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 Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]

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Rafaël B. Roen
Rafaël B. Roen

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A DÉBARQUÉ SUR L'ÎLE LE : 10/06/2014

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MessageSujet: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeLun 31 Aoû - 16:27

Ceux qui disent et ceux qui prouvent
Vincent N. Rey & Rafaël B. Roen

« RDV à l'entrée sud de la montagne d'Onnen, demain 10 heures. »

Lorsque le téléphone s'était allumé pour divulguer son message, rien n'avait bougé dans la petite chambre entrouverte d'un des hôtels de Mell. Le bruit s'était tu, la lumière s'était éteinte. Le portable était redevenu oublié, perdu au fond du sac abandonné de la gitane. Dans l'obscurité d'un coin de la pièce, la jeune femme à moitié nue s'était recroquevillée, tremblante.

* * *

Neuf heures et quarante-trois minutes. Elle n'était pas particulièrement en retard, ce matin-là. Voilà qui devrait faire plaisir au lieutenant, si celui-ci se souvenait de ses habituels retards les mois passés. S'il se souvenait d'elle. Il fallait dire que depuis plus d'un mois, les deux jeunes gens s'évitaient nettement. Si au début, Rafaël aurait répondu que c'était elle qui l'évitait évidemment depuis leur... baiser – parce que ça en avait été un, non ? Ça comptait ? Non, elle avait dit qu'elle cesserait de se prendre la tête sur le sujet -, ces derniers jours, elle s'était rendue compte que le lieutenant Rey l'ignorait tout autant qu'elle le fuyait. Des ordres de missions envoyés par sms, comme la veille, plus de rencontre autour d'un café-machine le matin à huit heures, plus un regard, et un supérieur absent qui l'envoyait faire ses rapports au Sergent.
Oui, Neel l'évitait clairement. Et peut-être n'aurait-il pas dû.

Serrant le poing, la gitane à la lèvre fendue s'engagea sur le sentier. Thane gambadait derrière elle, libéré depuis son départ de Mell, curieux et silencieux. Il était son compagnon du matin, lui qui aimait tant creuser le sol de ses griffes pour un oui ou pour un non. Souvent, lors de ses allers et retours, elle le sortait de sa pokéball. Simplement pour avoir sa compagnie. Pour que les heures passées seule sur les routes soient moins pénibles.
En vérité, la gitane crevait de solitude.

À moins cinq, Rafaël s'arrêtait au point de rendez-vous. L'entrée sud de la montagne d'Onnen était celle qui permettait d'atteindre la fameuse arène du Champion, selon les divers panneaux qui trônaient tout autour. « Avis aux plus courageux, notre Champion est chaud comme la braise ! » … C'était de fort mauvais goût. Le jeune Champion du village cautionnait-il vraiment ça ? Le visage fermé, la jeune sbire observait autour d'elle, son sac en bandoulière serré contre sa hanche. Ce passage de la montagne était le plus fréquenté, entre les touristes et les dresseurs, et elle ne comprenait vraiment pas pourquoi le lieutenant l'avait fait venir ici. D'ailleurs, elle ne savait encore rien de sa mission. Recensement, exploration ? Serait-elle avec Neel en personne ? Ça m'étonnerait, étant donné son (leur) comportement des semaines passés. Soudain, un pique d'inquiétude monta en elle. Si ce n'était pas avec lui, alors, avec qui ? Tout, mais sauf un sbire. Ou alors Aaron, elle l'aimait bien Aaron, elle pourrait passer sa vie en mission avec lui. Ou bien même Crimsonfall. Mais personne d'autre, pitié, personne d'autre.

Perdue dans son gros pull d'hiver, quelque peu en avance pour la saison malgré le mauvais temps de la semaine, Rafaël regardait le sommet de la montagne, priant on ne sait quel dieu de lui offrir Aaron pour la mission du jour. Elle faisait toujours un peu à part, avec son jean gris un peu troué et son gros pull bleu nuit. Avec ses cheveux noirs en fouillis et ses yeux clairs, son grand sac de cuir, son regard perdu dans on ne savait quel songe. Avec sa lèvre fendue et son léger bleu sur la joue. Son air lointain, inaccessible, solitaire. Le Sablaireau, à ses pieds, vint frotter sa tête contre son mollet, les yeux noirs inquisiteurs. Elle se pencha pour le caresser, tendre. Ne dit rien. Même à ses Pokémon, elle n'était capable que d'offrir le minimum de l'affection. Baissant le regard, la jeune femme attrapa la pokéball rouge dans son sac et le rentra à l'intérieur.
Parce que parfois, il n'y avait pas de mots.

CODES © LITTLE WOLF.
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Vincent N. Rey
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeLun 31 Aoû - 17:26

_______Ce matin là, ce fut le bruit d'un orage éclatant qui éveilla Neel bien avant le réveil de son téléphone. Le lieutenant ouvrit les yeux, se retrouvant sur le ventre dans son lit, la couette ne recouvrant qu'à moitié son dos nu. Il prit quelques secondes pour s'éveiller alors que la pluie frappait à la fenêtre de sa chambre. Les rideaux n'étant pas entièrement fermés, une douce lumière filtrait dans la pièce à travers les trous. Pas de quoi révéler les couleurs, mais assez pour plonger dans la chambre dans une délicate torpeur où on pouvait distinguer les formes. Le lieutenant fit glisser son regard sur le mur. Gris. A cette heure ci, tout était gris.
Neel se massa la figure et se redressa. Quelle heure était-il d'ailleurs ? Il attrapa son téléphone. Six heures huit du matin. L'orage lui avait perdre une demi-heure de sommeil environ, mais il n'allait pas râler. Le temps allait se rafraîchir avec ça et il y en avait bien besoin. La chaleur de ces derniers jours avaient été étouffante. Vincent détestait la chaleur.

Le rouquin quitta alors son lit et il s'approcha de la fenêtre, ouvrant les rideaux pour voir le ciel gris inonder la terre de ses eaux. Le bitume devant l'hôtel était noyé et quelques parapluies couvraient les lève-tôt du jour. Neel se massa la nuque. Il avait besoin d'un café. Voire deux. Aujourd'hui serait une journée compliquée, il le sentait.


oOo


_______Ça n'avait été qu'un baiser. Un simple baiser. Rien de plus. Combien de femmes Neel avait-il déjà embrassé ? … Pas tant que ça à vrai dire. Ses relations ne dépassaient pas le stade du coup d'un soir. Un seul soir où les draps se froissaient et où les corps se rencontraient sans jamais vraiment se connaître. Parfois il y avait eu des baisers dans le feu de l'action, mais rien de tendre. C'était toujours un peu brusque, rapide, avec un goût d'alcool et de tabac en arrière fond. Rien de mémorable. Rien d'important. Un instant fugace embrumé par des vapeurs d'éthanol. Alors pourquoi diable ce baiser là l'avait-il autant secoué ? Ça n'avait duré que quelques secondes. Quelques secondes qui s'étaient changées en éternité malgré lui. Il se souvenait encore. Le regard choqué de la gitane avant qu'elle ne prenne la fuite. Mais en même, qu'y avait-il d'autre à faire ? Que dire ? C'était pour le mieux. Le lieutenant n'aurait pas su expliquer son geste. Il ne le pouvait toujours pas. Et pourtant, il le savait. Quelque chose en lui avait changé. Une petite bougie s'était allumée. Douce, fébrile. Ça lui faisait peur quelque part... alors il s'était éloigné de la gitane plus ou moins inconsciemment. Pour la première fois de sa vie, Neel se sentait complètement décontenancé. Perdu. Comme un enfant. Il détestait ça.
Alors que sa voiture arrivait sur Onnen, le rouquin inspira longuement avant de souffler. Ça allait. Pas besoin de parler après tout. Il n'avait qu'à faire comme d'habitude. Se montrer froid, comme son rang le devait. Ça irait. Il n'était pas le genre à flancher.

Il se gara non loin du village et mit pied à terre. Ça irait.

Le temps s'étant calmé peu après son départ, le lieutenant n'avait plus à craindre de finir trempé. Il réajusta son éternel blouson en cuir sombre et s'approcha du lieu de rendez-vous, pile à l'heure. Le rouquin fut toutefois surpris de déjà voir une silhouette l'attendre. A l'heure pour une fois. Il allait devoir se méfier, ils risquaient d'avoir une tempête de neige pour compenser ce miracle.


Un pas en direction de la  jeune femme. Un autre. Le plus naturellement du monde. Droit, fier. Ça irait. Ça allait. Il n'avait pas de quoi se prendre la tête inutilement. Tout était normal. Ils allaient faire cette mission rapidement et rentrer ensuite, puis se séparer. Comme si rien ne s'était jamais passé. C'est alors que son regard croisa celui de la gitane.

Ce regard qu'il avait cherché à éviter pendant d'un mois. Avait-elle toujours eu cette pointe de vert dans le gris de ses iris ? Il ne se souvenait pas l'avoir vu avant. Ses yeux glissèrent sur ses cheveux de jais un instant avant d'être attiré par une marque sur sa joue. Un bleu. Plus bas, une coupure sur ses lèvres. Neel se figea dans sa marche. Moins d'une seconde avant de la reprendre pour s'arrêter à un mètre de la gitane. Il avait serré les dents sans s'en rendre compte, se sentant soudain pris par une colère sourde. Il regarda sans un mot la brune dans son ensemble. Encore un pas pour se rapprocher d'elle et il posa une main un peu brusque sous son visage, son pouce et son index soulevant son menton.

« Comment t'es-tu fait ça ? Fit-il d'une voix posée mais cassante. »

Pour l'instant, tout ce qui le préoccupait quelques secondes auparavant avait disparu. Une seule question s'était imposée à son esprit. Qui était le fils de p*te qui lui avait ça ?
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeLun 31 Aoû - 18:00


Dans tes yeux je m'abandonne


Un éclat rubis au coin de ses yeux l'interpella. Silencieuse, Rafaël redressa la tête. Là, il était là. Il approchait, de sa démarche fière, le pas certain et la tête haute. Leurs regards ne se rencontrèrent qu'un instant, puis la gitane baissa les yeux tandis qu'elle lui faisait face.
Soudainement, le souvenir d'une trace sur ses lèvres venait de lui revenir. La mémoire d'un corps qui se rapproche, de la lumière qui se tasse, de la chaleur que peuvent former deux corps lorsqu'ils sont unis. Un poids sur sa bouche, une légère humidité, un creux au fond de son ventre qu'elle n'avait encore jamais ressenti. Plus troublée que ce à quoi elle s'était préparée, la gitane ferma les yeux un moment, prit le temps de souffler, de prendre sur elle, de se refermer juste assez pour se protéger. Ils n'en avaient jamais reparlé. Il ne s'était plus croisés. Cela faisait plus d'un mois.

Tourmentée, elle leva les yeux vers lui. Elle voulait recroiser son regard. Il lui avait semblé presque tendre. Mais au moment où elle le regarda de nouveau, la jeune sbire se figea. Le lieutenant semblait s'être endurci, le regard enflammé, et il approchait plus vite d'elle, si vite qu'elle prit peur et recula d'un pas. Le geste fut vain, puisqu'à la seconde suivante, Rey attrapa son visage pour le tourner brusquement vers lui. Apeurée, un peu choquée, la gitane n'eut d'autre choix que de le laisser faire.

« Comment t'es-tu fait ça ? »

Lança-t-il, cassant. Rafaël le regarda sans rien dire, ses yeux grands ouverts sur son visage. Perdue. En quelques secondes, Neel venait de tout perdre de la mince confiance qu'elle avait pu lui accorder. Tout perdre de cette fine partie qu'il aurait pu apercevoir, cachée sous la carapace, s'il s'était doucement penché pour regarder. La gitane se ferma, se renferma. Elle attrapa sèchement le poignet de Neel pour le faire lâcher et retira tout aussi vite ses doigts comme de peur d'être brûlée.

À droite, un couple de dresseurs qui passait leur jeta un regard partagé. La sbire baissa de nouveau la tête, laissant sa frange longue lui recouvrir en partie les yeux. Elle serra ses bras contre elle, dans son gros pull, pour ne pas laisser à Neel la possibilité de la tirer encore dans on ne sait quel coin plus tranquille. Et elle fouilla rapidement sa cervelle pour trouver une excuse plus digne que le traditionnel « je suis tombée dans l'escalier », tellement usé qu'il était devenu un gag aujourd'hui.

- … C'est en mission. Un Pokémon, à la Pension. Un coup de patte.

Sa voix était toujours aussi basse qu'à son habitude. Mais l'excuse pourrait passer, étant donné qu'on l'envoyait dans cette fichue pension toutes les semaines et qu'elle y était retournée la veille. Et dans le cas où ça ne convaincrait pas le lieutenant, il n'aurait rien d'autre en réponse.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeLun 31 Aoû - 18:38

______Alors que Neel observait les blessures de la gitane en fronçant les sourcils, cette dernière repoussa sèchement sa main en attrapant son poignet. Neel ne fit rien pour l'en empêcher, il ne s'en vexa même pas. Un autre se serait vu aussitôt plaqué contre un mur et à moitié étranglé pour ça. Sauf que là il était en colère, mais pas contre elle.

« … C'est en mission. Un Pokémon, à la Pension. Un coup de patte. »

Le rouquin l'observa un instant sans rien dire. Qui croyait-elle tromper en baissant ainsi le regard pour se cacher, ramenant ses bras contre elle dans une vaine tentative de se protéger. Neel tiqua. Agacé qu'elle lui mente ainsi. Un coup de patte ? Si le rouquin savait bien reconnaître une chose, c'était une blessure due à coup de poing. Un pokémon, surtout les bébés de la pension, ne lui auraient pas laissé ce genre de marque.

« Ne te fous pas de moi, gronda-t-il. »

Ça l'énervait. Il se pinça l'intérieur de la joue entre ses canines, ayant soudaine l'envie d'avoir un bâton de nicotine entre ses lèvres mais trop concentré sur la jeune femme pour prendre le temps d'en attraper un. Qu'est-ce qu'elle pensait gagner à lui mentir de la sorte ?!

« Je vais reposer ma question. Qui t'as fait ça ? Fit-il sans changer de ton. »

Ce soir, il y aurait un membre de moins dans la team. Il sentait déjà sa main se crisper dans l'impatience de frapper le responsable. Il se sentait hors de lui. Franchement, celui qui avait fait ça allait le regretter. Il-

Neel se stoppa dans son flux de pensée. Pourquoi est-ce qu'il se mettait autant en rogne ? Après tout, il y avait souvent des accrochages entre les sbires et tant qu'ils étaient aptes à travailler, il s'en était toujours fiché. C'était leurs histoires, il n'était pas là pour faire garderie mais pour donner des ordres. Alors pourquoi cette colère en lui ? Il observa la gitane. Oui. Parce que c'était elle. Pas un sbire parmi tant d'autres dont il était incapable de se souvenir du nom. Parce que c'était Rafaël. Le regard si dur du lieutenant s'adoucit un peu alors que le feu de la colère diminuait pour en alimenter un autre plus doux quelque part. Il vint fouiller dans une des poches intérieures de son blouson et il en sortit un mouchoir gris en tissu. Avec le temps, il avait appris qu'il était toujours bon d'en avoir un sur soi. Quand on se blessait en mission, c'était mieux de pouvoir éponger le sang un minimum. Le pistolet glissait parfois quand les doigts étaient carmins. Il vint le tendre à la jeune femme. Dans son regard, toujours un peu de colère, mais un brin d’incertitude à présent.

« Arrange ta lèvre, la plaie n'est pas fermée, fit-il sur un ton plus calme. »

Après quoi, le lieutenant se redressa, se reprit. Ça allait. La gitane venait de le lui démontrer. Rien ne changeait, rien ne s'était passé. Très bien. Il n'avait pas le temps de jouer les chaperons. Pourtant, quelque part... ça l'agaça. Si bien qu'il reprit son ton désagréable.

« On a une mission à faire, suis-moi, ordonna-t-il en commençant à s'éloigner. »
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeMar 1 Sep - 19:21


Dans tes yeux je m'abandonne


« Ne te fous pas de moi. »

Un grondement. Visiblement, l'excuse n'était pas passée. La gitane se crispa un peu et, machinalement, elle serra davantage ses bras dans l'épaisseur de son pull et de sa poitrine. Silencieuse, le regard toujours baissé, fuyant.

« Je vais reposer ma question. Qui t'as fait ça ? »

Son ton cassant l'intimidait, bien évidemment. Pour autant la gitane avait dans ses qualités le don d'être têtue comme une mule et si elle avait décidé de baisser la tête et de ne rien dire, elle garderait tête baissée et se tairait, tout simplement. Le lieutenant ne lâcherait peut-être pas l'affaire, mais Rafaël n'avait aucune raison de lui répondre. Aucune envie de revenir sur le sujet. Alors elle se convaincrait elle-même que c'était un Pokémon, dans sa maladresse, qui lui avait marqué le visage et rien d'autre.
La jeune femme parvenait très facilement à penser ainsi. Pour passer à autre chose.

Il y eut un bref éclat de couleur dans son regard et les bras toujours serrés contre elle, la sbire leva les yeux. Neel lui tendait un mouchoir en tissu.

« Arrange ta lèvre, la plaie n'est pas fermée. »

Était-ce le ton de sa voix ou son geste qui étonna le plus la gitane ? Rafaël se détendit légèrement, hésita, décroisa les bras pour attraper le tissu gris, premièrement un peu penaud. Elle regarda un instant le tissu fin, brodé aux contours. Ce n'était assurément pas un linge acheté au premier supermarché du coin. Et comme elle voyait très mal le lieutenant arpenter les magasins spécialisés, elle supposa que cela devait lui venir de sa famille. Rafaël jeta un coup d’œil au rouquin, puis elle tapota légèrement sa lèvre avec le tissu. Un peu de sang. Elle avait dû se la mordre tout à l'heure par inadvertance, la plaie était encore fraîche, pas encore totalement refermée. Après quoi, la gitane serra doucement le tissu gris dans sa main.

- … merci, souffla-t-elle.

Elle ne savait jamais si, dans ces moments-là, sa voix n'était pas trop faible, trop peu portante, trop peu entendue, trop peu digne d'intérêt. Car jamais Neel ne lui avait répondu.

« On a une mission à faire, suis-moi. »

L'ordre avait fusé et déjà, l'homme s'éloignait vers le côté de la montagne. Rafaël, elle, resta plantée là, silencieuse. Blessée sans en connaître la raison. Elle observa quelques secondes la silhouette du rouquin disparaître vers le flanc de la montagne puis elle baissa les yeux vers le mouchoir gris tâché de sang. Elle le rangea dans la poche de son jean et suivit le lieutenant, plus par dépit que par envie.

Ils ne se rendaient pas au cœur de la montagne, alors, comme elle l'aurait pensé. Boudant l'entrée sud pleine de touristes, le lieutenant Rey semblait contourner la montagne par l'est, des sillons montagneux bien moins prisés des dresseurs. De toute évidence, il recherchait un coin tranquille, une autre entrée, peut-être ? Rafaël, qui le suivait à une distance raisonnable, commençait à s'interroger.
Mais après presque une heure de marche en hauteur, alors qu'ils ne cessaient de grimper, le pied sûr de la montagnarde lui fit défaut. Elle qui commençait à fatiguer de sa nuit blanche, elle qui n'avait plus l'habitude de l'altitude, elle glissa sur une pierre branlante et chuta brutalement à quatre pattes sur les rochers en grimaçant. La pierre, elle, roula quelques mètres sur le chemin escarpé avant de plonger dans le vide.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeMar 1 Sep - 21:08

____La mission avait débuté de façon officielle et Neel avait commencé à arpenter des chemins peu fréquentés, voire même hors piste si on pouvait dire ainsi. Pas question de passer par un endroit pullulant de touristes. Et puis... c'était surtout la seule route. Au final, heureusement qu'il n'avait pas allumé de cigarette. Ça lui aurait étouffé la gorge et bloqué un peu la respiration. Gros fumeur, il avait l'habitude. Mais quand il s'agissait de grimper une pente rocheuse, il était bon d'avoir les poumons libres pour adapter sa respiration et ne pas manquer d'énergie à chaque pas. Surtout que la montée allait être longue.

Après une heure de route ponctuée de coups d’œil discrets en arrière pour s'assurer que la gitane suivait un bruit de chute se fit entendre.
Le bruit de la pierre qui s'écrasa contre ses semblables avant de disparaître dans le vide serra l'estomac du lieutenant alors qu'il voyait la brune à terre. Ça aurait pu être elle. Elle qui aurait pu glisser hors du sentier pour s'écraser des dizaines, centaines de mètre plus bas.

« Fais attention où tu mets les pieds, bon sang ! »

Le rouquin fit alors demi tour quelques mètres plus bas pour arriver au niveau de la sbire. Il lui prit un bras pour la redresser un peu brusquement alors que ses yeux la scrutaient de haut en bas pour évaluer les dégâts. Avec son pantalon c'était difficile à dire, mais vu les taches de terre dessus et le tissu malmené, il était prêt à parier qu'elle s'était écorchée. Et ses mains... ce n'était pas mieux. Il fit claquer sa langue contre son palais dans un tic agacé.

« Tu es vraiment bonne à rien. »

Sur ce, sans prévenir, il souleva la gitane dans ses bras. Un dans son dos et l'autre sous ses genoux. La facilité avec laquelle il l'avait levée le choqua d'ailleurs un peu. Certes, il avait de la force, mais elle lui semblait vraiment légère. Mangeait-elle assez au moins ? Il fronça les sourcils puis se remit en marche dans le sentier, la sbire toujours dans ses bras. Parce que cette idiote n'était pas fichue de faire un pas sans tomber et qu'il en avait besoin pour la mission. Rien de plus.
Le rouquin reprit alors la montée, faisant attention à chacun de ses pas pour ne pas perdre son équilibre. Heureusement qu'ils avaient déjà bien avancé, il n'y avait plus beaucoup à grimper. Vraiment, tomber à la fin... C'était bien le genre de cette idiote. Quand il arriva sur une zone plate de la montagne il observa rapidement autour de lui et fit s'asseoir la jeune femme dans ses bras sur un rocher.

« Montre moi tes genoux, grogna-t-il en s'agenouillant devant elle. »

Il tendit une main vers elle.
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Rafaël B. Roen
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeMer 9 Sep - 11:04


Dans tes yeux je m'abandonne


«  … 'es pieds, bon sang ! »

Seuls les derniers mots de sa phrase furent entendus par la gitane, encore sous le choc de sa chute précipitée. Les genoux et les paumes douloureuses, Rafaël fixait la terre rocheuse devant elle, tremblante, haletante. Le cœur battant à tout rompre. Elle avait glissé de quelques mètres en chutant ainsi, le chemin étant assez en pente. Tandis que ses sens lui revenaient lentement, elle entendit distinctement des bruits de pas précipités venir à sa rencontre, faisant encore glisser quelques morceaux de terre et de roche au niveau de ses mains.
Brusquement, on la redressa en saisissant son bras et la sbire gémit vaguement de surprise et de douleur. Elle leva les yeux, encore un peu décontenancée du vertige qui l'avait prise. Neel la scrutait de bas en haut, l'air (comme d'habitude) profondément agacé. Elle entrouvrit la bouche mais fut coupée aussitôt.

« Tu es vraiment bonne à rien. »

Soudain, elle sentit le sol sous ses pieds se dérober et lâcha un petit cri de détresse. Jusqu'à comprendre. Un bras sous ses genoux, un autre dans son dos, et tout son corps plaquée contre le torse large du lieutenant. Elle leva les yeux, effarée. Neel venait de l'attraper dans ses bras et il la tenait contre elle. Aussitôt, la gitane se tendit de tout son corps et devint aussi dure et crispée qu'une poupée. Mon dieu, mon dieu, mon dieu.
Et quand cet imbécile se remit en mouvement, elle comprit qu'il la portait pour continuer le chemin sans risquer une nouvelle chute. Les yeux grands ouverts, figée et tétanisée, Rafaël ne put que se laisser faire. Pour ne pas risquer de les faire tous deux tomber dans le vide, il était préférable de ne pas tenter de bouger. Mais également parce qu'elle était totalement sous le choc.

Après un temps qui lui sembla être une éternité, Neel la reposa au sol. Heureusement d'ailleurs qu'il le fit avec une certaine douceur et qu'il ne chercha pas à la remettre debout, car la gitane se serait effondrée à nouveau. Elle se retrouva assise sur une surface dure – un rocher ? - et se détendit, se décrispa lentement. Très lentement. Quand Neel vint s'agenouiller devant elle, il eut droit à un nouveau regard effaré.

« Montre moi tes genoux. »

Grogna-t-il en tendant une main vers sa jambe. Ce fut le geste qui, cette fois, fit réagir la pseudo-archéologue. Vif comme l'éclair, elle frappa sa main pour la repousser violemment, comme elle l'avait fait le jour de leur première rencontre. Non, crièrent ses yeux, écarquillés de peur. Elle se recula vivement, se cognant le dos contre un autre rocher derrière elle en cherchant à le fuir.

- Ne me touchez pas !

Cracha-t-elle, tendue au possible. Toute son attitude respirait la peur et effarouchée, échaudée, la sbire cherchait à fuir la proximité actuelle avec le lieutenant. Elle ne payait pas de mine, avec son air terrifié, ses genoux en sang et son vêtement maculé de terre. Mais son visage aux traits sauvages exprimait une peur et une haine désarmantes. Une fois encore, Rafaël chercha à se redresser en reculant, et après s'être cogné le dos une fois, deux fois, après avoir tâché du sang présent sur sa main le rocher gris, elle parvint à se mettre debout et s'éloigna aussitôt du rouquin.
Là, enfin à quelques mètres de lui, la jeune femme sembla quelque peu s'apaiser. Haletante, elle baissa les yeux vers ses mains écorchées et tremblantes, encore sous le choc. Les yeux humides, elle voyait trouble. Maintenant que doucement la raison lui revenait, Rafaël se rendit compte que tout son corps avait agi sans réfléchir et elle leva les yeux vers Neel, apeurée.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeSam 12 Sep - 11:07

_____Si elle était légère, voire même trop, la gitane était étonnamment crispée dans les bras du lieutenant. Enfin... Ce n'était pas si étonnant que ça vu la situation en y regardant bien. Qui n'aurait pas une montée de stress monstre en ayant une telle proximité avec le lieutenant rocket dont la violence n'était un secret pour personne ? Mais cela n'effleura pas tellement Neel. Il remarqua simplement à quel point elle était figée alors qu'il avançait dans le chemin escarpé. Était ce parce qu'elle avait mal ou était-elle simplement terrorisée d'être aussi proche que lui ? L'option numéro deux semblait la plus probable. Mais pour le coup... Neel ne voyait pas ce qui lui valait un tel traitement. C'était comme son regard noir quant ils s'étaient rejoints pour la mission. Vraiment, cette attitude agaçait le lieutenant, mais il n'en dit rien et continua sa marche.


oOo



_____« Ne me touchez pas ! »


_____C'était ce que lui avait crié la gitane en giflant sa main quand il avait voulu voir son genou. Sur le moment, Neel s'en était figé de surprise. Ça, il ne l'avait pas vu venir. Et devant lui, la brune cherchait à présent à reculer maladroitement, à le fuir comme la peste. Ses gesticulations auraient pu être assez drôles -on aurait dit un Magicarpe en pleine attaque trempette- si les yeux de la jeune femme n'affichaient pas un tel sentiment de peur et de haine en cet instant.

Pour Neel, ce fut l'incompréhension totale.

D'accord. En temps normal, c'était un connard. Enfin. Neel ne se considérait pas lui même de la sorte, mais il savait que son tempérament violent et son mauvais caractère effrayaient les autres. Et ça lui convenait parfaitement ainsi. En tant que lieutenant, il se devait de se faire respecter par les sbires et peu importe si ça devait passer par la peur. Il n'était pas là pour se faire des amis.
Mais là... il ne voyait pas ce qu'il avait pu faire pour mériter un tel regard. Surtout après les derniers événements. Alors qu'il ne faisait en cet instant que s'inquiéter... que vouloir s'assurer de son état de santé pour le reste de la mission.

Rafaël finalement réussit à se mettre debout pour poser entre eux deux une distance de quelques mètres. Neel la suivit du regard, profondément perplexe quant à son comportement. On aurait dit une enfant qui venait de perdre sa mère de vue, elle semblait complètement désorientée. Le lieutenant de team se remit debout à son tour et il fixa la gitane, fronçant les sourcils tout en la scrutant. Elle semblait totalement terrorisée, comme s'il allait la frapper ou autre chose. C'était un regard qui connaissait bien. C'était celui qu'avait eu les gens qu'il avait éliminé juste avant qu'il n’appuie sur la détente. Dans la situation actuelle, il ne comprit pas ce qui justifiait cela. Pas du tout.  Quelque part, tout au fond et bien caché, il en fut blessé. Pour une fois, il n'avait vraiment rien fait. Pour une fois que dans les yeux de quelqu'un, il avait souhaité voir autre chose que cette peur monstrueuse. Mais de tout ça, il n'en montra rien.

« Tu as fini tes conneries ? Grogna-t-il. »

Il fit un pas vers elle, un autre, et continua jusqu'à la dépasser sans plus lui accorder un regard.

« Tu peux marcher ? Alors ramène toi, ordonna-t-il. C'est par là. »

En effet, un peu plus loin sur le plateau où ils étaient se trouvait une entrée dans la roche. Environ deux mètres soixante de haut mais l'ouverture était plutôt fine, quatre vingt centimètre de large seulement. Il ne fallait pas être trop imposant pour passer, ou alors se mettre un peu en biais. C'était juste-juste pour Neel. Heureusement que après deux mètres de marche ainsi, le couloir dans la roche s'élargissait au triple. Toutefois, avant de pénétrer dans la montagne, le lieutenant ne put empêcher un regard en direction de la brune.

Ça irait pour elle ?
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Rafaël B. Roen
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeMer 16 Sep - 18:27


Dans tes yeux je m'abandonne


Devant son regard apeuré, Rafaël vit le parfait reflet des émotions qui la chamboulaient en cet instant. Face à elle, le lieutenant Rey était complètement perdu, déstabilisé au possible et, peut-être, déçu ? La gitane en fut à son tour décontenancée et se redressa un peu, les bras toujours serrés contre sa poitrine. Elle le scruta avec hésitation, tout en revenant lentement à elle. Neel était-il aussi sincère qu'il en avait l'air ?
Cependant, loin de lui laisser le temps de s'expliquer, le rouquin se redressa à son tour et fronça les sourcils, reprenant l'air dur qui le caractérisait.

« Tu as fini tes conneries ? »

L'habituel grognement, qui déstabilisa davantage la gitane et lui donna l'impression d'être une gamine reprise par son père. Lorsqu'il avança vers elle, elle recula, inquiète et encore apeurée. Mais le lieutenant la dépassa sans lui accorder un seul regard, lui redonnant en une seconde son étiquette de sbire inintéressant. Inutile. Sentant quelque chose à l'intérieur d'elle se serrer, la jeune femme baissa les yeux en silence. Deux larmes roulèrent sur ses joues, qu'elle essuya aussitôt, vaguement digne. Mais la douleur persista.

« Tu peux marcher ? Alors ramène toi. C'est par là. »

Derrière elle, l'ordre venait de fuser. Rafaël resta immobile un petit moment, avant de lever les yeux. Neel n'étant plus devant elle, la gitane avait une vue improbable sur la montagne et le panorama d'Alera. Une île immense, avec la mer comme ciel et ses forêts abondantes. Même la modernité de Mell ne gâchait pas le paysage. La vue donna une bouffée d'air frais à la sbire, qui essuya une dernière fois ses yeux avant de se tourner vers la montagne. Vers Neel. Leurs regards se croisèrent un fragment de secondes, avant qu'il ne disparaisse dans la montagne.
Baissant le regard, la gitane le suivit en silence, forcée d'avancer.

Elle s'arrêta devant l'entrée de la grotte, une faille discrète creusée dans la montagne comme une balafre sur un visage. Rafaël prit le temps d'inspecter la porte avant de regarder autour d'elle. Ils pénétraient par l'est et se retrouveraient bien plus haut que les personnes entrées par l'entrée principale. Ainsi, ils s'éloignaient du cœur de la montagne et se rapprochaient de son sommet glacé. Pourquoi ? Elle ne savait pas ce qui intéressait le lieutenant Rocket aussi haut dans la montagne.
Pour ne pas le perdre de vue, elle se faufila elle aussi dans l'ouverture et la traversa sans aucune gêne jusqu'à ce que le passage s'élargisse.

Neel était à présent devant elle, semblant l'attendre. Elle baissa aussitôt le regard, ne voulant pas croiser ses iris sombres, les sourcils légèrement froncés. Mais rien ne vint. Une seconde, dix, vingt, quarante de silence, et la sbire se résolut à briser le moment pour le moins insoutenable. C'était peut-être d'ailleurs ce qu'attendait Neel, qu'elle parle.

- … Vous... ne m'avez pas indiqué quelle serait la mission.

Aucun ton de reproche cette fois, rien qu'une petite voix discrète et un peu basse, un peu brisée encore par son cri de tout à l'heure et les larmes qui en avait résulté. Et c'est le regard toujours obstinément baissé qu'elle attendit sa réponse. Pas tellement si curieuse que cela, étrangement, comme si à cet instant, la montagnarde avait perdu tout intérêt pour les lieux d'ordinaire si chers qui l'entouraient.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeJeu 17 Sep - 21:26


_____Pour le coup, la gitane était redevenue aussi silencieuse qu'à son habitude, voire plus. Comme une enfant qu'on viendrait de disputer, elle se contentait de garder les yeux baissés et d'avancer en silence. Simplement. Et ça énerva le lieutenant. Mais en même temps, que pouvait-elle bien dire alors qu'il venait de l'engueuler ? Il l'entendait bien... mais ça l'agaçait. En fait, non. C'était toute cette situation bizarre et tordue qui l'agaçait. Ce malaise entre eux et toutes les saloperies qu'il ressentait, ces pensées parasites qu'il ne contrôlait pas. Les blessures de la jeune femme, son air chamboulé, sa réaction. Les siennes. Tout ça l'énervait.

Pénétrant dans la grotte, Neel observa un instant autour de lui une fois arrivé à l'élargissement du couloir. Bien que d'imposants rochers parsemaient le passage, la majorité des murs étaient lisses avec de fines rayures comme motif. Comme si on avait passé un pinceau brosse assez épais dessus pour entailler la roche. Sans doute que quand le vent s'engouffrait là dedans, ça devait être à pleine vitesse. Avec une force suffisante pour tailler la pierre au fil des années. Mieux valait rester prudent au cas où une bourrasque soudaine venait à les faire tomber.
Si la lumière du jour perçait encore dans la faille, en revanche le reste du chemin était plongé dans l'obscurité, si bien que Neel vint attraper une lampe torche dans une poche intérieure de son blouson. Ils en auraient besoin pour ne pas se perdre. Le lieutenant rocket se retourna alors vers la gitane qui était enfin arrivée à son niveau. Leurs regards n'eurent pas le temps de se croiser qu'elle baissa aussitôt les yeux. Le rouquin fronça les sourcils, son agacement augmentant d'un cran. Mais avait-elle fini de se comporter ainsi ?! Ça commençait à bien faire ! Énervé, il se contenta de l'observer d'un regard noir qu'elle ne pouvait pas voir avec sa tête baissée. Puis une petite voix se fit entendre.

« … Vous... ne m'avez pas indiqué quelle serait la mission. »

Neel haussa un sourcil. Oh. Elle savait parler maintenant ? Articuler des mots dans crier ? Pour peu il l'aurait applaudi. Mais malgré lui... sa colère diminua. Il se sentit s'adoucir. Sa voix... elle semblait brisée. Un peu étouffée comme après les larmes. Vincent la regarda longuement. Il fit un pas vers elle, un autre. Il arriva devant elle, son corps à quelques centimètres du sien. Il hésita, leva sa main, la figea dans son mouvement avant de la rebaisser.

« On a trouvé un bout des ruines caché dans la montagne. Nous n'avons pas pu le déplacer sans l’abîmer, alors j'ai besoin que tu viennes l'étudier directement ici et dire s'il peut être important. »

Nouvelle hésitation. Il leva sa main de nouveau et, sans brusquerie cette fois, il attrapa le visage de la brune pour qu'elle redresse la tête. Il regarda de nouveau son hématome.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis moi. »
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeLun 5 Oct - 18:16


Dans tes yeux je m'abandonne


Dans le silence oppressant du cœur de la montagne, Rafaël entendit distinctement les pas du lieutenant se rapprocher. Elle gardait les yeux baissés mais se crispa doucement, à chaque pas un peu plus. Les notes s'arrêtèrent. Silence. Les yeux obstinément baissés, la gitane attendait, inquiète. Les battements de son cœur soudainement accélérés se mêlèrent aux secondes devenues une éternité, et puis, elle se sentit manquer de souffle. Mais elle n'eut pas à relever les yeux. Heureusement, Neel vint rompre le silence pesant.

« On a trouvé un bout des ruines caché dans la montagne. Nous n'avons pas pu le déplacer sans l’abîmer, alors j'ai besoin que tu viennes l'étudier directement ici et dire s'il peut être important. »

Ruines. Important. La gitane redressa légèrement la tête, pas assez pour l'apercevoir mais suffisamment pour témoigner de son attention. Des ruines, ici dans la montagne ? Quelque part, la sbire se sentit flattée d'être celle qui était interpellée pour ce rôle, encore une fois. Il fallait dire qu'à nouveau ce mensonge lui sauvait la vie. Combien de temps cela durerait-il ? Elle ne voulait pas y penser. Les mensonges n'étaient pas tolérés chez la Team Rocket.

Un contact inattendu fit sursauter la jeune femme. La chaleur tiède de doigts sous son menton. Une main qui la força à redresser la tête, étonnement doucement. Rafaël rencontra le regard brun de Neel qui la scrutait pour une fois sans l'incendier.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dis moi. »

Les mots, le geste, la presque inquiétude, tout cela perturba la gitane qui écarquilla les yeux de surprise. Rafaël le fixa quelques secondes, muette de stupeur, si perdue en cet instant qu'elle en oublia d'être tendue, d'être effrayée de leur proximité alors que pourtant le lieutenant la touchait. Et brusquement, le souvenir de leur si étonnant baiser lui revint en mémoire, comme une bourrasque inattendue, et les joues pâles de la gitane se colorèrent de rouge. Elle baissa les yeux, la honteuse, et regarda ses pieds comme s'ils pouvaient lui être d'une grande aide en cet instant. Elle pensa tout de même à répondre quelque chose, au cas où le lieutenant Rocket viendrait à s'énerver de nouveau de l'absence de réponse.

- R-Rien... Rien.

Rien. Rien qu'une soirée transformée en nuit de cauchemar, comme Rafaël avait espéré ne plus jamais en subir. Rien, elle oubliait toujours, elle se réconfortait dans la pensée que pouvoir oublier les scènes rendrait sa vie moins triste, moins vide. Rien. Elle n'y repensait jamais, enfermait l'acte dans une boîte obscure de sa mémoire et passait au chapitre suivant, essayait du moins, sautait une ligne, passait un paragraphe, tournait la page et n'en reparlait jamais. N'en parlait jamais.
Alors, Rafaël leva à nouveau la tête vers le rouquin, les yeux d'argent troublés de quelques larmes de honte, de douleur, et elle tenta pour la première fois un sourire rassurant, le même qu'elle aurait fait à un ami si jamais celui-ci lui avait posé une question de ce genre. Si jamais elle avait eu un ami à qui confier un peu de sa solitude.

- Vraiment, rien, souffla-t-elle. On devrait avancer.

Et c'est sans rien ajouter qu'elle commença à s'éloigner dans l'obscurité de la montagne, mais si l'homme lui avait ne serait-ce qu'un peu prêté un minimum d'attention, il aurait pu lire dans son regard si clair une petite phrase, un petit mot, un simple « merci » qui témoignait de la reconnaissance que pouvait ressentir une personne lorsque simplement, on s'arrêtait sur son chemin.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeJeu 8 Oct - 8:25

____Un regard brun contre un regard gris. Presque argenté mais avec une teinte de vert qui effaçait la froideur du métal. C'était doux. Hésitant certainement, timide aussi. Mais dans cet échange des plus improbable, une certaine forme de douceur existait. Dans cet échange, il y avait quelque chose d’inhabituel. Telle une petite fleur qui avait poussé sur un sol sec là où personne ne l'aurait cru possible. Une atmosphère étrange entourait les deux adultes. Ce n'était pas étouffant, mais ça donnait l'impression que chaque seconde s'écoulait au ralenti. Il y avait une sensation de déjà vu. C'était la même ambiance que lors de leur baiser. Cette impression d'éternité mêlée à une brume mentale qui empêchait le rouquin de réfléchir correctement.
Puis la gitane baissa les yeux, le rouge lui montant aux joues. Doucement, Neel relâcha son visage. Le contact visuel avait été rompu, mais la bulle n'avait pas éclaté. Pas encore. La brune souffla alors  un « rien » pas très convainquant. Évidement qu'il y avait quelque chose. Elle était maladroite, oui, mais pas au point de se blesser à ce point. Mais Neel ne prêta pas attention au fait qu'elle lui mentait clairement. C'était son ton, son hésitation, la douleur à prononcer ce simple mot. Le lieutenant sentit son cœur se serrer.

____Rafaël releva alors les yeux sur son supérieur. Son regard était brillant, des larmes se formant  devant le gris de ses iris. Puis son sourire. Ce sourire... si déchirant. Celui qu'on faisait quand tout allait mal mais qu'on offrait aux autres pour les rassurer. Un sourire sincère et pourtant tellement douloureux à regarder. Neel fronça les sourcils, mais pas par colère cette fois. Il serra le point. Il avait mal, sans pouvoir l'expliquer. Alors que la brune le regardait de la sorte, il sentait sa poitrine le brûler.

____«  Vraiment, rien. On devrait avancer. »

____Deux petites phrases pour clore le sujet et la gitane le dépassa. Neel serra les dents. Quoi ? C'était tout ? Elle pensait pouvoir s'échapper de la sorte après lui avoir lancé un tel message de détresse ? Elle lui avait souri, elle lui avait dit que tout allait bien. Mais c'était tout comme si elle lui avait hurlé en larme tout son désespoir. Le rouquin se crispa, sentant la colère monter. Une colère sourde qu'il ne savait pas contre qui diriger -le monde peut-être?- et qu'il n'expliquait pas. Mais putain, qu'est-ce que ça le faisait chier !
Vincent se retourna vers la gitane. Une impulsion. Comme quand on grattait une allumette pour brusquement l'enflammer. C'était comme ça. Quand il voyait la gitane, quand elle lui ouvrait un peu de son cœur, quelque chose qui n'était pas là l'instant d'avant se mettait à exister. Il ne pouvait pas laisser tout ça s'arrêter de la sorte. Il tendit son bras, sa main vint accrocher le poignet de la gitane, fermement mais sans violence, pour qu'elle s'arrête, qu'elle se retourne. Puis il l'attira à lui, amenant sa frêle silhouette contre son torse. Ses bras se refermèrent sur elle.

____« Ne te fous pas de moi. » Souffla-t-il un peu fermement en fermant les yeux.

____Parfois, Vincent ne se comprenait pas lui même. Parfois, il ne se reconnaissait pas. Mais en cet instant, il se dit que ce n'était pas grave. Il réglerait sa crise identitaire plus tard. Tout ce qui importait en cet instant était la gitane dans ses bras.

____Rien de plus.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeMar 26 Jan - 11:48


Dans tes yeux je m'abandonne


La mission n'avait pas commencée encore, allait-elle seulement débuter ? Y songeaient-ils, tous les deux, enfermés dans cette bulle étrange, à mi-chemin entre les sentiers et la profondeur de la montagne d'Onnen ? La sortie était juste derrière, la possibilité de reculer demeurait toujours. De faire comme si rien ne s'était passé.
Il s'inquiétait, Rafaël le sentait, mais la gitane ne pouvait être que décontenancée face à cette réaction surprenante. Face à cette attitude impropre à sa personne, non pas dérangeante mais, bouleversante ? Alors elle fuyait, s'enfonçait dans les sentiers obscurs les yeux fermés, faisant désespérément confiance à ses pas autrefois si sûrs, aujourd'hui si tremblants, espérant mais n'espérant pas à la fois que tout redevienne comme avant. Le changement l'effrayait.

Mais la poigne régulière l'arrêta à nouveau, freinant ses pas tandis que dos à lui, la sbire écarquillait les yeux. Se figeait, choquée, dépassée. Incapable de comprendre exactement ce qu'il se passait, de savoir comment réagir, incapable de savoir s'il fallait oser espérer, ou se fermer comme à son habitude, se fermer pour mieux se protéger. Elle était abonnée aux déceptions. Mais ne lui laissant nullement le temps d'anticiper ni de se braquer, Neel décida de changer la donne. Presque brusquement comme par manque d'habitude, lui aussi, il l'attira contre son torse, unissant leurs deux corps incertains en une étreinte maladroite. Deux bras complétèrent l'étreinte pour la sceller.

« Ne te fous pas de moi. »

Souffla sa voix grave à son oreille. Immobile, les yeux écarquillés, Rafaël restait muette. Ce n'était pas l'étreinte, cette fois. Ce n'était ni la proximité dérangeante de leurs corps, ni les mots de sa phrase, ni le ton étrangement employé qui figeait la fragile gitane. C'était l'intention, l'attention et tout le bordel de sentiments qui enveloppaient l'instant. C'était un autre Neel, agréablement protecteur, qui s'était arrêté une minute pour l'écouter. Qui avait réussi à la retenir, elle qui avait fait de la fuite son plus fidèle allié. C'était la boule de flammes qui venait de naître d'un timide phénix dans son ventre, faisant dépérir d'un tremblement de terre féroce ses plus fortes barrières.

Heureusement qu'il le soutenait, ce corps fragile aux jambes tremblantes. Ce trop peu d'estime non loin de s'effondrer. Heureusement qu'il avait agi avant qu'il ne soit trop tard et que la prochaine vague n'emporte définitivement la montagnarde loin des côtes. Avant que son cœur trop profondément enfoui ne se ferme à jamais.
Elle leva, lentement, le visage vers le sien. Lui offrant la pâleur de ses traits dans une lumière quasi-inexistante, dissimulant ainsi un peu de ses yeux gris-verts brillants de larmes. Elle le regarda longuement, l'incertitude affichée dans son regard, la crainte que leur bulle n'explose soudainement pour les ramener dans une réalité qu'elle ne voulait plus subir. Perdue, elle se remémora leur baiser, la crainte qu'elle avait ressentie à ce moment-là, la colère qu'il ne soit que l'un des autres, tous les mêmes, après la soirée si magique qu'ils avaient passés lors du Carnaval de Mell. Elle repensa au sac qu'elle ne lâchait plus à présent, premier et véritable cadeau depuis des années (si on exceptait celui, volé, de Oze à son égard), elle se souvenait de la douceur que parfois, seulement parfois, elle pouvait capter dans l'attitude du lieutenant. À ces moments trop rares, comme réunis en une bouffée d'oxygène en cet instant.
Elle se dit que si c'était ça, le véritable Neel, si elle n'était pas une sbire prisonnière et lui un lieutenant impliqué, si ils avaient été n'importe où sur cette terre plutôt qu'ici, quelque chose aurait été possible. Elle aurait aimé que quelque chose soit possible.
Elle aimerait que quelque chose soit possible.

- Ce n'est pas important, souffla-t-elle alors et elle ne put s'empêcher de baisser les yeux à nouveau. C'est... passé, et ça ne m'empêchera pas d'exécuter ma mission correctement.

Les mots étaient choisis et ils étaient clairs : elle ne dirait rien et serait sage, n'était-ce pas ce qu'il avait toujours attendu d'elle ? Qu'elle travaille, point, qu'elle lise ces foutues ruines parce qu'ici personne d'autre n'était capable de le faire. Point. Mais pourtant, ce discours s'opposait complètement à leur proximité toujours affolante, à laquelle elle n'avait pas cherché une seule fois à se soustraire, pour une fois. Si bien que brûlante d'incertitude, dépassée par ce qu'elle devait dire et ce qu'elle voulait dire, par ce ventre brûlant et cette tête qui lui tournait, Rafaël leva les yeux vers l'homme à nouveau, désespérée, les joues humides de larmes qui avaient malgré toute sa volonté coulé. Ses yeux gris lui criaient son désespoir. Qu'il dise quelque chose, qu'il s'explique. Qu'il l'aide ! Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses mains s'étaient crispées dans le dos de Neel, renforçant et participant à l'étreinte à la fois. En totale contradiction.

Elle n'ajouta rien. Ne réussit pas, prisonnière d'un corps qui ne lui répondait pas.
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MessageSujet: Re: Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel]   Il y a ceux qui disent, il y a ceux qui prouvent. [PV Neel] Icon_minitimeDim 31 Jan - 12:01



Just looking at you, I think I had a heart attack.

______Elle semblait fragile, si frêle. Pressée contre lui, la gitane lui donnait l'impression d'être en verre. Si il serrait un peu plus, elle se briserait. Et pourtant... il le sentait dans ses tremblements, dans son corps qui manquait de vaciller. S'il cessait de la tenir, elle s'écroulerait. Réalisait-il seulement qu'il était en train de devenir une véritable bouée qui empêchait la brune de couler ? Comprenait-il vraiment ce qu'il se passait ? L'espoir qu'il faisait naître en elle ?
______Réalisait-il que quelque part, la même chose se passait en lui ? Cette gamine qui en cet instant lui paraissait si petite contre lui... comment un être qui n'aurait dû être qu'insignifiant dans sa vie pouvait-il soudainement devenir la seule chose qu'il voyait ? Qui occupait ses pensées ? Comment pouvait-elle par son seul regard déchirant ainsi tout remettre en question en lui ?

______Déchirant, le mot était bien choisi. Quand la gitane leva les yeux et que le lieutenant rouvrit les siens pour lui offrir un retour, son cœur se serra à nouveau. Elle était en larme.

______« Ce n'est pas important. C'est... passé, et ça ne m'empêchera pas d'exécuter ma mission correctement. »

______Comment pouvait-elle dire une telle chose alors que l'eau ruisselait sur ses joues ? Alors qu'elle était à deux doigts de s'effondrer ? Mais quelque part, Neel comprit le sous-entendu. Quelque chose se mettait à exister même s'il n'avait pas encore le mot pour le décrire. Alors, si ce quelque chose était incertain, s'il n'était pas possible, si c'était cruel de la faire espérer pour rien, mieux valait s'arrêter là. Mieux valait que chacun reprenne son rôle que la vie reprenne son cours.
______Le rouquin la fixa un instant sans rien dire, sourcils un peu froncés. Il ne la lâchait pas. Il aurait pu ouvrir ses bras, faire deux pas en arrière. Lui dire que très bien, ils allaient reprendre la mission alors. Que tout allait redevenir normal. Que c'était mieux ainsi de toute façon, parce que ça serait trop compliqué, ça foutrait le bordel dans leur vie et que vu leurs positions, ce n'était pas possible. Que rien de tout ça n'avait jamais existé.

______C'était pour le mieux, oui. C'était la bonne solution. Seulement... Neel n'en avait aucune envie. La morale, la raison... tout ça pouvait bien aller se faire voir. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer à se préoccuper du bon sens. Alors, quand à nouveau elle leva les yeux vers lui, quand elle lui offrit à nouveau ce regard déchirant rempli d'espoir et de peur... quand ses mains vinrent se crisper dans son dos... Quand cet instant se produisit, Neel fut sûr de lui.

______Une rencontre, un regard. Il ne fallait rien de plus parfois.

______Le lieutenant leva une de ses mains, elle vint caresser la joue humide de la gitane. Il essuya une nouvelle larme du pouce puis se pencha sur la jeune femme. Le bras qui la maintenait contre lui la serra davantage alors que ses lèvres rencontrèrent une seconde fois les siennes.

______Cette fois-ci, il ne la laisserait pas s'enfuir.

______Parce que putain... il était tombé amoureux, ce con.
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