n soleil brûlant surplombait aujourd'hui encore l'île d'Alera, Mell était de nouveau en effervescence, le bruit ambiant était insupportable, comme d'habitude. Un retour de mission dans les règles de l'art, la sergente en avait l'habitude, la capitale était son point de retour journalier. Aujourd'hui, elle était partie en mission seule, pour la première fois depuis son arrivée, pas que ça la dérange, loin de là. Elle avait dû partir jeter un œil à l'évolution du nombre de Pokémon présents dans la Maison Pokémon, nombre de Pokémon avaient été adoptés depuis qu'elle était partie chercher Vulpix, d'après ce que lui avait dit le gérant, avec qui elle s'entendait toujours aussi bien. Bref, peu de choses avaient changées, à part cela. Même dans sa vie sociale. Le seul changement dans celle-ci était l'entrée dans ses plans de Courtney, ancienne lieutenante de la Team Magma.

La jeune femme, toujours cachée de sa capuche et de sa grande cape noire, venait d'atteindre les portes de la capitale d'un pas rapide, se dirigeant vers la planque. Une fois de plus, elle devait rendre un rapport. La première fois, la sbire Rafaël s'en était occupée, la sergente lui avait proposé de falsifier le rapport, l'avait-elle fait ? Elle ne le avait pas. Elle ne l'avait pas revu depuis ce jour. Mais elle ne cessait d'y penser. Il n'y pas à dire, la sbire lui avait fait grande impression, une telle gentillesse, elle n'en revenait toujours pas que cette jeune fille fasse partie de la Team Rocket.

Une fois rentrée, un sbire vint l'interpeller : Un paquet était arrivé en son absence et avait déposé dans sa chambre. Elle s'en doutait. La blanche avait passé une commande avant de partir effectuer sa mission, chez un pâtissier de la ville. Aujourd'hui était un jour spécial pour elle, et mieux valait que personne ne vienne le perturber, ce jour. Ainsi, elle monta directement à sa chambre, rapidement. Plus elle évitait les sbires, mieux elle allait.

Une fois rentrée dans la pièce, elle vérifia si rien n'avait été déplacé pendant cette livraison, apparemment non. C'est en fermant la porte qu'elle poussa un long soupir, appuyée contre celle-ci, avant de remarquer le paquet posé sur son bureau. L'argentée se redressa et fît sortir les quatre seuls Pokémon pouvant tenir en place dans la chambre sans rien casser ; à savoir Slash, Scorpio, Vulpix et Râ. Slash alla s'asseoir sur le bureau, non-loin du paquet reçu. Scorpio, lui, partit sur le lit. Vulpix restait aux cotés de sa dresseuse, frottant sa tête à la jambe de cette dernière. Râ, enfin, s'était assis près de la fenêtre, tenant sa queue pour ne pas la brûler. La sergente, quant à elle, partit s'habiller de son Yukata, elle préférait cela quand elle était seule, avant d'aller s’asseoir sur son lit avec le paquet, qu'elle ouvrit sans plus tarder. Celui-ci était bien garnit : Éclairs, Illumis-Yantreizh (Paris-Brest, quoi), framboisiers, fraisiers, Mille-Feuilles,...

Vingt-cinq ans. Voilà l'âge que l'argentée avait aujourd'hui. C'était le jour de son anniversaire, et comme d'habitude, elle le fêtait toute seule, tous les ans. « Toute seule » était un bien grand mot, ses Pokémon étaient là chaque année, avec elle. Cette année, deux nouveaux étaient à ses cotés, Râ et Vulpix, ils rajoutaient un peu plus de vie à ce petit groupe.

ans un endroit plus qu'étrange, Crimson s'était retrouvée en ouvrant des yeux qu'elle ne se souvenait pas avoir fermés. Étrange, ce n'était pas peu dire. Le noir complet, un sol invisible, ou trop obscurci pour qu'il soit visible. Quiconque se trouvant en ce lieu se serait demandé de quoi il s'agissait, mais pas la sergente, non. Elle savait très bien ce qu'était cet endroit. Son subconscient. Elle s'était endormie, sans s'en rendre compte. Et, comme chaque nuit, elle allait revivre cette vie qu'était la sienne, dans ce cauchemar qu'elle connaissait par cœur, à la longue. Elle n'en était qu'au début qu'elle en connaissait déjà la fin.

La jeune femme était dans ce lieu, donc, immobile, mais pas dans l'enveloppe charnelle qu'elle possédait actuellement, non. Quel âge avait-elle, à cette époque ? Huit ans, pas plus. A cette époque, Aure était encore son appellation habituelle. Ses cheveux étaient déjà bien longs, à cette époque, si bien qu'elle les attachaient en queue de cheval. Huit ans, donc. L'année où la vie de la petite fille avait basculée. Même si ce cauchemar ne lui avait pas fait revivre aussi bien ce passage de sa vie, elle s'en serait souvenue. L'arrivée des Rockets à Safrania, et l'entrée de ses parents dans celle-ci. Et de fait, le changement de la gamine joviale en une petite fille renfermée, seule. Sans qu'elle ne s'en rende compte, dans la réalité, ses larmes avaient commencé à couler. Ces entières journées à vivre seule, et ces soirées sans la joie habituelle de revoir ses parents, elle s'en souvenait, elle s'en souvenait si bien. Et cela continua, dans ce rêve, elle se vit grandir, encore, jusqu'au jour où elle avait reçu Slash, son seul ami, qu'elle avait entraîné dans cet enfer, lui qui n'avait rien demandé. Huit autres années passèrent. Oui, elle avait passé huit années de sa vie dans la peur et la tristesse, sans jamais sortir de chez elle. Le temps était venu de vivre ce moment. Ce moment...

« Aure ! »

L'adolescente releva les yeux, de retour dans ce lieu obscur, mais plus seule désormais. Un homme, dans la quarantaine, au cheveux bruns, son père. Et une femme d'un âge avoisinant celui du père, aux longs cheveux blancs, tout comme elle, sa mère. L'argentée, était heureuse, à ce moment, toujours, même si elle savait que cela ne durerait pas et que le cauchemar empirerait peu après, elle était toujours heureuse de revoir ses parents, ses chers parents. Marchant tout d'abord lentement, sa marche s’accélérait au fur et à mesure que la distance entre eux se faisait courte, jusqu'à finir en course. Elle n'arriva jamais à leur faire cette tendre étreinte qu'elle aurait tant voulu, elle n'y était jamais arrivé et n'y arrivera jamais. Toujours, cette barrière invisible l'en empêchait. Toujours, elle frappait celle-ci de toute ses forces dans une vaine tentative de la briser. Ce n'est que lorsque sa mère lui tendait la main qu'elle s'arrêtait.

« Papa...Maman... »

Inconsciemment, toujours, ces mots avaient étés prononcés dans la réalité, alors que ses larmes coulaient de plus belle. Dans ce rêve obscur, elle pleurait aussi. Alors qu'elle tendait la main vers ses parents, juste avant de toucher du bout des doigts ceux de sa maman, tout autour d'elle se brisa, l'image de ses parents également. Une façon symbolique de montrer la mort de ceux-ci. Ainsi, elle retourna dans le passé, juste après le décès de ses parents, dû aux blessures graves qu'ils avaient subit. C'est quelques minutes après que le gros changement arriva. Après un combat contre quelques sbires, qui se solda par une défaite, elle connût ses premières blessures. Cet acte qui lui montrait ce qu'était vraiment la vie de criminelle, des coups de pieds, des coups de poings, et ces rires les accompagnant, ce rire qui résonnait encore et encore dans sa tête.

C'est à la suite de ce long moment qu'elle fût emmenée, prise en sac à patates, au sein d'une planque de la Team. Et c'est à cette époque qu'elle se rendit compte de la cruauté de ce monde, elle qui le voyait tout rose, et qui se disait que ce que faisaient ses parents ne serait que passager. Ce jour-ci, elle fût emmenée dans un bureau, celui d'un sergent, avait dit un sbire. Le sergent en question avait annoncé à l'argentée qu'elle venait d'intégrer la Team Rocket. Tu parles.

« Allez vous faire f- »

Elle ne termina jamais sa phrase, interrompue par un violent coup de poing au visage de la part de celui qui était son supérieur, incapable de se défendre, retenue par les bras par deux sbires. Condamnée au silence, elle se contenta de cracher au sol le sang qui coulait depuis sa bouche. Ainsi, elle intégra les Rockets. Crimsonfall, la sbire désobéissante. La sbire qu'il fallait toujours recadrer. La sbire à laquelle on ne pouvait confier aucune mission importante au risque de la voir volontairement échouer.

« C'est quoi cette écriture ? C'est illisible, je peux pas rendre ça au lieutenant ! »

Cette phrase accompagné d'un énième coup. A qui la faute si elle n'avait pas pu aller à l'école ? Qu'elle avait perdu l'habitude d'écrire ? Eux, évidemment. Ils lui avaient pris huit ans de sa vie, après tout. C'est ce coup qui réveilla la sergente, cette fois. Habituellement, le cauchemar se poursuivait. Mais aujourd'hui, étrangement, non. Sans un sursaut, elle se redressa dans son lit. C'est une sonnerie de réveil qui l'avait sortie de cette illusion.

C'est en essuyant ses larmes que la jeune femme en Yukata dirigea ses yeux d'argent vers la fenêtre, la nuit était déjà tombée. Elle vérifia également si, dans son sommeil, elle n'avait pas renversé le paquet contenant les pâtisseries ; Slash avait apparemment eu la bonne idée de le déplacer sur le bureau. Bien, la sergente devait à présent s'appliquer à l'écriture de son rapport de mission. Elle se leva donc, partant vers l'interrupteur afin d'allumer la lumière de cette chambre sombre. Elle s'exécuta puis commença à faire demi-tour pour se rendre à son bureau. Seulement, quelqu'un vint frapper à sa porte. Que faire ? Devait-elle prendre le temps de se voiler de sa cape ou devait-elle prendre le risque de montrer son visage ?

« C'est Rafaël...pour le rapport. »

La sergente poussa un discret soupir de soulagement en entendant la voix de la sbire, elle n'avait pas à se cacher, cette fois. Elle alla donc entrouvrir la porte à cette dernière, juste entrouvrir, elle ne voulait pas croiser le regard de la sbire, les siens étant encore rouges à cause de ses larmes récentes.

« Je t'en prie, entre. Et referme la porte derrière toi, s'il te plaît. »

C'est sur ces mots qu'elle reprit son chemin jusqu'à son bureau avant de s'y asseoir, attrapant une feuille blanche et un stylo, ainsi qu'un éclair au café. Elle devrait maintenant établir son rapport. Un rapport, justement, la brune avait-elle bien dit venir pour un rapport ? La sergente ne comprenait pas. Le lieutenant était absent et la tâche lui aurait été confiée de recevoir les rapports ? Elle aurait au moins aimé être mise au courant. Enfin.

« Le rapport, donc ? »

Avait-elle demandé sans vraiment y prêter d'intérêt. Mais mieux valait écouter attentivement, pour le rendre au lieutenant, ce rapport. Prenant une bouchée de sa pâtisserie en bouche, elle osa se retourner vers la brune. Et osa la regarder dans les yeux, en espérant qu'elle ne pose pas trop de question concernant ses yeux rouges. Maintenant, elle attendait que la sbire se mette à parler, oubliant presque le cauchemar qu'elle vivait encore quelques minutes auparavant.

a feuille était restée vierge, pour l'instant, quitte à devoir écrire un rapport, autant écrire celui de la brune en priorité, tant que la sergente en avait la possibilité. Pas que cela l'amuse de devoir en écrire deux, enfin... L'argentée regardait toujours la sbire, qui baissa les yeux avant d'établir son rapport.

« Je me suis rendue sur les côtes ouest de l'île, comme on me l'avait demandé. J'y ai rencontré des Pokémon sauvages et des dresseurs, beaucoup de touristes aussi, mais rien qui ne m'ait marqué. Je n'y ai vu personne de plus riche que d'habitude, ni aucun Pokémon rare si ce n'est un dresseur avec un grand Pharamp et un Leviator rouge. Je me suis également rendue au Parc Ferosinge qui vient d'ouvrir, mais mis à part de nouveaux touristes et des enfants... je n'ai pas l'impression que ce lieu soit une planque comme certains pouvaient le penser. Je n'ai rien trouvé d'autre. »

La blanche nota rapidement toutes les informations données par la sbire. C'était peu, certes, mais Crimson ne pouvait pas lui reprocher, pas elle, cela aurait été ironique. Bien, elle rendrait ce rapport au lieutenant à son retour, non sans lui reprocher de ne pas l'avoir mise au courant qu'elle recevrait les rapports, évidemment. Quoique cela lui avait permit de revoir Rafaël, une bonne chose.

« Bien, je remettrai ces informations au lieutenant. A son retour. »

Ainsi, elle glissa la feuille au coin du bureau, contre le mur, avant de se retourner vers la sbire. Combien de temps s'était écoulé depuis leur mission ensemble ? La blanche ne comptait pas les jours qui passaient, il était difficile pour elle de s'en rappeler. Un mois, peut-être plus ? Enfin.

« Tu as un peu de temps ? On ne s'est pas vus depuis un moment et j'avoue qu'un peu de discussion ne me ferait pas de mal. Mes contacts étant assez restreints. »

La phrase fut accompagnée d'un léger sourire à l'attention de la brune, espérant avoir un peu de compagnie, pour une fois, autre que celle de ses Pokémon. En parlant de Pokémon, Vulpix avait l'air de s'ennuyer, à en juger par le bâillement qu'elle poussa avant de sauter sur les genoux de sa dresseuse et de s'endormir quelques secondes plus tard. Toujours souriante, la jeune femme avait baissé les yeux vers la renarde et caressa son doux pelage roux.

aressant toujours la renarde à présent endormie sur ses genoux, la sergente tourna la tête vers le rapport qu'elle venait d'écrire, avec un peu plus d'attention. Il est vrai que celui-ci était assez vide, mais elle pourrait toujours dire que c'est sa faute, qu'elle n'a pas été attentive lorsque la sbire l'avait prononcé à l'oral. Etonnant, d'ailleurs, que la jeune femme prenne la défense d'un sbire, oui. Mais elle voyait en la gitane une personne différente des autres membres de la team, et ce depuis sa mission avec, une personne gentille contrairement aux autres.

Celle-ci avait donc effectué sa mission l'ouest de l'île, à Roza. La sergente se souvint qu'elle avait reçu assez récemment un ordre de mission l'y envoyant, une mission de repérage -et vol si possibilité il y avait-, mais ne se souvenait plus de qui venait l'ordre, puisque c'est un sbire qui lui transmit. Il n'y avait pas beaucoup de chances pour qu'il s'agisse de la fille Giovanni, plutôt du lieutenant. Si c'était le cas, mieux valait qu'elle y aille rapidement, pas que cela lui plaise. Enfin, elle aurait le temps d'y penser, et de se renseigner sur le l'identité du commanditaire, demain.

Pour l'heure, elle était avec Rafaël, et mieux valait rester concentrée sur l'instant présent. Ainsi, elle releva les yeux vers la sbire qui, jusqu'à ce que sa supérieure lui propose de rester un peu, semblait attendre de partir. Pas qu'elle l'oblige à rester, non. Mais cela étonnait l'argentée qui, elle, partait sans rien dire une fois ses rapports rendus. Elle n'aurait su dire si c'était la sbire qui était excessivement obéissante ou si c'était elle-même qui manquait clairement de respect à ses supérieurs. Elle se retint de soupirer à cause de ses réflexion, de peur que la brune ne pense qu'elle dérange, puis releva les yeux vers cette dernière.

« … Vous me demandez de rester ici ? … Pour parler de la mission ?  »

L'argentée hocha négativement la tête. Non, elle n'avait aucune envie de parler boulot, pas pour une fois qu'elle avait l'occasion de discuter avec quelqu'un. Elle passa sa main dans ses cheveux, ne sachant pas vraiment de quoi parler, en réalité. La jeune femme n'avait aucun sujet à aborder, mais voulait simplement passer un peu de temps avec Rafaël. Il y avait un moment qu'elle ne l'avait pas vue, après tout.

« De choses et d'autres... Mais pas de boulot. »

Le léger soupire qu'elle avait retenu un peu plus tôt finit par sortir en évoquant ce mot. "Boulot". Ce qu'elle détestait ce mot, surtout qu'il sonnait très mal de la bouche d'un membre de team. Enfin. Crimson baissa les yeux un moment, avant de se souvenir des bonnes manières, choses très rares dans cette organisation.

« Si tu veux t'asseoir, je ne peux te proposer que le lit, je doute que je puisse bouger de la chaise sans réveiller Goupix, désolée. Si tu as faim, il y a une boite de pâtisseries sur ma table de chevet. » Fit-elle en désignant la dite boîte, posée à coté du bocal contenant une Carpe Koi, avant de poursuivre. « A moins que tu ne veuilles finalement partir, c'est comme tu veux. »

L'argentée s'accouda ensuite au bureau avant de regarder un à un ses Pokémons. Slash n'avait pas bougé du bureau, Scorpio s'était enlevé du lit pour partir à la fenêtre lorsqu'il entendit sa dresseuse proposer à la sbire de s'asseoir, Râ regardait l'hôte d'un oeil assez mauvais, et Vulpix continuait de dormir. Dehors, la lune brillait, accompagnée de milliers d'étoiles, tandis que de nombreux lampadaires éclairaient la capitale.

a main pâle qui s'était posée une demi-minute plus tôt dans une longue chevelure blanche était finalement redescendus à sa place initiale, sur la tête de la renarde à l'oreille foncée. Sa dresseuse ne put, pour l'instant, se résoudre à la caresser, trop oppressée par l'ambiance actuelle. Elle avait proposé à la sbire de rester, et à la première réponse de cette dernière, elle vit comme une manière d'esquiver l'invitation. Etrangement, vraiment, la sergente craignait un refus de la part de la gitane. Elle craignait d'être crainte, en quelques sortes, que Rafaël n'ait trop peur d'elle pour rester. Peut-être se faisait-elle des idées...

« ...d'accord. » avait-elle répondu finalement.

Ainsi, sous le regard de sa supérieure, la gitane se déplaça. Pas tellement loin de la porte, à quelques centimètres, s'appuyant contre le mur. Mais c'était signe qu'elle restait réellement. A ce moment, un soupir de soulagement sortit de la bouche de la sergente, accompagné d'un léger sourire. Elle était rassurée, même si la sbire n'avait pas accepté "totalement" son invitation. En effet, cette dernière ne s'était pas assise, et n'avait pas touché aux pâtisseries comme Crimson lui avait proposé. Enfin, elle ne pouvait pas trop lui en demander non plus. C'était déjà un grand pas.

« … Pourquoi... est-ce que vous agissez comme ça ? »

Voilà une question qui étonna l'argentée, qui en resta presque bouche bée. Mais elle devait avouer ne pas comprendre réellement la question. Qu'entendait Rafaël par là ? Pourquoi agissait elle comme ça ? Parlait-elle de la gentillesse de la blanche à son égard ? Cette dernière ne voyait que cela. Toujours dans le doute, elle répondit néanmoins, en reprenant son habituel air impassible.

« Tu veux dire... pourquoi est-ce que je te traite de cette manière, malgré mon grade... gentiment ? » Avait-elle demandé, avant de répondre quand même. « Tu es la seule dans la team qui me montre du respect... la seule avec qui j'arrive à parler à peu près normalement... Cette mission m'a suffit à te donner une place privilégiée. Nous n'avons pas beaucoup parlé mais... les quelques mots que nous avons échangés, cette brève discussion normale, dans la forêt, cela m'a fait plaisir. Vraiment. »

Elle avait baissé les yeux, utilisant Vulpix comme excuse, en quelques sortes, la caressant. C'était un aveu assez difficile à faire, mais elle gardait tout de même cela sur le cœur depuis des années. Un peu moins de dix-sept ans maintenant. Cette solitude, ce silence, cette souffrance. Sans prononcer un mot, mais en le pensant très fort, Crimson remerciait la gitane de l'avoir soulagée de cette peine, sans qu'elle ne le sache. Peut-être allait elle franchir le pas, aujourd'hui.