueillait tous les pensionnaires du refuge.
C'est en un coup d’œil que j’aperçus celle que je devais adopter. Après un hochement de tête de la vieille dame, je m'approchais doucement de la Tortipouss qui jouait à courir après un Teddiursa. Me remarquant, elle se stoppa net et leva sa tête vers moi. Est-ce qu'elle savait que je devais venir la chercher ? Sûrement que les propriétaires le lui avait dit. Ou alors, c'était une sorte d'instinct, ça je ne pouvais pas le savoir. Elle pencha la tête sur le côté, et je m’accroupis avant de tendre la main vers elle. Elle la fixa un long moment, comme plongée dans une étrange réflexion, et ouvrit légèrement la bouche.

« Soyez prudent, cette petite a la manie de mâchouiller un peu près tout »

J'eu un petit rire. Elle semblait pourtant si gentille ! Mais je repliais vite le bras contre moi, évitant par la même occasion un coup de morsure sur les doigts. Ses mâchoires claquèrent à l'endroit exact où se trouvait ma main une seconde avant, et je fut reconnaissant envers la vieille dame de m'avoir averti.

« Bah alors? Je ne peux même pas te caresser ? »

La petite tortue fit non de la tête, et je laissait échapper un autre rire. Décidément, elle était rigolote, cette Tortipouss! Elle continua de me regarder, on aurait dit qu'elle me détaillait de la tête au pied pour savoir si j'étais un dresseur digne d'elle. Puis, elle s'approcha un peu.

« Tu me laisse faire cette fois? Et, je t'en pris... ne me mord pas! Je suis journaliste, ne plus avoir de main risquerait d'être compliqué pour mon travail! »

Regard étonné de la part de l'animal qui finit par tendre la tête, pour se laisser caresser cette fois. Je lui grattais le cou, la laissant apprécier. Bon, on peut dire que l'on s'entendait déjà bien, n'est-ce pas? Le fait qu'un Pokemon vous laisse toucher le dessous de sa tête est un signe de confiance, d'après ce que j'ai appris.
J'attrapais dans mon sac en bandoulière une baie que j'avais préparé rien que pour l'occasion et la tendit à le femelle qui, n'étant plus hésitante le moins du monde à mon égard, s'en empara et n'en fit qu'une bouchée.

« Pas étonnant, vu son appétit d'ogre! » fit la gérante de la pension.


Je me dit que cette petite aller rafler une bonne partie de mes réserves de nourriture, j'espérait qu'elle n'était pas trop exigeante à ce niveau. Mais elle semblait aimer manger de tout, du moment qu'elle... mangeait.

Après avoir passé quelques minutes à caresser la tortue et à faire connaissance à ma future amie, je désignait la Pokeball que je venais de sortir de ma poche et, voyant que la petite n'offrait aucune résistance, je l'utilisait sur elle.
Les propriétaires me félicitèrent et me précisèrent que, si je voulais revenir, c'était avec plaisir. Sur le chemin du retour, je me mis à réfléchir à un nom pour ma nouvelle amie. Beaucoup me venaient en tête mais je ne m'étais pas encore décidé. Et finalement, mon choix se fit... un peu par hasard. Kupenda. Je trouvait que cela sonnait bien. Cela signifiait ''plante'' dans une langue dont le nom m'a échappé. Quoi qu'il en soit, j'avais là une nouvelle venue dans l'équipe...