« BECAUSE ; the world is just a teller and we are wearing black masks. »
Pitoyable poupée, pantin articulé. Jouet brisé pour mieux fonctionner. Les grands dirigeants de ce monde en auraient plus voulu, des gamins comme elle : prêts à tout pour obéir et espérer obtenir un petit moment de bonheur.
Lorsqu'on la voyait passer, dans ces immenses couloirs d'un blanc cadavérique, on pouvait avoir pitié d'elle, de ce bout de chou traîné de force, tenant ses deux bestioles à bout de bras, silencieuse et presque muette. C'était là une triste destinée lorsque ses parents étaient tout deux des scientifiques de cette organisation aussi terrible que pitoyable. L'ironie de cette farce ? L'ultime décision de ce triste Dieu jouant cette affreuse pièce de théâtre ? Elle était celle dont la conscience ne s'était jamais épanouie. Elle était cette fastidieuse création faite pour obéir, pour diriger et dominer avec ces deux peluches, ce Riolu et ce Zorua qui cherchaient toujours à lui remonter le moral, lors de ces nuits interminables à pleurer à l'aide.
Elle était destinée à ne voir aucune lumière du jour, à simplement étudier en silence jusqu'au moment où elle reprendra la chandelle pour continuer les projets de son père et être un sbire exemplaire. Une gamine n'avait pas son mot à dire et où poser des questions n'était pas non plus une option imaginable.
Lizzy, c'était celle qui n'avait pas eu le choix, qui a ouvert ses petits yeux dans cette misère qu'est
Surebe, qui a été élevée loin des autres, en cachette, dans ce laboratoire malsain. C'est celle qui n'a jamais vu la lumière du soleil, qui en a simplement entendu parler. Lizzy, elle n'a eu que ses deux pokémons comme amis, côtoyant scientifiques et autres dangerosités destructrices. Oui, ce démolosse a failli lui arracher le bras lorsqu'elle a cherché à le caresser, non, plus jamais elle ne l'a revu dans ce laboratoire dans lequel elle avait été emmenée dès qu'elle fut en âge de parler et d'aller à l'école.
Des camarades de classe ? Aucun. Des professeurs ? Ses parents. Des devoirs ? Obéir. Petit robot, minuscule poupée, vulgaire jouet.
Lizzy, c'est cette gamine dépressive au regard dénué de la moindre lueur de vie. C'est cette enfant que vous n'aviez pas envie de croiser la nuit, dans ces couloirs obscurs. C'était le fantôme des lieux comme l'étaient les légendes urbaines. La première d'une armée de petits soldats bienveillants au sein de ce régime totalitaire sans états d'âme.
La fierté de ses parents, leur petit bonheur, leur merveille. Après tout, Lizzy n'avait pas à se plaindre. Nourris, logée, habillée et éduquée, elle avait tout ce dont avait besoin un être humain pour vivre si l'on omet son besoin presque morbide de chaleur humaine.
« L'humaine obscure » comme elle était appelée, vous savez, ce genre de petit surnom qu'une enfant de sept ans a encore du mal à comprendre. Lui arracher ne serait-ce qu'un mot était chose impossible, toujours collée à ses géniteurs en levant éternellement un regard vers eux, attendant leur autorisation pour faire quelque chose.
Cette adoration pour ses tortionnaires, c'en était désolant, vraiment. Encore plus lorsque vous la côtoyé tous les jours, la voyant grandir et maigrir, malade en permanence et bien trop fragile. Ses jambes fines ne supportant presque pas son poids, ses bras ne pouvant même plus tenir son adorable Zorua. Déprimant et attristant, c'était le cas.
« RUN GIRL ; the beast come out ! »
Vous savez, tout le monde est capable de changer, avec un peu de volonté et d'amour-propre. Oui, Elizabeth n'avait ni l'un ni l'autre, un corps sans réelle âme, apeurée par sa propre ombre. Gamine déboussolée lorsque ses parents furent mutés et obligés de retourner vers Surebe pour surveiller le trafic des pokémons obscurs, laissant alors leur création dans cette prison de métal au milieu de ce torride désert.
Aussi torride que les larmes et les cris incessants de cette dure vérité refusant inacceptable. Pourquoi ? Dans quel but ? Était-ce pour elle la liberté ? Cette délivrance aussi crainte que recherchée ?
« Je suppose que c'est un au revoir, pas vrai ? »
Dernière parole affective de cette mère ayant laissé son instinct reprendre le dessus. Vulgaire sentiment primitif qu'elle avait pourtant tant caché depuis douze ans.
Douze putains d'années à bourrer le crâne de cette petite chose qui se referma encore plus sur elle lors de sa première année solitaire. Enfermée dans sa chambre et refusant de manger la moindre bouffée, elle fut un véritable calvaire à gérer et le sergent chargé de s'occuper d'elle a été plus d'une fois à deux doigts de la jeter dans le sable.
Et il a regretté la seule fois où il a cherché à lever la main sur elle, se la faisant littéralement bouffer par la boule noire trop protectrice qu'était Zorua. Mais peut-être qu'au fond, c'est cette claque qui lui a remué le cerveau ? Personne ne sait vraiment pourquoi ni comment ; vengeance, ego, conscience soudainement réalisée ?
« Bouge-toi merde ! Je te laisse deux minutes pour te lever ! Et garde bien ta sale bête en laisse si tu ne veux pas la voir disparaître ! »
C'était ainsi tous les matins, fuyant dès que le renard teigneux s'approchait de trop. Se bouger ? Elise ne connaissait pas. Elle avançait simplement pour vivre, pour ne pas se transformer en légume. Clac clac clac font le bruit quotidien de ses petites chaussures. Plic plac ploc font le bruit de ses larmes sur le sol de sa chambre.
Cela devait cesser, sans aucun doute. Elle sera une poupée vivante, possédée par elle-même et capable de décider de ses faits et gestes. Personne ne la prit au sérieux au début, cette gosse d'un mètre trente pour à peine trente-deux kilogrammes, blanche et malade comme un Polarthume.
Ah si seulement ils avaient su ce qu'elle allait devenir, ils s'en seraient sûrement mordu les doigts. Une femme est capable de tout et encore plus lorsqu'elle se trouve être aussi intelligente et logique. Encaisser et autant s’imprégner des règles et des méthodes de cet endroit, c'est comme en être un des piliers fondateurs et elle le fit vite comprendre aux personnes cherchant à la prendre de trop haut.
La peste de douze ans devint rapidement une belle adolescente de dix-sept ans, plus ouverte et sociable d'avant elle n'en restait pas moins absente et silencieuse. Un miroir ne reflétant rien, impossible à déchiffrer. Certains criés au génie et d'autres à la folie. Des jaloux refusant d'accepter que cet être pourtant si inexistant quelques années auparavant puisse s'élever au grade de sergent un an plus tard.
Et c'était ce qui lui fallait pour se sentir pousser des ailes. Elle allait enfin pouvoir sortir, admirer pour la première fois la « lumière du ciel » comme elle disait si bien, sentir le vent sur sa peau et respirer un air plus frais que ce qu'elle avait toujours eu.
Mais contre toute attente, ce n'était pas de la joie qu'elle ressentie mais une profonde terreur qu'elle ne pourra encore jamais expliquer. Se serrant entre son Lucario et son Zoroack fraîchement évolués, ses faibles yeux brûlés par l'aveuglante luminosité et sa peau mordue par le sable lui piquant la bouche.
Peut-être que maman et papa avaient simplement chercher à la protéger de ces choses ? De cette Terre immonde ? Sûrement même. « Ce monde est dangereux, pas vrai ? », c'est une des seules fois qu'elle s'est mise à rire à une de ses phrases, relevant les yeux vers cet autre sergent plus âgé qu'elle. « Sincèrement, j'en ai limite mal aux tripes … ». Il n'avait sûrement pas compris ce qu'elle voulait dire par là, cette gamine de six ans sa cadette, devenue belle demoiselle au caractère de plus en plus trempé. Avait-il déteint sur elle ? Allez savoir, lui-même ne sait pas vraiment.
« Hike up that skirt ; GET NAUGHTY »
Pyrite fut leur première destination, ils avaient pour mission de distribuer quelques pokémons obscurs à des connaissances pouvant leur permettre d'élargir leur réseau et surtout de se propager dans la région petit à petit. Vous savez, Lizzy ne s'était jamais vraiment rendu compte de l'importance du groupe ombre et cette terreur se transforma rapidement en adoration malsaine.
Être les rois du monde ? C'était aussi amusant que divertissant alors pourquoi pas essayer ? Sentir les regards se baisser, les plus faibles vous suppliez de les épargner : enfin les gens allaient remarquer qu'elle existe. ENFIN !
Arthur, car c'est ainsi que se nommait ce sergent, l'invita à passer la nuit dans l'hôtel de la ville avant de descendre le lendemain à Surebe et même si l'endroit était dominé en majeur partie par leur groupe, il ne voulait pas brusquer la rose qui se faisait petit à petit mais malgré tout difficilement à l'air de la surface et à son atmosphère.
Elle le voyait comme un frère, lui comme une proie, une femelle qui, avec ses relations et son talent pourrait l'aider à se hisser haut, plus haut que le roi, plus haut que les dieux. Promettez lui milles et unes merveilles, froissez là un minimum et faites en ce que vous en désirez à votre tour, ne serait-ce que pour une nuit.
C'est ainsi que leur relation changea, de fraternelle à sexuelle, modelant Lizzy comme il le souhaitait, l'hypnotisant, la transformant. Il n'aurait pu espérer mieux de cette gamine de dix-huit ans, toute fraîche, toute pure et innocente. Elle en est tombée amoureuse, de ses propos, de ses promesses, de son corps.
Enfermez une enfant jour et nuit, abandonnez là, confiez là à une seule personne qui s'occupera d'elle des années avant de lui faire changer sa vision des choses. Retournez lui le cerveau et rendez là dingue de vous, c'est exactement ce qui c'est passé depuis le début. Bout de chiffon, papier blanc écrit, gommé puis corrigé. Page sans raison, sans intentions si ce n'est celle d'une vengeance personnelle, se punir de n'avoir rien fait auparavant pour s'en sortir.
Ils se rendirent le lendemain à Surebe en empruntant cet ascenseur qui fut quelques années après scellé. Ignorant les clochards, les pauvres gamins et les illettrés peuplant cette ville minière qui serait plus tard dominée par cette Vénus, cette « sorcière » comme le disait Lizzy qui, visiblement, n'aura jamais pu s'encadrer cette présentatrice télé. Moche et sans goûts.
Retourner dans un laboratoire lui fit un bien immense, respirant « normalement » et se sentant de nouveau chez elle, saluant les scientifiques et retrouvant ses parents après six ans de séparation, les ignorant dans le plus grand des calmes, repoussant l'embrassade de sa mère et dévisageant son père. « Excusez-moi, je ne vous connais pas ... » c'est la seule chose qu'elle leur a dite en suivant Arthur, toujours accompagnée par ses deux pokémons.
Ce fut un choc pour sa mère qui éclata en sanglots, elle qui au fond espérait retrouver son bébé encore terrorisée et dépendante d'affection. Elle la voulait encore pour elle et cet Arthur leur avait volé leur trésor, l'enfonçant un peu plus dans cette obscurité.
Et si je vous disais que toute cette histoire était en partie fausse ? Et si je vous affirmais sans aucune hésitation que la création avait dépassé ses créateurs ? Qu'elle n'avait fait que construire sa petite utopie, pièce par pièce, en déstabilisant les personnes pouvant l’empêcher de mettre ses plans à exécution ?
Oui Elizabeth avait été utilisée par ses parents, oui ils étaient des dieux pour elle et jusqu'à ses douze ans, elle n'a jamais pu dévoiler ses émotions, bridée et brisée. C'est à cette époque qu'elle a commencé à penser par elle-même, son père manipulateur et possessif ayant déteint sur elle sans s'en rendre compte. C'est avant tout pour Riolu et Zorua qu'elle s'est promise de monter haut, pour leur éviter de perdre la tête comme elle l'avait fait en se retrouvant seule.
Arthur avait dix-huit ans lorsqu'il du s'en occuper la première fois et venait d'être promut sergent depuis à peines quelques jours. Sergent, c'était le grade au-dessus et se le mettre dans la poche signifiait avoir une relation supplémentaire. Lui obéir, être douce et gentille avec lui malgré tout, c'était essentiel. Et après avoir obtenu assez de confiance, le charmer en le laissant malgré tout faire le premier pas pour le rendre coupable. Tomber indirectement amoureuse et ensuite faire croire à ses parents, en particulier à sa mère, que cet homme l'a forcé à s'éloigner d'eux pour qu'elle puisse se venger de lui.
Astucieusement malsain, n'est-ce-pas ? Arthur se vit destitué de son grade de sergent trois mois après leur passage à Surebe. Angélique, cette chère mère légèrement paranoïaque était bien au-dessus du simple sergent et un simple caprice avait suffit à le descendre.
Un pion de moins. Arthur ne comprit pas, se retrouvant à son tour sous le bureau de cette enfant se jouant maintenant de lui. « Bouge-toi merde ! Je te laisse deux minutes pour finir ton rapport ! Et garde bien tes distances si tu ne veux pas disparaître ! »
Elle était le bourreau, il était la victime et plus jamais il n'eut l'occasion de l'approcher. Il était l'insecte, elle était le talon aiguille l'écrasant. Cette divinité dont il restait éperdument amoureux. « On s'était promis, qu'après tout ça on partirait d'ici pour se marier et avoir une vie de famille, non ? »
Lui rire au nez en le laissant crouler sous les dossiers, quelle douce jouissance.
« Strike a match ; I'll BURN you to the GROUND »
L'ascension d'une poupée, la déchéance d'un jouet, l'avancée d'une créature. Personne ne s'en serait douté et ils sont tous tombés de haut devant cette malade personne, aussi fine d'une branche, aussi fragile que de la porcelaine et pourtant aussi vicelarde que le pire des tortionnaires.
Elizabeth avait changé du tout pour tout et resta sergent pendant sept ans, gagnant petit à petit, tout doucement en puissance. Se faire les faveurs des supérieurs, se servir des plus faibles, jouer encore un peu avec Arthur, s'en servir comme défouloir et se voir punir pour ces actes.
Elle était tombée enceinte, une seule nuit de folie durant laquelle ses sentiments s'étaient de nouveau éveillés après avoir été enfouies au plus profond d'elle. Une nuit à boire un peu trop, à retourner voir cet homme et se voir pousser des ailes.
Oui, elle s'est retrouvée conne et il chercha à reprendre le dessus sur elle. Quelle mauvaise idée, quelle putain de triste idée. Elise était devenue instable mentalement, cet enfant, cette monstruosité était venue ralentir ses idéologiques alors qu'elle n'avait que vingt-et-un ans. Elle allait faire quoi avec ce truc dans neuf mois ? Comment allait-elle faire pour s'en sortir ?
C'était idiot, c'était stupide. C'était sans espoir. C'est Arthur qui a tout prit, l'accusant comme responsable de cet accident sans entendre un seul mot de sa part. Il allait prendre cher, manger et regretter de l'avoir mise dans cet état. C'était de sa faute à lui, SA saloperie de faute. Il allait lui payer.
Arthur ? Qui était-ce ? À quoi ressemblait-il ? Elle ne s'en souvient pas. Elle ne veut pas s'en souvenir et personne n'osa prononcer son nom après ce tragique événement. Il était venu la voir un soir d'été, sixième mois de grossesse, étudiant difficilement sur ses travaux en fumant une éternelle cigarette. Il a voulu l'aider, lui faire réaliser son comportement et la faire revenir à la raison. Il était venu lui tenir tête, haussant le ton quand elle fit de même, la retenant simplement lorsqu'elle commença à y mettre les mains, l'insultant, le frappant et le menaçant.
Il se défendit simplement, la giflant violemment pour qu'elle reprenne ses esprits mais difficile pour une personne ayant descendu plusieurs verres d'alcool de tenir debout. Tombant au sol, elle s'était mise à paniquer. C'était lui ou elle, il n'allait pas pouvoir la laisser en vie après ça. Il devait se venger, elle le sentait et elle supplia ses deux pokémons du regard, les appelant à l'aide.
Si elle s'en veut ? Non. C'était le destin, elle devait se protéger, survivre et le dissimuler. Ce corps inerte à quelques mètres d'elle, tué d'un coup de griffes bien placé par ce renard noir à la crinière de flammes. Ils étaient ses dieux, ses sauveurs et ses protecteurs. Éclatant en sanglots pour éviter son stress, elle s'accrocha à eux, incapable d’articuler la moindre parole malgré ses cris.
La mort était une chose affreuse, horrible et inesthétique. Personne ne devait savoir, PERSONNE. Elle devait le cacher, s'en débarrasser et faire comme si de rien n'était. Arthur n'a jamais existé, il n'a JAMAIS été vivant. Non, il n'a jamais été le père de cet enfant, il ne s'est jamais occupé d'elle. Cet homme n'est qu'une invention de ses collègues scientifiques.
Le plus fou ? C'est que maintenant, elle en doute elle-même. Cet homme a t-il vraiment été là ? A-t-il fait toutes ces choses dites précédemment ou on-t-elles étaient inventées ? Elle en ris mais au fond c'est un passage de sa vie qui la hante chaque jour. Si Lucario avait la parole, peut-être aurait-il pu lui raconter ? Lui qui a toujours été là, près d'elle ? Peut-être même que Zoroark s'en veut encore, de lui avoir ôter la vie sous un un coup de folie ? Après tout, ce n'était pas un mauvais bougre, il voulait juste le bonheur de leur dresseuse.
Et ce fut le déclic d'une ascension mouvementée. Comme lorsqu'elle rencontra Daniel par exemple, ce tout nouveau sbire qui venait d'être muté au laboratoire ombre, jeune étudiant de Phénacit et véritable génie. Le genre de binoclard qui fait souvent fuir les jolies demoiselles mais Lizzy se retrouva fascinée par son attitude. Son savoir faire, sa galanterie, sa manière de l'honorer : il était parfait. Et pour couronner le tout, c'est lui qui proposa au sergent bonbon de s'occuper de la petite chose qui venait de naître. « Vous savez Hamilton, j'ai du élever mes deux petites sœurs, je sais ce que c'est de s'occuper d'enfants. Pas que vous ne sachiez pas faire, mais vous devez sûrement être occupée. »
Il était parfait je vous dis. Au point qu'elle en tomba amoureuse. Vous savez, ce genre d'amour à la con. Pour une jeune femme de vingt-huit ans comme elle, c'était étrange. Rien à voir avec ce qu'elle avait ressenti pour Arthur, cette fois c'était plus … réel ? Bénéfique ? Elle ne sait pas vraiment comment la décrire, cette relation qu'elle entretint avec lui était tout nouveau pour elle, la remplissant de joie, lui permettant finalement de sourire sincèrement et elle finit même par apprécier ce bout de chou nommée « Mary ». Cette enfant venant de ses propres tripes et lui ressemblant énormément.
Non, jamais elle ne subira ce qu'elle a déjà vécu. Jamais elle ne sera utilisée et jamais elle ne sera forcée de rentrer dans cette organisation si mauvaise. Mauvaise mais essentielle pour la vie d'Elizabeth.
« I can take the world back from the HEART-ATTACK »
L'année qui suivit, elle devint Lieutenant, dirigeant le laboratoire avec quelques collègues d'une main de fer. Douce Lizzy, folle Lizzy, pitoyable Lizzy. Elle n'avait finalement pas changé, restant indirectement le pantin de ses parents égoïstes, atteignant le but et obtenant la vie qu'ils avaient décidés pour elle et lorsqu'ils lui affirmèrent ça lors d'un passage rapide au laboratoire, elle entra dans une colère noire, les menaçant de les faire disparaître comme ce soi-disant Arthur s'ils venaient à rester ici quelques heures de plus. Plus jamais ils ne cherchèrent à prendre contact avec leur fille. Violente Lizzy, paranoïaque Lizzy.
Elle qui était devenue une mère gâteuse, le genre de personne qui vous colle à la peau. Apeurée à l'idée que son trésor se fasse mal ou qu'elle se retrouve face à la réalité qu'elle a dû subir sans avoir son mot à dire. C'est sûrement pour ça que Lucario et Zoroark furent chargé de baby-sitting avec Mimiroppu, cette Lockpin que Lizzy avait pris à un sbire jugé incompétent pour un tel pokémon. Attachante et maternelle, c'est le pokemon aura qui en fit les frais en premier, toujours aux petits soins pour lui, toujours là pour le protéger et le chouchouter. C'est d'ailleurs pour cette douceur qu'elle l'a laissé avec Daniel et Mary lorsqu'elle partit plus tard.
Mais nous avons oublié un point important de cette histoire. Le groupe ombre s'était effectivement hissé très haut, dirigeant la région pendant plusieurs années avant d'être stoppé par des fauteurs de troubles mettant à mal leurs activités. C'était à l'époque où Arthur existait encore d’ailleurs, forçant Lizzy a travailler dur pour remettre le laboratoire ombre en route les années qui suivirent et c'est aussi sûrement pour son activité -juste avant que sa grossesse ne la rende malade- qu'elle fut promue lieutenant. Ce fut un passage difficile mais moins que cette catastrophe qui toucha sa maison sans prévenir. Cette violente explosion six ans après la venue au monde de Mary, détruisant une partie certes peu conséquente de l'édifice mais détruisant tout de même des données importantes.
Ce fut un coup dur, il fallait bien l'avouer. Rendre des comptes aux supérieurs, analyser les dégâts et surtout expliquer comment deux intrus avaient réussi à s'infiltrer dans ce lieu qui devrait être protégé comme une véritable forteresse, enfin … elle s'était bien moquée du chef lorsqu'il lui avait demandé ça … Balancez les gardes qui picolent, jouent aux cartes et rattrapent leur sommeil perdu au lieu d'être efficaces et vous comprendrez sûrement pourquoi cet endroit est un réel bout de gruyère. Moqueuse et aussi arrogante que respectueuse. Vous faire remarquer quelque chose en restant adorable ? Lizzy a toujours su le faire et se faire passer pour une véritable princesse pourrie gâtée. Les belles poupées ont besoin des plus belles robes après tout.
Heureusement, il ne manquait que deux pokémons obscurs à l'appel et ils furent vite dissimulés sous une multitude d'autres sans poser de réels soucis bien que reconstruire le laboratoire ne fut pas une mince affaire pour la Lieutenant qui venait tout juste de recevoir une mutation finalement retardée. C'est vrai que s'était pas assez chiant de devoir gérer tout ça durant un laps de temps relativement court.
Et bien évidemment, elle dut laisser ça aux sergents et personnes jugées capables de prendre en charge le laboratoire ombre pour partir de Rhode et voyager vers Alera, une toute petite île au large d'Hoenn. D'après le Big Boss, Lizzy faisait partie de ces personnes en qui il avait une confiance aveugle et dont la loyauté lui valait ce type de travail : celui de poser un pas sur d'autres régions et voir si celles-ci ne peuvent pas être aussi dirigées et utilisées.
Laissant Daniel et Mary à Rhode en promettant de revenir rapidement, Lizzy prit le premier bateau de Port Amarrée, voyage difficile et qui se passa avec de gros inconvénients : le mal de mer, cette vaste étendue d'eau pendant des heures, des heures et encore des heures entières -si ce n'est pas même un jour même- durant lesquelles la moindre parcelle de terre n'était pas visible.
Oui, devenir folle a failli devenir réalité, hurlant et rampant par terre tel un Chenipan et embrassant cette terre tant désirée lors de son arrivée. Ah, heureusement que ses deux acolytes l'avaient accompagnée pour la garder saine d'esprits, eux qui n'avaient connus aucune pokeball et restant à ses côtés en permanence. Il valait mieux de toute façon, pour la protéger. Vulnérable Lizzy. Faible Lizzy.
Tout avait déjà été prévu, aménageant dans un pittoresque appartement éloigné de toute l'agitation dans lequel étudier et gérer ses recherches ne serait pas un souci. Dans lequel foutre son bordel et s'y perdre sera le meilleur des remèdes. Il fallait faire vite, les plaines désertiques lui manquaient déjà et se faire à l'agitation de la ville allait demander un grand temps d'adaptation …
Plic plac ploc fait le bruit de la pluie sur les pavés de pierre … Plic plac ploc ...